C’est une figure du gaullisme qui a disparu aujourd’hui. Charles Pasqua s’est éteint à l’hôpital Foch de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, son fief, dont il a été député puis sénateur pendant de longues années. Homme de caractère, à la faconde méridionale, l’accent provençal et jovial, à l’œil malicieux, Charles Pasqua était aussi un homme de conviction, résistant pendant la guerre, alors qu’il n’avait que 15 ans, puis cofondateur du SAC, le Service d’action civique, une association controversée.
Charles Pasqua a d’ailleurs souvent suscité la controverse. Ses adversaires politiques qui lui reprochaient ses positions très fermes sur la sécurité, l’immigration, ses méthodes aussi. Notamment lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, une fonction qui a marqué sa carrière politique et a contribué à façonner son image auprès des Français. Il a été à ce poste à deux reprises, sous deux cohabitations, volontiers habillé par les dessinateurs de presse d’un costume rayé de mafieux.
Charles Pasqua était souverainiste. C’est ce qui l’a conduit comme en 1992 à militer contre le traité de Maastricht et à créer en 1999 le RPF, le rassemblement pour la France. C’est l’époque de la rupture avec Jacques Chirac dont il avait pourtant été le compagnon de route, l’un des artisans de son ascension, et qu’il a trahi au profit de Balladur en 1995. Un homme incontournable, un homme de réseau, les réseaux africains, les réseaux affairiste. Et puis un homme qui a aussi été rattrapé par les affaires, avec deux condamnations fermes après une ribambelle de procès.
Charles Pasqua avait fait sa dernière apparition publique il y a un mois lors du congrès fondateur du parti Les Républicains, aux côtés de Nicolas Sarkozy.
Hommages à droite
Figure de la droite pendant plusieurs décennies, il s’était illustré par ses positions souverainistes partagées par Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front national, qui se souvient de lui. « C’était un patriote, un combattant national, un eurosceptique. Nous avions des points de rapprochement, et puis des points de discorde. Je me souviens de mon camarde de la Ve République et j’entretenais avec lui des rapports courtois, qui n’étaient pas des rapports de collaboration mais tout de mêle de respect. Charles Pasqua a été un adversaire politique mais un adversaire du même camp général auquel j’appartenais moi-même. Par conséquent nous avions l’occasion de nous rencontrer de temps en temps, pas très souvent, et de collaborer aux mêmes axes. »
De son côté, l’ancien maire de Paris, Jean Tibéri, dont il était proche, salue la mémoire d’un homme franc et direct. « C’était un ami personnel et un ami politique. Il était à l’origine des mouvements gaullistes, notamment avec Jaques Chirac. Je crois qu’on peut dire que c’était un des derniers grands gaullistes. Il était jeune résistant, excellent ministre de l’Intérieur, il avait le souci de l’intérêt général et il disait franchement les choses, il n’avait pas un double discours. Je crois qu’il a apporté beaucoup par sa franchise, sa détermination, son courage. Tout jeune, sur le plan personnel de la résistance mais aussi sur le plan politique et il prenait ses responsabilités. Parfois, il y a eu des échecs mais, en définitif, il restait fidèle à ses idées. »
Claude Guéant, qui a lui aussi été ministre de l’Intérieur, met pour sa part l’accent sur le rapport particulier de Charles Pasqua avec l’Afrique. « Il a eu des intuitions fulgurantes. Il était très pénétré de la nécessité de développer les pays d’Afrique qui étaient si pauvres et il mettait cette exigence en relation avec la politique d’immigration dont il avait la charge. Je me souviens qu’en tant que président de Conseil général des Hauts-de-Seine, il a été l’un des premiers hommes politiques français a lancé des opérations de coopération décentralisée. C’est-à-dire que des collectivités locales prenaient en charge la construction d’écoles, d’hôpitaux dans des pays en voie de développement. »
Source : RFI