Dans le cadre de l’opération Caribe Wave organisée par l’association HAND, jeudi 15 mars, associations et entreprises mobilisent leurs compétences pour sensibiliser la population à la prévention des risques et catastrophes naturels. À Saint-Martin, l’association Tilt sera en charge des simulations d’évacuation, et entend mener à bien de nombreux projets sur la thématique. (Source Mediaphore.com)
Ils étaient une douzaine, mardi 12 mars après-midi, à réaliser un exercice d’évacuation au Mercure de Saint-Martin. L’emblématique hôtel quatre étoiles de l’île dévastée par l’ouragan Irma en septembre dernier n’a pas non plus été épargné : « Nous avons visité les chambres que nous pouvons proposer à nos clients, et sur les 179 que comprend l’hôtel, nous en avons au moins 70 non utilisables, et les autres sont moins quatre étoiles qu’avant« , sourit, résigné Baki Arbia, patron de l’établissement.
Lorsque l’équipe de geeks de Hand ( Hackers Against Natural Disaster) – à l’initiative de l’opération Caribe Wave – l’ont contacté, « l’aubergiste » (comme il se plaît à se faire appeler) a été emballé par l’idée de prévenir les risques naturels. « Il faut être formé, c’est essentiel« , celui qui se souvient des conditions difficiles vécues pendant Irma. « C’est ma femme, hôtesse de l’air et formée aux situations d’urgences qui nous a sauvé la vie, pendant que nous étions désinvoltes face à l’ouragan. Elle a su trouver les mots, le ton pour nous faire adopter les bonnes pratiques de survie« , raconte le gérant.
Ainsi, il a décidé de partager cet exercice avec ses salariés : « En cas de tsunami, nous sommes sur un lieu sans point haut. Il nous faut connaître les bons gestes à adopter pour sauver nos salariés et notre clientèle« , affirme-t-il. Du pain béni pour le groupe « tourisme » de l’organisation des geeks, qui, depuis deux ans essaie de sensibiliser la profession au risque de séismes et de tsunamis.
« L’an dernier, nous avions envoyé des questionnaires sur cette question aux établissements de Guadeloupe continentale, raconte Yann Legendre. Nous avions reçu seulement 25 réponses, dont 10 uniquement qui nous disaient être intéressés ». La raison de cette indifférence ? La crainte de faire reculer l’acte d’achat des séjours sur une zone à risque, de creuser l’écart de chiffre d’affaires entre les saisons, et au final, de ralentir l’attractivité touristique.
« Irma a fait éclater aux yeux du monde entier les risques encourus par les habitants de ces zones« , explique Yann Legendre, pour qui, les Antilles devraient développer, comme en Sicile ou en Thaïlande, une signalétique précise sur les conduites à tenir en cas d’éruption volcanique ou de séismes/tsunamis. Alors, voir l’un des établissement les plus en vue de Saint-Martin se laisser entraîner dans la bataille, reste pour les équipes de Hand et leurs partenaires sur place porteur d’espoir.
Même son de cloche, du côté de l’association Tilt. Le laboratoire de fabrication compte parmi ses objectifs : le développement d’initiatives numériques sur les territoires. Caroline Rattier est une ancienne habitante de Saint-Martin. Elle revient sur son île de cœur tous les mois et demi environ. « Après Irma, je ne pouvais pas rester sans rien faire« .
Suite à une rencontre avec les Hackers Against Natural Disaster, elle et son association ont décidé de déployer un terrain d’opération pour Caribe Wave sur Saint-Martin. Au programme de leur journée d’exercice : l’évacuation d’une école, sur le temps réel de l’alerte qui sera lancée à 10h. L’école primaire, « Au bord de l’eau », est un établissement qui compte près d’une centaine d’enfants. Il faudra évacuer, à pied vers un point haut, pour éviter la vague qui submergerait l’école, « idéalement située pour le pire« , selon Emilie, la secrétaire et Samala, la directrice. En effet, installée à Sandy Ground, l’école est prise entre deux zones de mer, de très basses altitudes.
C’est l’association Dream of Trail, une association de randonnée qui a rouvert les sentiers détruits par l’ouragan Irma, qui va conduire, grâce à sa connaissance des terrains, les enfants par le plus court chemin. En parallèle, un projet de cartographie, baptisé EXPLOIT – piloté par l’UMR GRED (Université Paul-Valéry Montpellier III) – propose un application d’itinéraire vers les points les plus courts. « Il faudrait que tout le monde le fasse, toutes les écoles« , ajoute Emilie. Un contact avec le recteur aurait été réalisé par Tilt, avec une promesse : l’Éducation nationale est intéressée, mais cette année, il est trop tôt pour gérer un tel projet. La collectivité aussi pourrait être intéressée.
Jeudi 15 mars, le jour de l’opération Caribe Wave, l’association prévoit aussi des ateliers, notamment sur l’évacuation des personnes à mobilité réduite, sur les bonnes pratiques du secteur de l’hôtellerie. « Nous avons une table ronde avec l’office du tourisme de Saint-Martin, des acteurs touristiques, et l’enjeu sera de voir avec eux quelles sont les données qu’ils ont sur leurs clients, la façon dont ils les récupèrent. L’idée serait, pour nous de voir comment les utiliser en cas d’alerte grave« .
« Tout ça, c’est pour gérer la situation d’urgence. Après pour la reconstruction et la période post-catastrophique, nous avons de nombreux projets« , annonce Caroline Rattier, de Tilt. Comme la constitution d’un FabLab itinérant pour permettre l’accès aux outils de base dans les quartiers, la création d’un kit de survie numérique, l’édition d’un livre blanc des bonnes pratiques de survie, des formations de radio-amateur pour communiquer en cas de black-out, et aussi, la création d’une filière de recyclage grâce à la culture du Do it Yourself.