Après Luis, en effet, il y avait de bonnes intentions, nettoyer et ne pas laisser une reconstruction sans contrôle.
Après quelque temps l’oubli… Et le bizness nous a ramené comme avant, dans cette frénésie à s’installer dans des positions bien confortables dû à l’implantation massive d’infrastructures touristiques juteuses. Tout cela sans prendre en compte le facteur humain de la société de souche Saint-Martinoise et surtout de celle des laissés pour compte issus de l’immigration clandestine qui s‘est constituée dès le début du développement empirique anarchique de l’ile avec la nécessité d’une main d’œuvre bon marché et surtout inexistante avant les années 80.
Il y a toujours eu un refus des pouvoirs à agir pour les jeunes des quartiers défavorisés, pas de maisons des jeunes, pratiquement aucune association d’ordre culturel hormis celle du carnaval, pas d’initiatives internes à la société local, ni d’insertion, quelques unes peut être, mais très embryonnaires et très largement insuffisantes face au développement lié au tourisme de masse et à la corruption qui va avec.
Une masse de gens étrangers à l’ile et certains autochtones en ont largement profité. Pendant ce temps là, une autre partie de la population, les laissés pour compte, se sont développés aussi.
2 voir 3 générations plus tard, l’ile se retrouve avec de sérieux problèmes de délinquance, de trafic de drogue et d’armes, et des bandes organisées de voyous qui
côtoient au quotidien des affairistes et une population toujours plus nombreuse qui arrive et s’installe dans un soit disant Paradis tropical, en fermant les yeux sur ce fléau social. Une criminalité qui ferait pâlir Marseille et la Jamaïque. Le
résultat est que l’ile est devenue aujourd’hui une poudrière sociale, qui à la moindre étincelle s’enflammerait.
Et c’est le cas avec le passage de cet ouragan qui y a mis le feu.
Si l’on regarde bien l’aspect matériel de cette destruction, on remarque que toutes les constructions anarchiques issues de cette classe défavorisée, faites de bricolage en bois et en ciment mal armé, réalisées à moindre cout et sur les bords de mer, comme près des étangs, sont les premières à avoir été emportées. Le résultat est qu’en volant partout dans les airs comme des fétus de paille, elles ont impacté des toitures qui aurait pu résister aux vents violents, mais à partir du moment où une brèche est créée, l’épluchage des constructions saines suit son cour et devient ravageuse.
Bien entendu des constructions de plusieurs étages, et particulièrement en bord de mer ont subi aussi de graves dommages, mais là encore, elles sont dû a un envahissement
sur des zones à risques… Bref on pourrait polémiquer, chercher des responsabilités et faire toutes sortes de comparaisons et d’analyses sur des constructions toujours plus importantes.
Ceci est une image pour rappeler que de matériellement à humainement, nous sommes dans une apparence de réflexologie sociétale de cette inégalité qui a créé ce désordre.
Ce qu’il faut retenir pour l’après Irma, si l’on veut une société future pérenne, c’est comme vous le dites si bien au moment ou l’émotion est à son paroxysme, dans les premiers temps, après la catastrophe, c’est une SOLIDARITÉ.
Je pense qu’il la faudra pour toutes les strates de la population qui constitue ce territoire, donner leur place, partager le travail avec ces laissés pour compte dans le redémarrage de l’ile, et réfléchir à ce que peut et doit être le développement…on ne peut pas rajouter des étages sur un territoire déjà hyper-saturé, car là, le paradis comme le dit une résidente, devient obligatoirement un enfer à un moment donné.
J’ai toujours pensé qu’à St Martin, on était en présence d’un modèle de développement à l’image de la mondialisation. Plus de 100 nationalités s’y côtoient, dans un afflux démographique fulgurant… c’est un microcosme de ce qui pourrait se passer sur la planète en cas de cataclysme majeur ou « sans précédent » comme aime décrire les médias, les autorités seraient dépassées, dans l’incapacité d’intervenir dans l’urgence, surtout sur des territoires qui sont quelque part hors de leur contrôle.
Voilà Amis de Sxm, je suis un des « premiers anciens » de l’ile, j’y ai vécu plus de 35 années, entrecoupées de parties de vie en Haïti et autres endroits, mais quand je l’ai quittée la dernière fois il y a 4 ans, j’appréhendais réellement une crise qui conduirait à la situation que vous vivez aujourd’hui.
Je vous souhaite beaucoup de courage, de la persévérance, et suis de tout cœur avec vous.
Mes plus sincères pensées
Charli
le 10 Septembre 2017