En 1966, la SIDEM (Société internationale de dessalement d’eau de mer), qui est la maison-mère de l’UCDEM, construit et met en service la première installation de dessalement.
Il s’agissait d’une installation thermique de type MSF (Multi-stage flash distillation), un procédé qui consiste à porter l’eau de mer à une certaine température grâce à de la vapeur, avant de la faire passer par une série de chambres où une pression déclenche une ébullition immédiate.
Installée à la Baie de la Potence, à l’endroit où se trouvent toujours les installations de productions d’eau, l’usine produisait 500 m3/jour et était exploitée en régie communale.
L’usine a fonctionné durant 12 ans avant d’être arrêtée pour des raisons économiques.
Une installation autonome
La seconde installation de dessalement produisait 1000 m3/jour, toujours suivant le procédé MSF. Cet équipement fonctionnait à la vapeur, « on avait une chaudière-vapeur qui utilisait du gas-oil qui était fourni par camions-citernes depuis la partie hollandaise et l’on avait une petite turbine à vapeur. On démarrait la chaudière sur le réseau électrique et dès qu’on avait produit de la vapeur, on lançait la turbine à vapeur qui se mettait à produire de l’électricité », explique Gérard Canton.
A partir de là, la chaudière était déconnectée du réseau électrique et l’eau était envoyée à la turbine, « la vapeur allait sur l’appareil de dessalement et faisait de l’eau ».
L’installation qui était entièrement autonome au niveau énergétique a fonctionné jusqu’en 1986 et était toujours exploitée par la régie communale.
L’UCDEM succède à la régie communale
Ce dispositif a été remplacé par deux appareils toujours thermiques, mais à compression mécanique de vapeur, qui produisaient chacun 700 m3/jour.
Les premières lois de défiscalisation ont provoqué un développement très rapide de la partie française ce qui a obligé très rapidement la mise en place d’autres machines.
C’est à cette époque que l’UCDEM a été créé. Cette société a monté les financements, a construit toutes les installations, les a mises en service et les a exploités à la place de la régie communale.
Le contrat de concession a été signé en juillet 1985 pour une période de 25 ans. Les renouvellements de concessions se sont poursuivis en fonction des investissements qui ont été rendus nécessaires par l’explosion démographique de l’île, « on a été obligé de renforcer considérablement les moyens de productions », précise Gérard Canton.
Abandon des installations thermiques
Un autre appareil, qui produisait 450 m3/jour, a été installé en 1987. Cet équipement avait la particularité d’être alimenté en vapeur, en récupération d’énergie sur les gaz d’échappement des installations diesels d’EDF. « On n’utilisait plus d’énergie fossile et c’était assez innovant », assure le PDG de l’UCDEM, aussi la société avait reçu une subvention de l’Europe pour la mise en place de cet appareil.
Entre 1989 et 1992, trois unités plus importantes ont été mises en service. Avec une fabrication de 2500 m3/jour chacune, plus le petit appareil de 450 m3/jour, la production possible de l’usine était de 7950 m3/jour.
Compte tenu du renchérissement du prix du pétrole, la municipalité et l’UCDEM ont décidé en 2005 de changer de système de production d’eau potable. Les appareils thermiques ont été abandonnés au profit d’installations en osmose inverse, un système de purification de l’eau qui utilise un procédé de filtrage ultrafin qui ne laisse passer que les molécules d’eau.
Trois unités en osmose inverse de 3000 m3/jour chacune, avec une production possible de 9000 m3/jour, ont été installées durant la période 2005-2006.
Mise en service d’un prototype d’unité de dessalement
Petite déception pour le patron de l’UCDEM qui pensait avoir reçu pour les Journées de l’Eau un prototype d’unité de dessalement par osmose inverse.
Cette unité présente l’avantage d’être beaucoup plus compacte que ce qui se fait à l’heure actuelle « et surtout avec une connectique intelligente qui permet d’avoir un suivi membrane par membrane sur l’installation, ce qui n’est pas le cas sur les installations courantes par osmose inverse ».
Cette unité doit produire 800 m3/jour et devrait être opérationnelle en septembre ou octobre 2016, « et j’espère que ce sera un grand succès qui permettra de faire de Saint-Martin, et de l’usine de production de Saint-Martin, une vitrine technologique pour l’ensemble de la Caraïbe », a conclu le PDG de l’UCDEM.
Photo Une : L’Union Caraïbe de dessalement d’eau de mer (UCDEM), producteur d’eau potable par dessalement de la partie française de Saint-Martin, est installée à la Baie de la Potence.
Octavi de Lloà