Explosions de colère au Burkina Faso
Mutinerie, mouvement étudiant, grève des magistrats : la présidence de Blaise Compaoré vacille.
Confronté depuis jeudi aux pillages et aux violences de soldats mutins qui ont provoqué la furie des commerçants de la capitale, à l’origine de la destruction d’une partie des bâtiments publics, le président du Burkina Faso a instauré un couvre-feu à Ouagadougou. Mais les incendies sont multiples.
Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1987, réélu avec plus de 80 % des voix pour un mandat de cinq ans en novembre dernier, Blaise Compaoré affronte une contestation tous azimuts. Depuis le début de l’année, les militaires, les étudiants, les magistrats, les prisonniers et les opposants politiques expriment leurs colères.
La dernière en date a explosé au sein même de l’enceinte présidentielle. Exigeant le versement d’une indemnité de logement et alimentaire qui leur avait été promise, une partie de la garde présidentielle a fait entendre les armes. Le mouvement s’est étendu à trois camps militaires. « Nous avons trouvé de l’argent pour répondre à leurs attentes, donc ça doit être la fin du problème. Mais on ne sait jamais avec ces gamins », affirmait samedi une source militaire. C’était avant qu’une nouvelle mutinerie soit annoncée dans la garnison de la ville de Pô, où, hier, selon plusieurs témoignages, des tirs de militaires étaient toujours entendus, des soldats se livrant à des pillages. La dissolution du gouvernement du premier ministre Tertius Zongo et le limogeage du chef d’état-major des armées, n’ont pas fait redescendre la tension.
Depuis les manifestations étudiantes fin février, à Koudougou, pour le « respect des franchises scolaires et universitaires », sept personnes ont été tuées. Le mouvement s’est étendu aux lycées. Les magistrats sont en grève depuis le 23 mars. Ils protestent contre la libération de cinq militaires, condamnés pour viols. Enfin, la semaine dernière des milliers de personnes ont manifesté contre la vie chère et le pouvoir de Compaoré.
D. R. – L’Humanité