EUROPE: L’euro en route vers 1,45 dollar
Source : La Tribune.fr
Au lendemain de la décision de la banque centrale européenne de relever ses taux, la monnaie unique a franchi ce matin le cap de 1,44 dollar. Elle progresse également face au yen.
Si l’euro avait marqué un temps d’arrêt à l’approche du verdict du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) hier, il est reparti à la hausse plus violemment encore ce matin. La monnaie unique s’est en effet hissée jusqu’à 1,4420 dollar – un niveau qui n’avait pas été observé depuis janvier 2010 – et progressait également face au yen, jusqu’à tutoyer les 123 yens.
Derrière cette dynamique haussière, qui ne sera pas pour plaire aux exportateurs européens mais aura au moins l’avantage d’alléger la facture pétrolière, se cache le thème classique du différentiel de taux. La Banque centrale européenne a repris l’initiative hier, première parmi les pays du G7. Son conseil a en effet annoncé le relèvement d’un quart de point de l’ensemble de ses taux, à commencer par le taux de refinancement. Coincé à 1% depuis le mois de mai 2009, celui-ci est désormais fixé à 1,25% Et le mouvement ne devrait pas s’arrêter là, même si Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a souligné il y a un mois qu’il ne s’agirait pas du premier geste d’une série.
Certes, le banquier central n’a pas exprimé à nouveau hier sa “forte vigilance” vis-à-vis de l’inflation, vocable permettant aux marchés d’intégrer l’idée d’une hausse des taux dès la réunion suivante. Autrement dit, la BCE ne devrait pas procéder à nouveau tour de vis au mois de mai. Mais il entend surveiller les éventuels effets de second tour, c’est-à-dire la propagation à l’ensemble de l’économie de la hausse des prix à la consommation et notamment aux salaires. Et de souligner que la politique monétaire en zone euro reste “très accommodante”.
De quoi alimenter donc les anticipations de nouvelles hausses des taux. Pour certains, la prochaine pourrait intervenir dès le mois de juin. Les marchés ont dans l’idée que le taux de refinancement pointera à 1,75% en fin d’année et à 2,5% fin 2012. A peine de quoi ramener au niveau zéro les taux d’intérêt réels.
Dans le même temps, la Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon ne cillent pas. Si certains des membres de la Fed évoquent la possibilité d’interrompre les mesures d’assouplissement quantitatif, le conseil (le FOMC) souligne toujours dans ses communiqués que “les conditions économiques devraient vraisemblablement justifier des niveaux de taux exceptionnellement bas pour une période prolongée”.
Alors qu’elle se réunissait hier, la Banque d’Angleterre, pourtant confrontée à une inflation désormais à 4,4%, a opté pour le statu quo, donnant encore la priorité à la croissance économique. Mais elle n’a jamais été aussi proche de sortir des taux voisins de zéro.
En attendant, tant que ces dernières n’auront pas à leur tour décidé de reprendre l’initiative vers une normalisation de la politique monétaire, la tendance pourrait bien rester haussière quelques temps encore pour l’euro.
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