JAPON : Les répliques minent la vie des rescapés du séisme
ONAGAWA (Japon) – Plus d’un mois après le séisme du nord-est du Japon, les nombreuses répliques secouant l’archipel angoissent les rescapés et empêchent le retour à une vie normale.
Plus de 400 répliques de magnitude 5 et plus ont été enregistrées depuis l’énorme tremblement de terre de magnitude 9 du 11 mars qui a provoqué, avec le tsunami géant, la mort ou la disparition de plus de 28.000 personnes.
“On a beau être habitué aux répliques, à chaque fois qu’il y en a une j’ai l’impression de revivre la terreur du jour du tsunami”, raconte Kenichi Endo, réfugié dans un centre d’accueil d’Onagawa, dans la préfecture de Miyagi, la plus touchée par la catastrophe.
“J’ai peur que la vague revienne, j’ai des flashbacks”, explique cet homme de 45 ans qui se dit épuisé par de longues nuits sans sommeil.
Le 11 mars, M. Endo a perdu son père, pêcheur parti en mer ce jour-là.
“Par dessus tout, j’ai peur qu’un autre tsunami n’inonde la centrale nucléaire d’Onagawa et ne provoque des fuites radioactives, comme à Fukushima”, ajoute-t-il. “Si cela se produit, nous n’aurons nulle part où aller, nous sommes en première ligne”.
Cette centrale nucléaire, située à cinq kilomètres de l’abri où M. Endo a trouvé refuge, a été construite au bord de l’océan Pacifique, comme celle de Fukushima gravement endommagée par une vague de 14 mètres.
Le soir du 7 avril, une réplique particulièrement puissante, de magnitude 7,1, a touché la région, provoquant une brève alerte au tsunami. A Onagawa, l’électricité a été immédiatement coupée et les réfugiés ont évacué précipitamment le centre d’accueil. Ils n’ont pu y retourner qu’une heure après, frigorifiés par le froid mordant à cette heure tardive.
“J’ai cru que le plafond allait s’effondrer ! Juste au moment où je commençais à reconstruire ma vie peu à peu, il y a toutes ces répliques, c’est traumatisant”, témoigne Keiko Katsumata, 57 ans.
Ces secousses la replongent elle aussi dans l’horreur du 11 mars et dans le remord. “Ce jour-là, j’aurais dû mieux aider mes amis à s’enfuir. Si seulement je pouvais revivre ces moments, j’agirais autrement”, dit-elle.
Outre la panique qu’elle a suscitée parmi les rescapés, la puissante réplique du 7 avril a retardé les travaux de construction des maisons temporaires prévues pour les 2.055 réfugiés de la ville.
Cette secousse a en effet fragilisé davantage le sol à certains endroits, provoquant ça et là quelques glissements de terrain.
“Nous devons étudier avec soin quels terrains autoriser pour la construction”, explique Kiyoto Abe, un responsable local. Les projets d’édification de 169 maisons en préfabriqué ont dû être repoussés.
“Les répliques constituent un facteur de stress supplémentaire pour les rescapés. Dans des villes alentours, des réfugiés sont déplacés d’un centre à un autre à cause des dommages provoqués par les nouvelles secousses. C’est comme une deuxième évacuation”.
(©AFP / 15 avril 2011 11h35)