Marinière et baskets aux pieds, Eva Joly s’enfonce dans un sous-bois breton. Arrivée près d’un petit étang à la tranquillité menacée par un projet de rocade, l’eurodéputée prend la parole devant une vingtaine de militants. Contre l’extension du “tout béton”, la candidate aux lunettes rouges milite pour “garder l’existant et l’améliorer“. Un mot d’ordre qu’elle pourrait faire sien en vue de la primaire écolo prévue pour le 23 juin.
De fait, l’arrivée de l’ex-animateur de TF1 n’a pas bousculé la méthode Joly. “On reste sur le même tempo qui est déjà assez lourd“, confirme Yannick Jadot, son directeur de campagne. Pendant qu’Hulot potasse ses dossiers, l’eurodéputée multiplie les déplacements thématiques, liant écologie et critique du capitalisme. Meaux contre le gaz de schiste, Caen pour plaider la sortie du nucléaire, Paris pour la visite de logements insalubres et enfin vendredi en Bretagne pour parler pêche. Le tout en moins d’une semaine.
“Il reste un peu hors sol“
“Je laboure mon terrain“, confie celle qui reconnaît être “moins populaire” qu’Hulot. Après la déclaration de Sevran, certains lui prédisaient un tsunami Hulot. “On ne l’a pas encore vu“, se rassure Joly. Depuis son annonce, le réalisateur du Syndrome du Titanic est plutôt discret. “Il reste un peu hors sol. C’est ‘salut, un petit tour et à bientôt’“, résume Noël Mamère, soutien de la Franco-Norvégienne.
Face à Hulot, l’ancienne juge joue la carte des militants. D’où les tensions autour du degré d’ouverture des primaires écolos, un scrutin qui s’annonce plus serré que prévu. Alors qu’aucun débat entre les deux n’est encore prévu, les regards se tournent vers leurs parcours. “Le mien est plus conflictuel. Je me suis plus opposée aux multinationales que lui“, rappelle-t-elle. Façon de renvoyer Hulot vers EDF et L’Oréal, deux mécènes de sa fondation pour la nature. “Elle ne vient pas du même milieu. Elle vient de la vraie vie, de l’affrontement avec les puissants. Produire Ushuaïa et mettre en examen des ministres, ça n’a rien à voir“, relève Noël Mamère.