Depuis le 16 juin dernier, le point épidémiologique de la CIRE (Cellule interrégionale d’épidémiologie) a déclenché, à Saint-Martin, le passage en phase épidémiologique dans le cadre du zika, en raison de la généralisation du nombre de cas sur le territoire.
Actuellement 200 cas biologiquement confirmés et 830 cas cliniquement évocateurs, c’est-à-dire avec suspicion de zika, sont répertoriés à Saint-Martin.
« Lorsqu’il y a passage en épidémie, on arrête de considérer le critère des cas biologiquement confirmés comme étant une référence », affirme Pascal Godefroy, représentant de l’ARS pour les îles du Nord, « on estime que passé ce cap-là, il faut traiter de façon massive le phénomène épidémique ». A partir de là ne seront suivis que les cas cliniquement évocateurs.
Pascal Godefroy assure qu’il faut accentuer les actions de lutte contre les moustiques, notamment avec les pulvérisations intra-domiciliaires, « puisqu’on a largement constaté que les pulvérisations spatiales avaient occasionné beaucoup de dégâts lors de l’épidémie de chikungunya et qu’aujourd’hui le service de lutte anti-vectorielle de l’ARS n’a pas décidé le lancement de ces opérations-là ».
Et pour cause, « on a pu constater, malheureusement, que lorsque nous avons pulvérisé massivement, nous n’avons pas eu, pour autant, un taux très important de mortalité dans la population des moustiques. On a quand même constaté qu’il y avait une mortalité évidente au sein de nombreuses populations, notamment les abeilles, grenouilles et autres mammifères ».
Et l’on conseillait, lors des pulvérisations spatiales, de garder les portes et les fenêtres ouvertes pour une meilleure efficacité du produit…
« Au regard de l’efficacité, de l’évolution du phénomène, il n’est pas considéré efficace de pratiquer actuellement des pulvérisations spatiales », précise le représentant de l’ARS.
Néanmoins, les services de lutte anti-vectorielle interviennent à domicile, font de la prévention auprès de la population, visitent les citernes d’eau et effectuent des dépôts de poissons golomines et quelques fois, quand cela est nécessaire, pratiquent une pulvérisation intra-domiciliaire.
L’efficacité des pulvérisations spatiales est limitée, par contre « la pulvérisation à intra-domiciliaire, est beaucoup plus efficace dans les actions que l’on mène auprès de la population, en concentrant notamment notre action sur les citernes. Parce qu’on sait que 20 % des gîtes larvaires résident dans les citernes. Ça reste une cible très importante ».
Pour l’instant il n’y a pas de traitement particulier pour le zika et l’information en matière de prévention reste l’unique moyen. Sur la base des données sur la situation sanitaire au Brésil, les femmes enceintes ou qui ont un projet de grossesse sont considérées comme un public prioritaire par les autorités sanitaires.
Sage-femme à la PMI (Protection maternelle infantile), Delphine Derrien fait surtout « de la prévention, de la distribution de moustiquaires pour les femmes en situation sociale difficile, de la distribution de préservatifs (…) C’est juste de l’information avec, également, un suivi rapproché de la grossesse avec trois échographies qui ont été rajoutées du fait de l’épidémie de zika à Saint-Martin ».
Des échographies qui sont pratiquées à la 18e, 28e et 36e semaines, « pour qu’il y ait un diagnostic éventuel de malformation cérébrale ». Actuellement à Saint-Martin aucun cas de microcéphalie fœtale ou néonatale n’a été signalé.
Par ailleurs, les personnes qui souhaitent se procurer des golomines pour leurs citernes doivent prendre contact avec la direction territoriale de l’ARS située à Hope Estate, 32 rue canne à sucre. Les poissons seront délivrés gratuitement.
Octavi de Lloà