Le co-avionnage attaqué, la start-up wingly répond…
Nous vous avions présenté la société WINGLY il y a quelque temps. Nous suivons de près le développement de cette idée du transport collaboratif qui semble prometteur pour bien des aéroclubs et pilotes privés. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle de l’actualité avec les taxis cette année et le co-voiturage !
Le contexte :
Depuis son lancement le 9 juillet dernier, la start-up de co-avionnage wingly, qui met en relation des pilotes de l’aviation légère avec des passagers, a connu une croissance très dynamique, comptant désormais 2500 utilisateurs, dont un tiers de pilotes, et devenant ainsi la première plate-forme de co-avionnage en France. Malgré une belle exposition médiatique (reportages sur France 2, France 3 ; articles dans Le Figaro, Les Echos, Le Point, etc.) et un engouement certain du public, wingly est confronté à une levée de boucliers de certains lobbies de l’aviation, notamment l’Union Syndicale du Personnel Naviguant Technique (USPNT). Dans une lettre adressée à Ségolène Royal, la Ministre de l’Environnement et des Transports, l’USPNT accuse ainsi les plate-formes de co-avionnage de «pratiques illégales». Face à ces contestations, la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a publié le 15 septembre un communiqué de presse intitulé «Les risques de la pratique du co-avionnage» dans lequel elle «recommande la plus grande prudence aux pilotes et aux entrepreneurs».
Nous souhaitons, dans ce communiqué, clarifier un certains nombres de points qui ont pu être mal-interprétés.
Le cadre légal :
Le co-avionnage est entièrement légal. En effet, le règlement de la commission européenne intitulé «AIR-OPS», dispose que «les exploitations suivantes d’avions et hélicoptères motorisés peuvent effectuer des vols à frais partagés effectués par des particuliers, à condition que le coût direct soit réparti entre tous les occupants de l’appareil, y compris le pilote, et que le nombre de personnes supportant le coût direct ne dépasse pas six.» wingly respecte intégralement ces conditions et n’enfreint en aucun cas la réglementation européenne en vigueur. D’autres start-ups de co-avionnage, en Allemagne notamment, s’appuient – avec succès – sur ce règlement pour justifier leur activité.
Le co-avionnage – un loisir non lucratif et non une activité commerciale :
«Il n’est pas question d’UberPop ici comme le mentionnait l’USPNT puisque les pilotes ne peuvent effectuer aucun bénéfice et paient leur place à bord. wingly se rapproche donc plus dans son fonctionnement de Blablacar» indique Emeric de Waziers, un des trois co-fondateurs. wingly n’entre ainsi pas dans la catégorie de «transporteur public» puisque les pilotes ne réalisent pas de profits. De surcroît, les vols proposés proviennent uniquement des pilotes qui sont seuls à décider de leur itinéraire sur des vols qu’ils avaient prévu d’effectuer, passager ou non. Enfin, wingly ne prélève aucune commission sur les vols effectués et est donc entièrement gratuit.
La sécurité, notre priorité :
«Nous prenons très au sérieux les risques potentiels liés à la pratique du co-avionnage. wingly est bien conscient que, si le covoiturage est communément accepté, le co-avionnage, bien qu’identique dans son fonctionnement, impose les particularités de l’aéronautique» note Bertrand Joab-Cornu, co-fondateur de wingly. C’est pourquoi nous souhaitons travailler plus étroitement avec les assureurs, les pilotes et les aéro-clubs, ainsi que l’administration publique, afin de préciser le cadre juridique et assuranciel.
Nous reconnaissons la légitimité de certaines des réserves émises par l’USPNT et la DGAC et nous sommes disposés à faire tout notre possible pour améliorer, autant que faire se peut, nos critères de sécurité. wingly souhaite rejoindre le groupe de travail que va former la DGAC avec la FFA afin d’apporter les éclaircissements nécessaires à la pratique du co-avionnage. Cela dit, nous appelons chacune des parties prenantes à la responsabilité en ne faisant pas courir des rumeurs infondées ou des inquiétudes injustifiées. Il serait en effet dommage que les instances réglementaires cèdent aux pressions de lobbies de la vieille industrie voulant éviter l’émergence de solutions d’avenir de l’économie collaborative.
La France est aujourd’hui leader du co-avionnage et son avènement dans le monde est inéluctable. Il serait regrettable de laisser cette réussite probable à d’autres pays et ne pas encourager la France dans son élan entrepreneurial actuel.