A BORD DU CHARLES DE GAULLE — “Branle-bas, branle-bas!” Il est 07H30 sur le porte-avions français Charles de Gaulle, au large des côtes libyennes. Le haut-parleur réveille une partie des 2.000 personnes qui vivent sur cette “ville flottante”, en activité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Sur le pont d’envol, l’activité s’est intensifiée dès le lever du soleil, vers 05H15: les “boums” (surnom donné aux techniciens chargés d’armer les avions) préparent la première pontée (groupement d’avions) qui doit s’envoler dans la matinée.
A leurs côtés, les “chiens jaunes” (reconnaissables à leur chasuble or) dirigent les opérations pour positionner les appareils avant le départ, dans un ballet bien orchestré que surveille le capitaine de frégate P. (pour des raisons de sécurité, l’anonymat est requis), qui du haut de la passerelle navigation contrôle tous les mouvements aériens.
De la passerelle aux machines, la vie à bord du porte-avions nucléaire est rythmée par les décollages et appontages des chasseurs, avions-radars et hélicoptères, qui depuis mardi, survolent chaque jour la Libye dans le cadre de la résolution 1973 de l’ONU.
Dans les hangars situés sous le pont d’envol, les techniciens ont travaillé une partie de la nuit pour contrôler et réparer les avions, tandis que les techniciens carburants faisaient le plein.
Dans la passerelle de navigation, l’officier chef de quart D. coordonne les mouvements du navire, par exemple pour se mettre face au vent et permettre aux avions de décoller.
Et pour assurer la sécurité, la vingtaine d’officiers du “PC OP” (PC Opérations) surveillent jour et nuit sur des écrans radars les mouvements de bateaux et d’avions autour du navire, prêts à armer les systèmes d’autodéfense en cas d’attaque ennemie.
Mais le bâtiment compte aussi à son bord du personnel dont l’activité est moins militaire mais tout aussi essentielle: à la buanderie, si on entend la valse des avions, la préoccupation est ailleurs, avec en moyenne “une centaine de lessives” par jour, soit “5 tonnes de linge”, explique le second maître B.
Plus haut, le “poste propreté” entre en action: des membres d’équipage frottent et balaient les coursives, qui portent des noms de places et de rue de Paris (rue Cognacq-Jay, place du Tertre…) depuis que la capitale est marraine du navire.
Les trois boulangers du bord ont déjà préparé plusieurs fournées: 450 kg de farine sont nécessaires quotidiennement pour fabriquer le pain frais dont rafole l’équipage. Le dimanche, ils proposent des viennoiseries, une manière de ne pas perdre la notion du temps, dans un porte-avions où les week-ends sont des jours comme les autres.
Les cuisiniers et maîtres d’hôtels (qui servent les repas dans les carrés des officiers) se préparent au service. Au menu de midi, identique pour tous, vol-au-vent, riz et blanquette de poisson.
“Chacun sait qu’il est important dans son travail”, souligne le capitaine de frégate T., qui joue le rôle de directeur des ressources humaines à bord.
Il souligne “l’esprit d’équipage” et “le certain enthousiasme” qui règne pour cette nouvelle mission. Alors que le bâtiment rentrait de quatre mois de mission dans l’océan indien, et n’était à quai à Toulon que depuis un mois, l’appareillage du CDG a pû être réalisé en 48 heures, avec un “très faible absentéisme”.
Et pour améliorer la “cohésion”, les activités socio-culturelles ne sont pas oubliées: dans l’espace détente, on peut surfer sur l’internet, jouer au babyfoot ou regarder la télévision. Des paris ont même lancés pour le match de foot France-Croatie mardi prochain.
Source AFP par e Cécile AZZARO