Ils sont chanteurs, sculpteurs, créateurs de bijoux, designers ou peintres: 16 jeunes artistes de Saint-Martin sont arrivés jeudi soir dernier à Montréal, pour une semaine d’un véritable marathon culturel.
Un dépaysement complet: depuis son arrivée, jeudi soir dernier à Montréal, la délégation de jeunes artistes de Saint-Martin a eu un choc aussi culturel que thermique. Pas le temps cependant pour ces créateurs en herbe de prendre le temps de « digérer » ce double émoi: l’association Génération Outremer, organisatrice de cette mission financée par le groupe Jutras, leur a en effet concocté un programme montréalais relevant plus de la course de fond que de la promenade d’agrément. Oublié donc, le « magasinage » dans la rue Sainte-Catherine ou les flâneries au coeur du Vieux-Montréal: quelques heures après leur arrivée, les jeunes ont un premier rendez-vous au ministère québécois de l’immigration et des communautés culturelles. Au menu de la rencontre, une présentation de la politique d’intégration du Québec.
L’occasion pour ces stagiaires un peu particulier de découvrir l’approche de la diversité dans cette région qui mise sur une immigration planifiée et accueille chaque année quelque 50 000 nouveaux arrivants, principalement francophones, sur son territoire. Québécoise d’origine haïtienne, Sandra Duvers, conseillère à la Direction de la Gestion de la diversité et de l’intégration sociale au sein du ministère, revient longuement sur les enjeux économiques, culturels mais aussi démographiques de l’immigration au Québec. Dans cette province où la langue française fait de la résistance, l’immigration est perçue comme un enrichissement permanent, le ciment sociétal, met-t-elle notamment en exergue.
Quand l’entreprise s’invite à l’école et dans la rue:
Terre de culture, bastion de la francophonie, lieu de tous les possibles: si Montréal apparaît depuis plusieurs années comme le nouvel Eldorado français, la ville a aussi son revers de la médaille. 10 000 personnes, dont une majorité de jeunes, vivent dans la rue et le champ du social est de plus en plus délaissé par un gouvernement étranglé par le remboursement de la dette. Un constat auquel n’entendent pas se résigner nombre de Montréalais: depuis trois ans par exemple, un courtier en valeurs sociales, la Société de Développement de Ville-Marie, propose aux entreprises de la ville d’investir dans des projets sociaux. Français expatrié au Québec depuis une vingtaine d’années, ancien directeur de la CCI de Montréal, Damien Silès dirige la SDVM depuis sa création. “600 000 personnes travaillent dans le centre-ville de Montréal, qui est la ville du Canada qui concentre la plus grosse activité économique du pays. Toutes les grandes entreprises ont leur siège ici. La mission de la SDVM est de faire du maillage technique, financier, humain. Nous créons des ponts entre le monde de l’entreprise et le milieu associatif en mettant sur pied des projets pour réconcilier les jeunes avec l’école, ou réinsérer les gens en marge dans le monde du travail. Cela profite à la ville et l’entreprise y trouve son compte en valorisant ainsi son image” résume M. Silès à la délégation. C’est ainsi grâce à la Société de Développement de Ville-Marie, que l’association Fusion Jeunesse a pu voir le jour il y a trois ans. “Nous avons un vrai problème de décrochage scolaire au Québec” explique Rachid Abiza, assistant exécutif de l’association qui reçoit les jeunes artistes de Saint-Martin. “On estime à 31% le nombre de jeunes Québécois qui quittent les bancs de l’école sans diplôme. L’idée de Fusion Jeunesse est de réconcilier avec l’école ces jeunes en grande difficulté scolaire, en menant, par le biais du tutorat, des projets ludiques et fédérateurs au sein de leurs établissements”. Sport, cinéma, robotique…Ces “grands frères”, étudiants rémunérés par l’Université de Montréal et des partenaires privés, investissent collèges et lycées pendant plusieurs mois, pour mener des projets enthousiasmants avec les élèves qui décrochent. “Nous avons d’excellents résultats: on voit ces jeunes fâchés avec l’école rester jusqu’à 20 heures pour finir leur travail. Les notes s’en ressentent. De plus en plus d’écoles, dans tout le Québec mais aussi dans le grand Nord, font appel à nous”.
Approche de la diversité, découverte de l’économie sociale et solidaire, problématique du bilinguisme, enjeux scolaires: après cette première approche de Montréal sur le champ des thématiques sociales, la délégation d’artistes de Saint-Martin va découvrir la ville sous son aspect culturel, en poussant notamment les portes des coulisses des plus grands festivals.
Retrouvez les jeunes sur Facebook à la page “ Mission Jutras-Génération Outremer ”