Saint-Martin : Plaisance rime avec clearance et redevance…
Un plaisancier, d’origine Canadienne, a poussé un coup de gueule, justifié ou pas, en portant des accusations et en dénonçant les problèmes rencontrés lors de ses démarches de clearance et d’immigration à la gare maritime de Marigot.
Il y a un mois, l’association Métimer (Métiers de la Mer), présidée par Bülent Gülay, a reçu un e-mail d’un plaisancier Canadien, Russel Bertrand, dans lequel il manifestait son mécontentement et accusait l’agent en charge de faire la clearance et l’immigration, de détournement d’argent et de faire payer à la tête du client.
Le président de Métimer a transmis le courrier à Albéric Ellis, directeur de l’Établissement portuaire de Galisbay, en charge de la gestion des plans d’eau de Marigot, de Grand-Case, de Cul-de-Sac et de la partie française du lagon de Simpson Bay.
Albéric Ellis s’explique sur cette lettre, qui n’était pas destinée à être diffusée, et réfute les accusations. Il précise que « la douane française a la responsabilité de la clearance, mais depuis quelques années, elle a décidé de passer des conventions avec des professionnels liés aux métiers de la mer comme l’Établissement portuaire de Galisbay, les marinas Port la Royale et Fort Louis, ainsi qu’à des sociétés privées, comme les shipchandlers Island Water World et l’Île Marine ».
Une tarification très claire
Le plaisancier dénonce le montant excessif demandé au propriétaire d’un bateau de 45 pieds qui a dû payer « 124 € pour avoir passé 7 nuits à Saint-Martin », ou ce capitaine d’un méga yacht qui se trouvait dans la marina Fort Louis et qui n’a pu faire sa sortie depuis son mouillage car Internet ne fonctionnait pas. A la gare maritime, il aurait été obligé de refaire son entrée et payer sa sortie, « des frais totalisant 246 €. Si Internet avait fonctionné à la marina, il lui en aurait coûté 7,50 € ».
Le Conseil d’administration du port a pris la décision, il y a quelques années, de faire payer une redevance de mouillage, « il y a une tarification qui est claire », assure Albéric Ellis. Si le bateau reste moins de trois jours, il bénéficie d’un forfait, sinon le prix dépend de la durée du séjour et de la longueur du bateau, « qui est de 25 centimes d’euro le mètre linéaire par jour (…) Cette tarification n’est pas faite en fonction de la tête du client ».
Suspicion de détournement d’argent
Le directeur du port tient à préciser, « quand un bateau vient faire ses formalités de clearance et d’entrée, une fois que la redevance de mouillage est payée, le régisseur adjoint au port remet un reçu pour le paiement encaissé. Aucun paiement n’est pris sans reçu ».
Toujours dans la même veine, Russel Bertrand, suspecte le préposé de détournement et se demande « si l’argent va au port, ou dans la poche de l’agent du port. J’ai remarqué que le reçu qui a été donné au capitaine provenait d’un carnet différent de celui qui m’a été délivré… ».
De là à dire qu’il y a une double billetterie il n’y a qu’un pas, ce qui irrite Albéric Ellis. « Il n’y a pas de double billetterie. Il n’y a qu’une seule billetterie. Je sais quel type de reçu est donné au port et s’il estime qu’il a eu un autre reçu, qu’il apporte le document. La vérification sera faite ». Et d’expliquer que « le régisseur adjoint est quelqu’un d’assermenté. La régie est régulièrement contrôlée et peut l’être à n’importe quel moment par la Trésorerie de Saint-Martin (…) Ces accusations ne sont pas fondées ».
Ne pas confondre clearance et formalité portuaire
Albéric Ellis a demandé à Russel Bertrand de lui apporter les preuves de ses accusations. « Début avril, il m’a indiqué qu’il était hors de l’île et qu’il serait de retour à Saint-Martin à la mi-avril », depuis, « j’attends toujours ce monsieur ! ».
Le directeur du port reconnaît que « nous avons du mal à faire comprendre à certains opérateurs qu’il faut, non seulement faire la clearance, mais qu’il faut la distinguer des formalités du port. Comme toute autorité portuaire et pour des raisons de sécurité, nous devons savoir qui est mouillé dans nos eaux, combien il y a de personnes à bord, la raison de la présence du bateau… », avant d’ajouter, « le fait qu’aujourd’hui il y ait d’autres opérateurs qui font la clearance ne rend pas les choses faciles… ».
Par ailleurs, le plaisancier affirme que, lors d’une visite à Island Water World, « le personnel m’a dit que « les fonctionnaires » tentent de fermer le bureau de dédouanement de IWW ». Albéric Ellis réplique en affirmant, « notre intention n’est pas du tout de chercher à fermer les autres points qui font la clearance. C’est la douane française, qui délivre les points de clearance, qui est en droit de le faire ».
Une redevance pour zéro services
La position du président de Métimer est très claire, « on soutiendra toujours la bonne marche de la Collectivité pour que tout soit respecté, d’un côté comme de l’autre. Une association, ça sert à ça… On est là pour essayer que les choses s’améliorent et qu’on puisse vivre dans des conditions harmonieuses (…) Il faut faire le nécessaire pour que les plaisanciers qui viennent à Saint-Martin se conforment à la réglementation, mais qu’ils puissent, aussi, se sentir bien ».
Seul bémol, selon Bülent Gülay, la redevance de mouillage va continuer à poser des difficultés. « Ca va être toujours la bagarre (…) La redevance, oui. Mais pour quels services ? Il n’y en a pas ». Seul un quai d’accostage pour les dinghys est prévu près du marché de Marigot, mais il n’est pas sécurisé. Un local comprenant des services comme des toilettes, des douches, des machines à laver, des poubelles, etc, n’existe pas…
Métimer travaille sur l’amélioration des conditions d’accueil des bateaux qui sont de passage, ou pour y séjourner. Sans oublier les navires qui mouillent à l’année à Saint-Martin.
Octavi de Lloà