Un 14 juillet sous le signe du refus de la violence
Comme chaque année, la célébration de la Fête Nationale, comme toute célébration républicaine qui se respecte, a débuté par l’incontournable cérémonie religieuse en l’église catholique de Marigot. Les autorités, civiles et militaires, se sont ensuite rendu au monument aux morts pour le dépôt de gerbes.
La présidente de la Collectivité, Aline Hanson, la préfète Anne Laubies, le député Daniel Gibbs, le sénateur Guillaume Arnell ont effectué un dépôt de gerbe, précédés par le président de l’association des anciens combattants.
Le député Gibbs a déposé la gerbe, accompagné par la présidente du Conseil Territorial des Jeunes. Tandis que le sénateur était le seul élu à être ceint de son écharpe d’élu. Ce dernier a fait remarquer, en privé, ce manque d’égard à la fonction de la part des autres élus. Par ailleurs, le sénateur a observé que l’initiative du député, d’être accompagné par la présidente du Conseil Territorial des Jeunes, aurait dû venir de la présidente Hanson.
Daniel Gibbs se félicitait de sa démarche, alors que d’autres se targuent « de travailler en faveur de la jeunesse ».
Après le traditionnel défilé, dont le final a subi une brève, mais intense averse, les invités se sont dirigés vers le chapiteau où ont eu lieu les différents discours, le premier ayant été prononcé par la présidente du Conseil Territorial des Jeunes.
Solidarité, fraternité, respect ; des piliers de notre société
Lors de son intervention, la présidente Aline Hanson a fait remarquer qu’en « ces temps tourmentés, il me paraît nécessaire de rappeler que l’unité ne doit pas être un vain mot, mais un acte unanime de tous les Français ». Ajoutant « que la solidarité, la fraternité, le respect, sont des piliers de notre société. Ce sont des valeurs auxquelles nous devons rester attachés, et je regrette que certains l’oublient trop souvent… ».
La présidente a passé en revue les différents projets réalisés et à venir dans Marigot, affirmant que « tous ces projets ont un coût et la Collectivité ne peut que regretter la décision rendue par le Conseil constitutionnel concernant la compensation du transfert des compétences de 2007 (…) Le manque à gagner est énorme, 11,6 M€ par an depuis 2007 ». Un coup dur pour la Collectivité, « car cet argent aurait pu être investi dans des projets d’intérêt général ».
L’actualité récente a pris le pas et la présidente a évoqué la mort violente de la jeune touriste Wendy Montulet et de l’assassinat commis mercredi matin sur le parking du Leader Price. « Nous avons tous été touchés par ces tragiques fait-divers et nous avons tous une pensée pour les familles des victimes (…) Le combat de la sécurité doit se mener ensemble au côté de l’Etat, dans l’intérêt des habitants de ce territoire ».
Ne pas rester indifférents
Le sénateur Guillaume Arnell a également eu une pensée « pour toutes ces personnes qui ont été injustement arrachées à la vie ces dernières semaines, ces derniers jours, ces dernières heures (…) Je voudrais, publiquement, transmettre à leurs proches, à leurs familles, des mots de réconfort en les invitant à la fois, à être courageux et dignes dans leurs souffrances, à ne pas désespérer et surtout à garder confiance dans nos forces d’investigations et notre système judiciaire ».
L’élu a voulu aussi, « crier mon sentiment de révolte contre de telles atrocités, et inviter mes compatriotes à ne pas rester indifférents, mais au contraire à prendre notre pleine part pour que les responsables soient retrouvés, traduits en justice et sévèrement sanctionnés ».
A l’Elysée en septembre prochain
« Je me joins à la présidente et au sénateur afin de dénoncer ces horribles crimes », a assuré le député Daniel Gibbs, tout en précisant, « j’ai contacté directement les services du Premier ministre, ainsi que ceux du Ministre de l’Intérieur ».
Daniel Gibbs est revenu sur la décision du Conseil constitutionnel, « qui prive notre territoire des compensations de charges pourtant garanties par les dispositions de la loi organique qui le régit ». Une décision qui concerne un montant de 100 M€ « qui échappent aux caisses de notre Collectivité et dont le manque plombe le développement de notre île, hypothèque l’avenir de nos jeunes, lèse toute la population de Saint-Martin (…) J’ai obtenu de l’Elysée un entretien le 6 septembre prochain. J’espère vos présences à mes côtés, Madame la présidente, Monsieur le sénateur, pour que nous fassions front commun pour la réouverture du dossier de la compensation des charges pour Saint-Martin ».
La violence n’est pas une fatalité
« A Saint-Martin, le 14 juillet est une vraie fête, à la fois institutionnelle et populaire, comme j’en ai rarement connu en d’autres lieux », précise la préfète Anne Laubies.
« Pendant cette année qui a passé, notre pays a été confronté à des attentats (…) Du sang et des larmes ont été versés. Ces attentats ont endeuillé notre pays. Aujourd’hui encore, des menaces et des atteintes à la paix, à la démocratie, aux droits de l’homme, partout dans le monde, nous appellent à la vigilance et à la lucidité ».
La préfète est également revenu sur les faits de violence qui sont survenus au cours de l’année à Saint-Martin. « Elle a une autre forme que celle que la France a connue, mais elle est présente. Je voudrais dire toute ma compassion aux familles des victimes (…) La violence n’est pas une fatalité, il nous faut lutter contre elle en permanence. Cette lutte, je peux vous l’assurer, est au cœur de nos actes, de nos préoccupations, et pas uniquement pour une célébration de 14 juillet ».
La représentante de l’Etat a tenu à remercier le gouverneur et le Premier ministre de Sint-Maarten « pour le travail quotidien, régulier, que nous faisons avec les forces de polices de Sint-Maarten, la douane, les gardes-côtes. C’est pour nous un élément essentiel de cette coopération régionale que nous devons avoir ».
Octavi de Lloà