Ce qui d’ailleurs n’est en rien des prouesses ou des performances exceptionnelles mais, des démarches qui relèvent bien de la responsabilité et des prérogatives premières des parlementaires au sein de la République française.
Plus que jamais, et ce n’est un secret pour personne, Saint-Martin traverse une période difficile et incertaine sans précédent. Et c’est pour cela justement qu’il serait intéressant et surtout utile de préparer et de présenter des dossiers bien ficelés qui seront susceptibles de retenir l’attention de tel(le) ou tel(le) ministre, membre du gouvernement.
Pourquoi alors s’acharner à défendre un dossier sur lequel le gouvernement a déjà donné une réponse défavorable et justifiée, si ce n’est par preuve de manque de clairvoyance ?
A toutes celles et à tous ceux qui le veulent bien, je rappelle que le président de la République, lors de son passage à Saint-Martin le 08 Mai 2015, s’est prononcé (entre autres choses), en faveur de la création d’un centre socio-éducatif, d’un pôle de développement linguistique, d’une école hôtelière d’excellence etc.
A mon sens, il aurait été beaucoup plus raisonnable voire rationnel (de la part de nos deux parlementaires ainsi que de la part des actuels dirigeants et membres de notre Conseil territorial), de poursuivre des discussions relatives aux différents points sur lesquels le Président de la République s’est engagé, à accompagner techniquement et financièrement la collectivité de Saint-Martin.
En tant qu’homme de conviction et d’engagement pour mon pays, je pense que privilégier le dialogue de cet ordre-là, dans ce sens-là, et exclusivement dans l’intérêt de notre territoire, aurait été en conformité avec non seulement les engagements du Chef de l’Etat mais avec des besoins très urgents et réels de la COM de Saint-Martin, de sa population et notre jeunesse en manque de moyens et d’outils de formations, en manque constant de qualification et de possibilités d’insertion.
Sans nul doute, une école hôtelière répondra aux attentes de certains restaurateurs qui ont des difficultés à embaucher des jeunes issues d’une institution de formation de la République Française en l’occurrence le Lycée des Iles du Nord, chargé de la formation des jeunes de l’île, dans le domaine de la restauration.
Un centre socio-éducatif sur Saint-Martin pourra de toute évidence contribuer à la réinsertion d’un pourcentage assez significatif de jeunes en marge de la société et qui malheureusement croupissent dans les prisons en Guadeloupe.
Comme beaucoup, nous sommes très préoccupés voire attristés par l’ampleur de la délinquance sur le territoire.De ce fait, nous n’avons eu de cesse d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de prendre en compte de manière urgente et significative la jeunesse st-martinoise.
Nous affirmons qu’à l’heure actuelle, construire un centre pénitentiaire ne peut être une priorité que pour notre Député qui visiblement a fait le choix pour une « jeunesse sélective» pour Saint-Martin. Nous estimons que vouloir à tout-prix construire prioritairement une prison revient à vouloir traiter les symptômes d’une maladie et non à attaquer les causes fondamentales de cette pathologie. Dans cette ordre d’idée, il est raisonnable de penser qu’il y a eu une erreur d’évaluation de la situation ? La problématique de l’insécurité sur le territoire ne peut être traitée uniquement au travers de la répression et de l’incarcération des jeunes. Certes, il faut mettre hors d’état de nuire ceux qui portent atteinte à nos libertés fondamentales, à notre sécurité, à nos valeurs républicaines, …. Cependant, nous disons que le territoire a besoin en urgence d’une véritable politique publique éducative, où l’accent sera mis en premier lieu, sur une réforme de l’enseignement à Saint-Martin conformément aux dispositions de l’Article LO 6314 9-10 de la Loi Organique et en deuxième lieu, sur le développement de la formation post-bac. Un pôle universitaire répondrait parfaitement aux attentes de certains jeunes qui ne sont pas préparés pour partir vers l’Hexagone. D’’autant plus, ce pôle facilitera la tâche des parents qui n’ont pas forcément les moyens de payer les études de leurs enfants. Pour conforter nos propos, il pourrait être intéressant de revenir sur les propos Monsieur Alain Juppé (le Maire de Bordeaux), en campagne à St Martin pour les primaires de la droite et du Centre, qui a insisté sur la nécessité de mettre la question de l’éduction au cœur des priorités. Et, d’ailleurs il conviendrait de rappeler que tous les maires de France s’accordent à dire que pour faire reculer les actes d’incivilités, de la délinquance juvénile et de violence dans les villes, il faut impérativement faire baisser le taux d’échec scolaire. Plus que jamais, cette règle doit s’appliquer à St Martin.On ne peut se permettre de la changer sur ce territoire. Le très célèbre poète et écrivain Victor HUGO, a écrit : « Ouvrez une école, vous fermerez une prison ».Nous insistons sur la nécessité de former nos jeunes afin qu’ils soient aptes à entrer sur le marché de l’emploi. L’employabilité de nos jeunes est un élément capital pour le développement économique et social du territoire.
En conclusion, il y a lieu de s’interroger sur la prise de position de notre actuel Député qui se fait le chantre du projet de construction d’une prison. Que recherche-t-il au juste ? Qu’en sait-il ? Qu’a-t-il fait en faveur des prisonniers de Saint-Martin (des jeunes en particulier) et en faveur de leur famille ? L’article 719 de la Loi N° 2015-433 du 17 Avril 2015 précise que les parlementaires sont autorisés à visiter à tout moment les établissements pénitentiaires. A-t-il eu un seul instant l’envie de s’y rendre, (même par pure hypocrisie électorale) ?
Pourtant, une telle visite aux « oubliés de notre territoire » pourrait montrer un réel intérêt pour la population carcérale originaire de Saint-Martin et aussi aider à mieux comprendre sa détresse.
LOUIS MUSSINGTON