Laurent Gbagbo mis aux arrêts, Alassane Ouattara va pouvoir exercer son mandat de président de la République. Mais les défis sont nombreux. En premier lieu, il doit ramener la sécurité en Côte d’Ivoire, alors que risque de s’ouvrir une période de règlements de comptes et de représailles. Il faut aussi redresser une économie au point mort. Au plan politique, sa prise de pouvoir avec le concours de l’ONU et de l’ancienne puissance coloniale française peuvent peser sur celui qui est désigné par Gbagbo comme le candidat des Occidentaux. « Le fait d’avoir eu besoin de l’armée française ne va pas le rendre spécialement sympathique », confirme Vincent Darracq, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales, spécialiste de l’Afrique. « Sa tâche ne va pas être aisée. Pour de nombreux intellectuels, c’est un peu comme si Ouattara était arrivé dans les bagages » des Occidentaux, ironise James Ngumbu, journaliste et secrétaire général de l’Association de la presse panafricaine.
Différend entre « IB » et SoroAutre enjeu, le différend interne entre le Premier ministre, Guillaume Soro, ex-chef du gouvernement de Gbagbo et Ibrahim Coulibaly, « IB », chef militaire du « commando invisible » pro-Ouattara, dont les hommes ont beaucoup combattu à Abidjan. « IB » revendique donc une légitimité importante. En outre, « Guillaume Soro, qui est chef des FRCI [Forces républicaines de Côte d’Ivoire], gagne en crédit, estime Vincent Darracq. C’est lui qui a donné la victoire à Ouattara, autant que les urnes. Il est donc un Premier ministre plus que puissant qui a une grosse légitimité. » Les questions ethniques, très présentes dans la vie politique ivoirienne, peuvent aussi être moteur de déstabilisation. Par ailleurs, à l’Ouest, selon les enquêtes et les témoignages recueillis par plusieurs ONG, les FRCI auraient tué et violé des centaines de personnes à Duékoué. Une épine dans le pied du président Ouattara.
Anthony Nataf – 20Minutes.fr