Cinq policiers tués à Dallas : le tireur voulait “tuer des Blancs”

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Cinq policiers tués à Dallas : le tireur voulait “tuer des Blancs”
Par Autre 8 Juil 2016 20:47

Un réserviste noir de l’armée américaine qui, selon ses propres termes, voulait “tuer des Blancs” a ouvert le feu jeudi soir sur des policiers de Dallas, dont cinq ont été tués, à la fin d’une manifestation organisée pour dénoncer la mort de deux Noirs tués cette semaine par la police, rapportent les autorités.

Sept agents et deux civils ont été blessés. Le suspect a quant à lui été tué par un robot télécommandé porteur d’une bombe après avoir été encerclé par les forces de l’ordre. Lors des longues négociations qui ont précédé, il a déclaré avoir agi seul et ne faire partie d’aucune organisation. La police avait parlé dans un premier temps de plusieurs tireurs.

Le tireur tué par la police, identifié par les autorités sous le nom de Micah Xavier Johnson, était réserviste de l’armée, selon une source gouvernementale américaine. L’armée a par la suite précisé que ce Micah Xavier Johnson avait servi en Afghanistan de novembre 2013 à juillet 2014.
“Nous avons eu un échange de tirs avec le suspect. Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’utiliser notre robot piégé”, a dit le chef de la police de Dallas, David Brown, à la presse. “Le suspect a dit qu’il était très affecté par les récentes fusillades policières (…) et qu’il en voulait aux Blancs. Il a affirmé qu’il voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs”, a ajouté David Brown.
Trois autres suspects ont été arrêtés et l’hypothèse selon laquelle il y aurait eu d’autres tireurs n’a pas été formellement écartée. Selon plusieurs organes de presse, qui citent des sources policières, les enquêteurs pensent toutefois que Johnson a agi seul.
Le secrétaire d’Etat à la Sécurité intérieure Jeh Johnson a dit à New York à la presse que “pour le moment, il semble qu’il y ait eu un tireur, sans liens connus avec une organisation terroriste internationale ni inspiré par elle.”
La police a fouillé la maison de Micah Johnson, dans la banlieue de Dallas, à Mesquite, et y a trouvé “du matériel servant à fabriquer des bombes, des gilets pare-balles, des fusils, des munitions ainsi qu’un journal détaillant ses tactiques de combat”. Il n’avait pas d’antécédents judiciaires, a précisé la police.
Les tirs ont éclaté peu avant 21h00 dans un quartier du centre de Dallas où se situent de nombreux restaurants, hôtels et bâtiments publics, à la fin d’une manifestation pacifique qui avait rassemblé plusieurs centaines de personnes pour dénoncer les violences policières après la mort de deux Noirs, abattus par des policiers blancs à Baton Rouge, en Louisiane, et Falcon Heights, dans le Minnesota.

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“BLACK LIVES MATTER” CONDAMNE LA FUSILLADE
La fusillade a semé la panique parmi les manifestants avant de gagner les policiers qui ont cru être les cibles de plusieurs tireurs embusqués sur des toits ou au niveau du sol.
Dans un premier temps, David Brown a déclaré que plusieurs tireurs embusqués avaient “opéré de manière concertée avec des fusils, procédant à des tirs croisés à partir de positions élevées en différents points de la zone du centre-ville où la manifestation s’est achevée”.
Il y a deux ans, la mort de Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans, à Ferguson, dans la banlieue de St Louis, avait déclenché des émeutes et marqué le début d’un vif débat aux Etats-Unis sur les violences policières à l’encontre des minorités et, au-delà, relancé la question raciale.
D’autres bavures policières, notamment à New York et Baltimore, avaient produit les mêmes scènes de colère et de protestation, conduit des organisations à dénoncer un “racisme institutionnalisé” et donné naissance à un nouveau mouvement de défense des droits civiques baptisé “Black Lives Matter” (La vie des Noirs compte).
Selon la police, le tireur présumé de Dallas était “bouleversé par Black Lives Matter”. Sur son compte Twitter, le mouvement a condamné la fusillade, déclarant “défendre la dignité, la justice et la liberté. Pas le meurtre”.
Johnson, qui habitait Mesquite, dans la banlieue de Dallas, a laissé un message samedi sur la page Facebook d’une organisation communautaire baptisée Black Panther Party Mississippi. “Pourquoi tant de Blancs (pas tous) prennent du plaisir à tuer des êtres innocents”,  a-t-il écrit. Sur sa propre page Facebook, on peut le voir le poing levé à la manière des Black Panthers.

TRUMP ET CLINTON ANNULENT LEURS MEETINGS
Barack Obama, en visite à Varsovie pour le sommet annuel de l’Otan, a condamné “un acte odieux, calculé et abject contre les forces de l’ordre.”
“Nous savons aussi que quand les gens sont munis d’armes puissantes, les actes comme celui-ci sont plus meurtriers”, a ajouté le président américain.
Selon son porte-parole Josh Earnest, les enquêteurs ont exclu l’hypothèse selon laquelle le tireur aurait eu des liens avec des organisations terroristes.

Donald Trump et Hillary Clinton, candidats à l’élection présidentielle du 8 novembre, ont annulé des meetings de campagne.
“Notre pays est devenu trop divisé. Trop d’Américains ont le sentiment d’avoir perdu espoir”, a déclaré Donald Trump, qui briguera la présidence au nom du Parti républicain, dans un tweet, plaidant pour “un leadership fort, pour l’amour et la compassion.”
Hillary Clinton a dit “porter le deuil des policiers abattus alors qu’ils effectuaient leur devoir”. “Nous devons faire plus face aux préjugés et pour respecter et protéger notre police”, a ajouté la démocrate dans un entretien accordé à CNN.
La police de Cleveland a pris des mesures de sécurité supplémentaires pour la convention républicaine qui aura lieu du 18 au 21 juillet.

La fusillade de jeudi, dont le bilan est sans précédent pour les forces de l’ordre depuis les attentats du 11 septembre 2001, porte à 26 le nombre de policiers tués aux Etats-Unis depuis le début de l’année, soit une hausse de 44% par rapport aux 18 policiers tués pendant la même période en 2015, selon le National Law Enforcement Officers Memorial Fund.

D’après un décompte du Washington Post, Philando Castile, mortellement blessé de quatre balles lors d’un banal contrôle routier mercredi soir dans le Minnesota, est quant à lui le 123e Noir américain abattu par la police en 2016.

Crédits photos illustrations : Facebook

Source : REUTERS  (Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Julie Cariat et Danielle Rouquié)

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