Laurent Gbagbo refuse toujours de se rendre ce vendredi, encore terré dans sa résidence de Cocody. Alors qu’à Abidjan, l’ambassade de France a été victime de tirs de mortier et de roquettes imputés aux forces fidèles de Gbagbo par les autorités françaises. Par ailleurs au lendemain d’un discours de réconciliation de la part d’Alassane Ouattara, de nouveaux macchabées découverts par l’ONU témoignent encore des violences ethniques dans le pays.
« A 16 heures, la résidence a été visée par deux obus de mortier et par une roquette provenant des positions des forces toujours fidèles à M. Gbagbo », a assuré l’ambassade française à Abidjan. « C’est la deuxième fois en moins de quarante-huit heures que cette emprise diplomatique fait l’objet d’une attaque délibérée », poursuit-elle. Mercredi soir, la résidence de l’ambassadeur de France avait déjà été attaquée.
Le camp de Laurent Gbagbo a formellement démenti ce vendredi ces accusations. Ce qui n’a pas empêché dans le même temps, des hélicoptères de la force Licorne d’attaquer le secteur où se trouve la résidence dans laquelle Laurent Gbagbo est retranché depuis plusieurs jours.
« La France rappelle que conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l’ONU », les forces impartiales (mission onusienne ONUCI et force française Licorne) « sont en droit de mettre en œuvre leur mandat afin de prévenir l’usage d’armes lourdes par toutes les parties du conflit », a conclu l’ambassade de France vendredi.
Alassane Ouattara avait appelé jeudi soir à une réconciliation entre les Ivoiriens, tendant la main aux pro-Gbagbo et les invitant à rejoindre ses troupes. « J’invite tous mes compatriotes à s’abstenir de tout acte de vengeance. La Côte d’Ivoire est une et indivisible » avait-il déclaré sur l’antenne de la télévision ivoirienne, ajoutant qu’il voulait être le président de « tous les Ivoiriens » .
« Imposteur ». C’est ainsi que des proches de Laurent Gbagbo ont qualifié son rival, Alassane Ouattara vendredi. « Sa réconciliation, c’est du pipeau. Ouattara n’est pas fondé à lancer un appel à la réconciliation » , a déclaré Toussaint Alain, conseiller du président ivoirien sortant vendredi.
Refusant de donner sa reddition, Laurent Gbagbo continue de se barricader dans le palais présidentiel, autour duquel Alassane Ouattara a décrété jeudi soir un blocus. « Il ne démissionnera pas. Laurent Gbagbo est sur la terre de ses ancêtres, ce n’est pas aujourd’hui qu’il va abandonner son peuple pour s’en aller » a martelé son conseiller.
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a manifesté à Alassane Ouattara « l’appui de la France, l’aide de la France pour accompagner le peuple ivoirien dans la nouvelle page qui est en train de s’écrire dans ce pays », a indiqué le Quai d’Orsay. Cette mobilisation passera notamment par « une aide humanitaire d’urgence » à Abidjan. « La situation en Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan et dans l’ouest, reste grave. Les miliciens à la solde de Gbagbo poursuivent exactions, pillages, assassinats. La population vite dans des conditions très précaires », a justifié le porte-parole du ministère alors que des interrogations demeurent sur l’ampleur du massacre de Duékoué perpétré lors de l’offensive des forces pro-Ouattara. Des enquêteurs de l’ONU ont découvert plus de cent corps ces dernières 24 heures dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a annoncé, vendredi, le Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. De nouvelles sombres découvertes qui témoignent des tensions ethniques auxquelles est en proie le pays et qui interviennent une semaine après l’annonce par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de la découverte d’au moins 800 corps dans la ville de Duékoué.