Louis MUSSINGTON : A quand un véritable service de l’Education Nationale à Saint-Martin ?
Après le vote de la loi organique en février 2007, un décret du Premier Ministre relatif à l’organisation de l’administration des services de l’éducation a été publié, pour tenir compte des particularismes de Saint Martin dans le domaine de l’enseignement.
Compte tenu de l’existence de ce décret, un arrêté conjoint du Ministre chargé de l’Education Nationale et de la Ministre Chargée de l’Outre-Mer, a nommé à Saint-Martin un représentant du Recteur en remplacement de Monsieur Jespère.
S’il y a lieu de reconnaitre que l’Education Nationale a bien pris conscience de l’urgente nécessité de mettre en place une nouvelle organisation administrative qui prend en compte la problématique spécifique aux particularismes de l’île de Saint-Martin, force est de constater qu’aucune action concrète ni spécifique n’a été mise en œuvre jusqu’à ce jour. En dehors de la nomination d’un représentant du Recteur sur l’île, aucune autre disposition particulière n’a été envisagée pour Saint-Martin afin de faciliter la réussite éducative du plus grand nombre de nos élèves.
Au-delà des discours des uns et des autres, nous sommes obligés de nous poser la question suivante : Existe-t-il aujourd’hui une volonté réelle de prendre en compte nos particularismes afin de dégager des réponses appropriées ?
Aujourd’hui, le nouveau représentant est en poste. Là encore, une question essentielle s’impose : Quelle mission a-t-on confiée à ce nouveau représentant, sachant qu’il est urgent de mettre en application les articles LO 6314-9 et LO 6314-10 de notre Loi Organique, qui se rapportent au bilinguisme ?
A titre d’information et dans un souci de sensibiliser ceux qui ont la charge de la décision, il convient de souligner que le bilinguisme éducatif précoce développe les capacités intellectuelles et cognitives en formant les enfants à un double système de pensée.
L’enseignement bilingue est un moyen de transmettre la langue et la culture régionale : l’enfant acquiert la maitrise de la seconde langue sans pour autant affaiblir la première. Cet enseignement les prépare aussi à l’apprentissage ultérieur d’autres langues.
Eu égard à cette définition sur l’enseignement bilingue, il est permis de s’interroger sur les moyens spécifiques qui ont été attribués à Saint-Martin afin de combattre le fort taux d’échec scolaire et de préparer la mise en œuvre du dispositif législatif cité dans les lignes précédentes. L’arrivée du représentant va- t-elle faciliter la mise en place d’une organisation particulière et appropriée, et en phase avec les réalités territoriales ? Sommes-nous autorisés à penser que l’une des missions du représentant consistera à envisager la création d’un pôle d’excellence en langues et le développement de la formation post-bac à Saint-Martin, conformément au discours prononcé par le Président de la République, de passage à Saint-Martin le 08/05/2015.
Dans une démarche comparative, il importe de souligner que la Collectivité de Saint-Pierre et Miquelon, qui est une petite Collectivité, dispose d’une organisation de l’administration des services de l’éducation qui lui est propre et qui répond à ses préoccupations particulières.
La loi organique de Saint Martin dans son article LO 6351-12, précise clairement que le Conseil Territorial de Saint Martin peut adresser au Premier Ministre par l’intermédiaire du représentant de l’Etat, des propositions relatives au fonctionnement des services publics de l’Etat à Saint Martin.
De ce fait, la question fondamentale qui est en droit d’être posée demeure : A quand un véritable service de l’Education Nationale à Saint-Martin ?
Nous espérons recevoir une réponse claire et précise des autorités académiques et aussi de ceux qui ont la charge de la décision politique.
Louis MUSSINGTON