En revanche, les juges ont renvoyé en correctionnelle l’un des protagonistes de l’affaire, Thierry Gaubert, pour subornation de témoin, en l’occurrence son ex-épouse, toujours en marge de l’enquête sur le financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, ont précisé des sources proches du dossier et judiciaire. Dans l’affaire principale, sur des rétrocommissions sur des ventes d’armes qui auraient permis de financer la campagne, les juges d’instruction ont renvoyé en juin 2014 six personnes en procès, dont Thierry Gaubert, un ancien proche de Nicolas Sarkozy. Mais la procédure, contestée par la défense, doit être réexaminée par la chambre de l’instruction à Lyon, en novembre.
Le 20 septembre 2011, alors que Thierry Gaubert venait d’être mis en examen, l’Elysée avait indiqué dans un communiqué que “le nom du chef de l’Etat n’apparaît dans aucun des éléments du dossier” financier, ouvert en parallèle à l’enquête sur l’attentat de Karachi, qui avait fait 15 morts dont 11 ouvriers français de la DCN (Direction des constructions navales), le 8 mai 2002. De nombreuses voix avaient dénoncé une intrusion de l’exécutif dans une procédure judiciaire et l’avocat de familles de victimes de l’attentat, Me Olivier Morice, avait déposé plainte.
Nicolas Sarkozy et son ancien conseiller presse à l’Elysée, Franck Louvrier, ont été entendus comme témoins assistés et ont fait valoir qu’ils n’étaient pas à Paris le jour du communiqué, selon une source proche du dossier. Les juges se sont tournés vers l’Elysée et la Chancellerie pour trouver la trace d’une transmission de pièces du dossier Karachi, selon la même source. En vain. Dans ces conditions, le parquet avait requis un non-lieu, tout en indiquant que le communiqué “(laisse) à penser que les rédacteurs ont pu avoir accès à des informations ou des documents relatifs à l’information judiciaire en violation du secret de l’enquête”. Les juges ont suivi les réquisitions dans leur ordonnance rendue le 24 août. “Nous avons fait appel de ce non-lieu” devant la chambre de l’instruction, a réagi Me Olivier Morice, qualifiant l’ordonnance d'”indigente”.
Source : Europe 1