Challenge David REDOR USA : Dewey Beach = un marathon en caleçon et en chaussures de ville ! Merci American Airlines !

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Challenge David REDOR USA : Dewey Beach = un marathon en caleçon et en chaussures de ville ! Merci American Airlines !
Par Autre 26 Avr 2016 00:38

Aventure incroyable pour David cette semaine avec la perte de sa valise. Nous avons communiqué via skype quelques heures après le marathon, David était en grande forme, enfin, bien mieux que ce l’on craignait lorsque nous avons eu vent de la mésaventure de la perte de la valise par email à … 3h30 du matin, soit quelques heures à peine avant son 18ème run.

Ce type est clairement “Crazy”, son surnom n’est pas anodin, c’est une évidence pour ceux qui en doutaient encore. Le mental et le professionnalisme sont aussi des éléments majeurs pour sortir d’une telle mésaventure, c’est aussi évident de ce coté là.. Bref, un grand bravo à notre sportif David qui n’a pas fini de nous faire vibrer cette année avec son pari fou d’effectuer 52 marathons en 52 semaines dans 50 états des états unis d’Amérique.
Florent

Son récit :

Il est 5h et aujourd’hui je n’ai pas eu besoin de réveil car depuis hier je cours après ma valise qu’American Airlines a égarée dans leur système.

Ils l’ont finalement récupérée hier à 15h30 à l’aéroport de Baltimore et devait m’être livrée en suivant mais cela n’a jamais été fait et malgré mes appels incessants jusqu’à 2h30 du matin je ne l’ai toujours pas. Un scandale ! Je suis donc dans un état d’énervement maximum mélangé avec beaucoup de fatigue due à ma semaine mouvementée et les 4 petites heures que j’ai dormies tout à l’heure. Ma course s’annonce compliquée car je n’ai que deux choix pas plus réjouissants l’un que l’autre : soit je cours pieds nus soit je cours avec les chaussures de ville au risque de me massacrer les pieds avec ampoules, talures et arrachements de peau.

Je vais écarter la première possibilité car le maximum que j’ai couru pieds nus est 10kms et au-delà je ne sais pas ce que cela pourrait donner donc je ne prendrai pas le risque d’endommager mes pieds pour la suite des événements. Je choisis donc de courir avec mes chaussettes et chaussures de ville en essayant de gérer au mieux les frottements quitte à les retirer et finir pieds nus sur la fin de la course. Pour le reste de la tenue, je cours en caleçon et pour le haut je porterai le t-shirt du marathon car c’est tout ce que j’ai à me mettre. Je m’improvise en Mc Giver du marathon en transformant la lotion pour le corps de ma chambre d’hôtel en crème anti frottements pour les pieds! Je prends mon petit déjeuner, sans mon Immunâge qui est resté dans ma valise, et descends voir si par le plus grand des hasards ma valise à été livrée dans les trois dernières heures mais c’est peine perdue !
Je me rends à ma voiture de location et me dirige vers l’aire de départ située à quelques kilomètres de là. Il fait un froid de canard et un vent du nord glacial souffle. En chemin je m’arrête faire une photo sur la plage car le lever de soleil sur l’Océan est magnifique. Je me gare à 2kms du départ et commence à marcher. Il y a des navettes pour aller au départ alors j’en profite car c’est toujours un peu de temps au chaud de gagner.

Arrivée sur l’aire départ, le vent souffle fort et nous l’aurons dans le dos au départ. Je prends place dans mon sas. Je sens que les coureurs me regarde d’un air que je qualifierais d’étonné. Ils doivent se dire, lui il sort de boîte de nuit et il a perdu son pantalon, il ne lui reste que ses chaussettes et ses chaussures de ville ! J’ai une dégaine je ne vous dis que ça ! Oui mais chaussettes Hugo Boss et chaussures Serge Blanco la classe (ahah!). Mais cela aurait pu être pire si j’avais porté un slip plutôt qu’un caleçon ! Je préfère en rire (même si je ris jaune car cela va être très compliqué) et me dis qu’au Kenya les coureurs n’ont pas de quoi se payer une paire de chaussures alors je n’ai qu’à me taire et avancer !

Je réfléchis sur ma stratégie de course qui va donc être inédite aujourd’hui. Ayant un rebond et un amorti proche de zéro, il faut que je reste le moins longtemps possible sur le béton car sinon toute la mécanique va morfler. Il faudra donc partir vite, faire de grande enjambées en mettant au maximum le poids sur l’avant des pieds pour éviter une énorme résonance dans les talons. De plus, comme il fait froid et que je suis à moitié couvert il ne faut pas que je traîne sous peine d’attraper froid. Facile à dire mais maintenant il va falloir le faire ! L’hymne national est diffusé puis le départ est donné à 7h. Nous partons donc vent dans le dos mais cela ne va pas durer car nous faisons demi-tour et nous l’avons maintenant de face (ce sera comme cela jusqu’au 16ème km car nous longeons la côte en la remontant vers le nord).
Je verrouille le mental sur la position « je défonce tout sinon je vais y passer la journée » et en avant. Je pars assez vite, une grande avenue en ligne droite puis nous entrons dans des quartiers résidentiels très jolis, bien verts et biens fleuris. 4Ème km nous arrivons sur le boardwalk qui est en bois et ce n’est pas super facile de courir dessus.

Je passe au 5ème km en 28mn. Nous quittons le boardwalk pour entrer dans les pins derrière la plage, le vent est toujours là, de face où de trois quarts. Une marathonienne m’interpelle et me demande ce que je fabrique avec mes chaussures, je lui raconte mon histoire et elle reste estomaquée. Nous attaquons un passage sur sol naturel et cela tombe à point pour moi. Il faut que j’évite malgré tout chaque caillou car mes chaussures ont 15 ans d’age et la semelle hyper fine et à chaque fois que je marche sur un j’ai l’impression qu’il traverse la semelle.

Mon rythme est bon et je passe au 10ème km en 55mn. Nous continuons notre route dans les pins ce qui est très agréable, j’arrive au 15ème km en 1h23mn.

Au 16ème km nous faisons demi-tour puis nous rentrons un peu plus dans les terres. Le vent va maintenant nous aider un peu. Je ne ressens toujours aucune douleur nulle part et mon rythme est très bon alors je continue ainsi et j’arrive au 20ème km en 1h53mn et le semi-marathon est avalé en 1h59mn. Je suis sur des bases de 3h58mn au marathon ce qui est un peu fou. Une montée un peu longue et un pont font baisser un peu le rythme mais je réussi à relancer tout de suite derrière donc tout va bien.

Je passe au 25ème en 2h28mn. Nous traversons des quartiers très résidentiels où les maisons sont énormes et impeccablement entretenues.

A partir du 26ème km cela serre un peu au niveau des jambes et j’ai un petit peu mal dans le bas du dos à cause de l’absence d’amorti mais toujours pas d’alerte au niveau des pieds ni des articulations. J’arrive donc sans bobos au 30ème en 2h59mn ce qui est plus qu’inespéré vu les conditions archaïques dans lesquelles je cours et je sais maintenant que le boulot est fait et qu’avec le mental que j’ai aujourd’hui le résultat ne devrait pas être mal du tout. Une très longue ligne droite à découvert suivi d’une autre dans les bois et j’arrive au 35ème en 3h38mn.
Nous revenons vers le bord de mer et attaquons le boardwalk dans l’autre sens, toujours aussi délicat à courir d’autant plus que le public se promène sur la trajectoire de course malgré les panneaux de signalisations mais ils s’en foutent royalement et nous devons slalomer. Nous revenons dans les beaux quartiers du début de course et nous dirigeons vers l’arrivée.

Au 38ème km un coureur m’interpelle concernant mes chaussures, il me dit « ce sont des chaussures pour sortir ça ! » je lui raconte ma mésaventure à lui aussi et il s’exclame d’un grand « Oh SH…T » et me dit « c’est terrible ce que tu fais mec ! »

Le 40ème km est atteint en 4h20mn, dernière ligne droite sur le boulevard qui longe la côte et un dernier virage à droite pour franchir la ligne en 4h39mn57s (temps réel pour la distance 4h37mn26s). Un temps impensable ce matin et mon deuxième meilleur chrono depuis le début de l’année, comme quoi certains cauchemars peuvent se transformer en rêves si on exploite bien l’adversité.

Encore une fois, j’insisterai sur le fait que l’on imagine pas ce que le mental peut nous faire faire car malgré mon équipement inapproprié, mon état de fatigue plus qu’avancé et l’énervement prononcé dans lequel je me trouvais au départ, en alliant la détermination et la rage j’ai réussi à réaliser une course incroyable. Bilan blessures : aucune ampoule ni talure, juste une petite partie de peau arrachée au dessus du gros orteil gauche mais qui devrait être soignée d’ici dimanche, mais surtout aucun mal ni aux muscles ni aux articulations. Une gestion parfaite.

Je n’ai donc pas vu passer cette course car j’étais vraiment concentré sur la manière de me sortir de toutes ces embûches et je suis assez content de moi aujourd’hui.
Je pense qu’aujourd’hui j’ai bien mérité mes deux surnoms de « Crazy Dave » et « Machine ».

Cette course est très agréable, roulante avec une petite ambiance mais le parcours est dans son ensemble très sympa. Deux bémols cependant le prix encore une fois est exagéré car l’on emprunte quasiment que des zones piétonnes, et ensuite la gestion de la traversée du boardwalk où les gens déambulaient parmi les coureurs. Ici aussi je voudrais remercier tous les policiers et state troopers qui nous ont largement encouragé et ont parfaitement assuré notre sécurité, ils étaient vraiment tip top.

Je me pose sur un banc sur la plage et profite de ce moment de satisfaction du boulot bien fait en buvant mes trois bières auxquelles j’ai droit. Elles sont meilleures que les autres celles-la !

A l’arrivée beaucoup de personnes viennent me voir et me demande à quoi je joue avec mes chaussures et après explications tous sont sans voix et veulent faire une photo avec moi. Le photographe officiel du marathon viendra lui aussi prendre une photo et pour finir on m’offrira le champagne ! Trop sympa. Je passerai un bon moment à discuter avec tous ces gens en écoutant de la bonne musique sur la plage et en buvant quelques coupes. Je repartirai bien joyeux mais après tout je l’ai bien mérité !

Un petit clin d’œil à mon ami Lionel le patron du groupe Serge Blanco à qui j’envoie un coucou depuis le Delaware et qui peut être fier de son pote et de son modèle de chaussures Nogaro qu’il peut remettre en production car ce sont des chaussures ultra solides et qui, 15 ans après leur achat, servent encore et de surplus pour un usage auquel elles n’étaient pas destinées. Avec la photo de la médaille ça fera une super pub !

Je retourne à l’hôtel pour récupérer ma valise qui j’espère aura été livrée (j’avais indiqué par message de la laisser au lobby desk car je ne serai peut-être pas présent au moment de la livraison). Trop optimiste ! Ma valise n’est toujours pas arrivée et je dois donc appeler de nouveau ces incapables. On m’annonce que la valise a été livrée à 13h. Je leur dis que c’est impossible car il y avait quelqu’un au lobby et que je suis sur place. Je dois partir et leur laisse l’adresse de mon nouvel hôtel à Baltimore. Elle sera livrée à 23h40 ! Une honte et je ne vais pas en rester là avec eux.

Leçon du jour : ne faites jamais confiance aux compagnies aériennes et pour les coureurs, gardez toujours une tenue de course dans votre bagage à mains ! Je sentais en plus que cela allait m’arriver tôt ou tard et manque de bol c’était le seul jour ou je n’avais pas mes chaussures de marathons au pied ! Comme on dit il faut être pris pour être appris !

Je voudrais ici présenter mes plus plates excuses à tous mes sponsors car je n’ai pas pu porter vos couleurs sur cette course excepté pour mes lunettes LOUBSOL que j’ai toujours sur le nez. Cela n’était pas de mon fait mais quand même.
J’aurai donc bien négocié ma semaine de trois courses et je vais maintenant pouvoir me reposer avant d’attaquer dimanche une nouvelle semaine de trois marathons.
Rendez-vous dimanche à Cincinnati dans l’Ohio, Bonne semaine à tous.

Crazy Dave

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