Il n’empêche, la cérémonie qui s’est déroulée vendredi matin était empreinte de solennité et de gravité et suivie par un public nombreux.
La cérémonie a débuté par l’hymne saint-martinois chanté par la chorale de l’école primaire Aline Hanson de Sandy Ground. Des danses ont été exécutées par la troupe Deyon Bovel, le groupe Grain d’Or, le percussionniste Hélier Coquilla a accompagné certaines prestations, le chanteur Frantz Capre a interprété la chanson Feeling good de Nina Simone et le conseil territorial des jeunes a fait une présentation sur le devoir de mémoire.
« Nous sommes en attente du décret ministériel qui devrait entériner la date du 28 mai comme date de commémoration de l’abolition de l’esclavage à Saint-Martin et jour férié officiel », a annoncé la présidente Aline Hanson lors de son allocution.
Cette dernière a fait un bref rappel historique sur l’esclavage à Saint-Martin en faisant référence à l’historienne saint-martinoise Daniella Jeffry et au géographe Guy Lasserre. Notamment en précisant que « dix ans avant l’abolition de l’esclavage en France, les esclaves se libéraient à Saint-Martin. En 1838, l’abolition de l’esclavage des colonies britanniques poussait les esclaves de la partie française à fuir sur l’île voisine d’Anguilla. C’est la raison pour laquelle, dès 1841, des propriétaires de la partie française réclamaient, par pétition à la Chambre des députés, l’émancipation immédiate des esclaves ».
La présidente a rappelé « qu’en 1948, soit 100 ans après l’abolition française, fut signée la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Mais qu’au 21e siècle, l’esclavage est toujours présent, sous de multiples formes ».
Transmettre le devoir de mémoire aux générations futures
« Il ne faut surtout pas oublier que si l’esclavage a été aboli, il existe encore au 21e siècle des dizaines de millions de personnes qui vivent dans le désespoir et la servitude », a poursuivi le sénateur Guillaume Arnell, et que « la mémoire de ce passé s’est inscrite dans l’espace public, notamment avec l’inauguration du mémorial ACTe » en Guadeloupe.
Le sénateur insiste et affirme que « faire vivre et transmettre ce devoir de mémoire aux générations futures est indispensable et nous ne pouvons, à aucun moment, relâcher notre vigilance, ni banaliser la gravité de ce qui s’est passé ».
« Je vous invite à réfléchir à ce passé, à vous interroger, à nous interroger pour comprendre ce qui a permis que perdure, quatre siècles durant, cette atteinte à la dignité humaine. Non pas pour continuer une auto-flagellation, mais au contraire pour apaiser nos consciences, pacifier nos cœurs tout en nous invitant au pardon et à la réconciliation ». Guillaume Arnell a conclu son intervention en assurant que « l’histoire ne doit pas s’oublier car elle explique le présent et éclaire l’avenir ».
Ne pas commettre à nouveau les erreurs tragiques du passé
Tout autant de gravité dans l’intervention du chef de cabinet de la préfecture, Emmanuel Effantin, « pour l’humanité, la mémoire de l’esclavage est un devoir. Il ne faut pas oublier la souffrance et les conditions de vies inhumaines dans lesquelles ont vécu des générations entières d’êtres humains, victimes d’un commerce et d’une exploitation effroyable ».
Le chef de cabinet, sous un ciel couvet et une légère bruine, soutient que « ce devoir de mémoire est indispensable pour que nous contribuions au renforcement de la cohésion nationale, et que nos générations et les générations futures veillent à ne pas commettre à nouveau les erreurs tragiques du passé ».
Pour Emmanuel Effantin, « c’est au nom des principes fondamentaux de notre République que nous devons combattre pour le respect des droits de l’homme et refuser, sans concession, tous les actes de racisme et réaffirmer notre attachement aux valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité, qui sont le fondement même de notre démocratie et que nous devons défendre avec force ».
Photo Une : La chorale de l’école primaire Aline Hanson de Sandy Ground a interprété l’hymne de Saint-Martin.
Octavi de Lloà