6ème Run de David Redor dans la vallée de la Mort : La course était incroyable ! ” Plein les yeux !”
“Plein les yeux!”
Le réveil sonne à 6h00 et il fait mal car je suis bien fatigué en raison de ma longue journée d’hier : j’ai pris deux avions, fais 7 h de vol, prix 3h de décalage horaire en moins et fais 200 kms pour arriver à l’hôtel dans la vallée de la mort près du départ à 1h30 du matin! La nuit a donc été très courte. Je prends mon Immunâge, un jus d’orange et un bagel assez rapidement car je me suis levé au plus tard et il est déjà l’heure de partir.
40 miles et 40 minutes de route à faire pour rejoindre le départ du marathon. Il fait déjà jour et le soleil commence à se lever sur Death Valley, un spectacle magique! Les montagnes immenses deviennent rouges et le désert commence à prendre ses couleurs, il faut le voir. La route est d’abord une longue ligne droite interminable puis une succession de virages pour passer le col. Après cela, un panneau indique 13 miles de descente pour arriver de l’autre côté là où nous allons courir. Les paysages sont grandioses, dans les films c’est déjà beau mais quand on les a devant soi c’est à couper le souffle (pas trop quand même car il va m’en falloir) et comme dirait Jean-Claude DUSS “Vache on s’sent tout ptit!”.
J’arrive à Furnace Creek Ranch, l’endroit où tout se passe, c’est une oasis en plein désert avec des bungalows à louer, des restaurants-bars, des commerces et une superbe palmeraie.
Je vais retirer mon dossard dans le restaurant puis reviens à ma voiture pour me préparer. Comme il faisait très froid ce matin j’avais prévu la même tenue qu’à Memphis et Miami (3 couches en haut et 2 en bas) mais le soleil commence légèrement à chauffer et je pense qu’avec une seule couche en haut et en bas cela suffira (l’expérience prouvera que j’avais raison une fois de plus, les réglages seront parfaits). Je laisse du coup tomber les gants et le cache oreille. La journée s’annonce belle. Je m’avance vers l’aire de départ et cherche le gear check pour déposer mon sac, un monsieur de l’organisation qui s’occupe de la tente de récupération des marathoniens me dit de la laisser là posé par terre. Je suis surpris et lui demande s’il en est sur car j’ai toute ma vie aux usa dans le sac. Il me confirme qu’il fait ça tous les ans qu’il n’y aura pas de problème et me garantit qu’il surveille tout ça. Je lui fais donc confiance (et effectivement il n’y aura pas de problème à l’arrivée) et m’approche de la ligne de départ. Nous sommes une petite centaine sur le marathon et je me dis donc que cela ne vas pas être facile surtout avec la fatigue que je ressens mais l’excitation de courir un marathon dans cet endroit magique prend vite le dessus.
Le directeur de course est un vrai showman et nous donne les instructions de course avec humour. Il demande quelles sont les nationalités représentées et j’entends en face de moi “France!”. Je m’approche d’un petit groupe composées de françaises, d’un italien et d’américaines. Ils sont très sympas et discutons un moment avant le départ. Ils habitent Portland et courent le 10 kms. Ils sont intrigués par les inscriptions sur ma tenue de course donc je leur explique mon défi, il trouvent ça génial et me demandent mon site pour pouvoir me suivre. Nous continuons de discuter mais le départ du marathon est donné et je n’ai rien entendu, heureusement qu’ils sont là pour me le dire. Je leur dit au revoir et rattrape le peloton. Cela démarre par une bonne descente et le rythme est au delà des 11kms/h, on enchaîne avec une montée et cela pendant trois kilomètres. J’ai mon appareil photo dans une main et une petite bouteille d’eau dans l’autre car ils avaient annoncé des ravitaillements tous les 5 miles mais au final il y en aura tous les 4-5 kms. La bouteille ne me servira pas à l’aller mais sera très utile au retour avec la chaleur.
La vue est incroyable, un océan de désert et de montagnes à perte de vue. Si vous avez besoin de faire un travail et de réfléchir sur vous même c’est le bon moment et le bon endroit! Seul face à la nature avec pour uniques bruits votre souffle et vos pas sur le bitume.
Pour l’instant ça va, je me sens bien donc je reste sur ce bon petit rythme. Les félicitations et les encouragements fusent et cela jusqu’à l’arrivée, super ambiance conviviale malgré le peu de concurrents. Je discute avec un hollandais qui se propose de me prendre en photo, sympa! Un peu plus loin un américain m’interpelle et nous discutons cinq minutes, c’est son quatrième marathon. Dans la conversation il me dit qu’au marathon de SanFrancisco il a préféré courir sans chaussures au moment de traverser le Golden Gate et c’est ce qu’il fera ici quelques kilomètres plus loin. Il veut lui aussi me suivre sur mon site. Il part devant, je le rattraperai plus tard.
Les cinq premiers kilomètres sont avalés en 25mn et les 10kms en 58 minutes. Quelques semi marathoniens me doubleront avant les 10 kms où ils font demi tour. Trois coureurs me doublent après le 10ème km, je trouve que leur cadence est bonne donc je me colle dans leur foulée. Ils s’arrêteront plus longtemps que moi au ravitaillement du 13ème et je repartirai devant. Et là, comme tout va bien, un déclic se produit et je décide de relancer dès maintenant, je boucle les 15 kms en 1h27, des ailes me poussent et j’arrive aux 20kms en 1h56mn, le semi est avalé en 2h03, je suis en 49ème position (je suis sur les bases de mon record personnel), il va falloir calmer le jeu car c’est un peu rapide pour ce que je veux faire cette année! Mais rien n’y fait la “Machine” est lancée comme m’appelle mon ami Vincent, le mental est verrouillé sur la position ne lâche rien, la concentration est au top et j’arrive au 25ème km en 2h27mn, je continue dans la lancée et les 30kms sont atteints en 3h03mn.
A partir de ce moment, ça commence à serrer au niveau des jambes et je fais le maximum mais le rythme diminue inexorablement. Je me suis bien fait plaisir sur les 20 derniers kilomètres et si on m’avait dit ça au réveil je ne l’aurais pas cru. Nous jouons au chat et à la souris avec quelques coureurs, nous nous doublons à tour de rôle sur plusieurs kilomètres. Au 33ème les français passent en voiture dans l’autre sens et m’encouragent, ils repasseront au 38ème, s’arrêteront me prendre en photo au 40ème et l’on se retrouvera sur la ligne d’arrivée pour la photo finale. Trop sympas! Je continue à profiter du panorama qui s’offre à moi et il faudra attendre le 38ème kilomètre pour me voir marcher une côte bien raide et ce sera la seule. Je regarde ma montre, je sais depuis un moment que je passerai largement sous les 5h mais je décide de finir en beauté et de passer sous les 4h50mn. Je relance donc sur les deux derniers kilomètres de montée sur un ryhtme de 9,5km/h jusqu’à la ligne d’arrivée que je franchi en 4h 48mn 46s et où mes nouveaux supporters me font un accueil en fanfare! Merci à eux encore une fois. Un coureur américain présent sur la ligne d’arrivée avec qui je discute pour lui parler de récupération et de mon antioxydant magique me dit qu’il habite Las Vegas et qu’il viendra me voir dans 2 semaines au marathon de Red Rock Canyon et je trouve ça super adorable.
Et voilà pour une surprise c’est une surprise, je n’aurai pas parié un rond sur moi ce matin, comme quoi c’est incroyable ce que le cerveau et le mental sont capables de faire. Le mental a dit on y va je le sens bien et le cerveau a transmis l’ordre au corps. Le mental peut vraiment tout changer dans tous les domaines : le sport, la souffrance, les blessures, la maladie et bien d’autres encore. Je sais ce que je dis je suis bien placé pour en parler.
Pour vous résumer, cette course et cette journée en général étaient tout simplement magiques : des décors hallucinants, des conditions de courses parfaites, des belles rencontres dans une ambiance conviviale et en plus le plaisir de finir sous les 5h avec la manière, que demander de plus? Si vous pouvez le faire celui-là, allez y sans hésiter vous n’en reviendrai pas (dans le bon sens du terme). Cette course fait désormais partie de mon Top 5 et sera un des grands moment de mon périple sportif.
Merci à l’organisation qui était au top : la route n’était pas fermée mais la course était signalée aux automobilistes (peu nombreux) qui étaient guidés en convoi sur la file opposée par les voitures de l’organisation donc c’était très bien géré. Bravo à eux.
Voilà, j’espère vous avoir donné envie d’aller faire un petit tour dans la vallée de la mort et je vous donne rendez-vous dimanche prochain en Arizona dans la banlieue de Phoenix pour un marathon un peu plus classique je pense.
David