La Légion d’honneur au prince d’Arabie saoudite passe mal
Le ministre des Affaires étrangères a eu bien du mal à justifier l’attribution de cette décoration, lundi matin, sur France Inter.
Fallait-il remettre la Légion d’honneur au prince héritier et ministre de l’Intérieur d’Arabie saoudite Mohammed ben Nayef ? Interrogé ce matin, 7 mars, sur France Inter par Patrick Cohen, le ministre des Affaires étrangères a connu un moment de solitude d’une fraction de seconde en bafouillant que « c’est une tradition démo… euh… diplomatique… hein, c’est une tradition diplomatique. Et je pourrais vous en citer plein, de légions d’honneur qui ont été données ou de décorations qui ont été reçues par la France ».
« J’ai vu les réactions, on peut les comprendre », avait préalablement réagi l’ancien chef du gouvernement. Révélée par l’Agence de presse saoudienne, la remise, en grande pompe, de la Légion d’honneur par François Hollande au ministre saoudien a fait couler beaucoup d’encre depuis vendredi.
La classe politique crie au scandale
Cette décoration a suscité de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, alors que depuis le début de l’année, le régime saoudien a procédé à 70 exécutions, la dernière ayant eu lieu ce dimanche avec la décapitation d’un Saoudien condamné à mort pour meurtre.
En 2015, 153 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels, un niveau inégalé depuis 20 ans dans ce royaume ultra-conservateur régi par une interprétation rigoriste de la loi islamique. Les autorités invoquent la dissuasion pour justifier la peine de mort dans des affaires de terrorisme, de meurtre, viol, vol à main armée et trafic de drogue.