Haiti: Pays maudit ou peuple immolé ? – COUP DE GUEULE de Frantz Acramel
Au moins 500 personnes tuées par Matthews – 175.000 sinistrés
L’EAU TUE EN HAÏTI
De l’inondation dans certaines zones sensibles et habituelles, aux toits arrachés des habitations fragiles et de fortune, en passant par les glissements de terrains progressivement déstabilisés par l’homme lui-même, le triste mais prévisible bilan du passage de Matthew en Haïti ne cesse d’augmenter. Il serait aujourd’hui de près de 500 morts et près de 175 000 personnes sinistrées… 500 nouveaux haïtiens qui périssent encore par l’eau. L’EAU ! Cette matière si rare et qui tout au long de l’année, manque atrocement et ” anormalement ” à plus des trois quarts de la population estimée aujourd’hui à plus de 10 millions. Pour rappel, 500 morts en Haïti, et 4 (malheureuses) victimes en Floride.
Et même si la France, les USA et d’autres grands pays ont très rapidement annoncé la mobilisation de grands moyens pour aider les haïtiens à nouveau en pleine ” tourmente “, en pleine détresse, nous ne pouvons ni ignorer ni oublier que c’est ce même Haïti qui subissait en 2010, ce séisme qui avait tué entre 200 000 et 500 000 haïtiens et détruit entièrement de nombreuses zones d’habitations.
Six ans plus tard, Haïti peine encore à se relever et son peuple (dans sa grande majorité), souffre encore et porte de nombreux stigmates de cette tragédie.
Pourquoi ?
C’est peut-être sans commune-mesure me direz- vous !
Mais de quoi souffre- t-on aujourd’hui encore depuis les inondations de Vaison-la-Romaine (France) en septembre 1992 qui avaient tué 47 personnes et fait 34 disparus sur quatre Communes ?
De quoi souffre-t-on encore aujourd’hui en Sardaigne (Italie) depuis les inondations et des pluies torrentielles qui ont fait en novembre 2013, 18 morts, un disparu et environ 2700 sinistrés ?
De quoi souffre- t-on encore aujourd’hui depuis le séisme de magnitude 6,2 toujours en Italie tout récemment (le 24 aout 2016), et qui a tué 298 personnes et fait 400 blessés ?
Et pourtant…
- Ce sont pourtant et en grande partie, ces mêmes grands pays avec les Etats-Unis, qui composaient La Communauté Internationale d’alors, qui ont décidé un fond de plus 500 millions de dollars, qui ont aidé, conseillé et qui ont permis la reconstruction ‘’infrastructurelle’’ d’Haïti.
- Pourquoi Haïti (qui ne l’était pas), est devenu le pays le plus pauvre des Amériques (160ème sur 175) ?
- Que nous a-t ’il donc fait le peuple haïtien pour mériter de tels mauvais traitements ?
- Pourquoi l’Ecole, l’Enseignement et le Savoir (piliers essentiels à la base de tout développement humain) relèvent-ils essentiellement de l’initiative privée à plus de 85% encore aujourd’hui ?
- Quel fut le rôle des grands pays de l’époque (dont la France et l’Espagne), dans ce processus « d’Isolement » qui a condamné Haïti dès sa naissance pourtant très riche en OR ?
- Qui et dans quel but précis a-t-on pris la triste et scélérate décision qui a consisté à sacrifié le peuple haïtien pourtant devenu souverain le 1er janvier 1804 ?
- Quel fut le rôle de la France, de l’Espagne, des USA, dans le destin tragique d’Haïti, des Haïtiens et de tous leurs descendants ?
Ce qu’il faut retenir…
Désormais, ce sont ces questions-là que chacun de nous devrait se poser et tenter d’avoir des réponses simples pour bien ou mieux comprendre les différents ” malheurs ” (y compris politiques) auxquels le peuple haïtien est confronté depuis plus de 2 siècles. A ces interrogations, que nous pourrions être très nombreux à avoir, aucun manuel d’histoire n’y répond ; et pour cause ! Autrement, çà serait un aveu de ” génocide “, de non-assistance à peuple en danger…
En attendant, peut-être devrons-nous nous contenter des déclarations, de communiqués et de messages de soutien, de tristesse, de désolation, de sympathie venant de politiciens « affairistes » (en anglais Racketter) envers le peuple haïtien qui a obtenu de très haute lutte sa liberté, son émancipation, son indépendance et que l’on tenterait de requalifier en ” monnaie d’échange ” ou simple ” marchandise ” de convoitise à des fins électorales.
En attendant, peut-être devrons- nous nous contenter d’accepter les dons, les promesses d’annulations de dettes, les aides au matériel, les envois de cargos chargés de vivres (le plus souvent dérobés pour être vendus au marché noir) ce qui entretient une corruption voulue et entretenue par ces mêmes gouvernants étrangers soi-disant amis du peuple haïtien.
Enfin, peut-être devrons-nous nous contenter de l’Aide financière des Pays-amis qui n’égalera jamais la ” rançon ” payée aux états colonisateurs, ni la quantité de sang qui a coulé au seul nom de la liberté… Désormais, il appartient aux seuls haïtiens de définir qui sont enfin les vrais amis d’Haïti.
Après ce passage très remarqué sur Haïti, Matthew peut désormais ranger son bleu de travail avec le sentiment du ” devoir accompli ” et laisser la place aux ONG (Organisations Non Gouvernementales ???)
L’Ouragan laissera surtout derrière lui des rivières souillées et une eau polluée à souhait, un pays à nouveau dévasté à cause de la grande fragilité et de la vétusté de la grande majorité des habitations et de la construction des infrastructures.
Dans un tel contexte, où rien n’a changé depuis plus de deux siècles, il nous reste à nous préparer pour compter un à un le nombre de victimes du choléra, de la malnutrition et de la faim avant la révolte ou la FIN.
Frantz Acramel
L’HISTOIRE D’HAÏTI: Un document video de Radio Canada