Ouragan IRMA : SAINT MARTIN OU LA RESILIENCE GRINCANTE
A l’approche de la date anniversaire d’IRMA et accessoirement à l’annonce d’une visite de notre Président national fin septembre, beaucoup d’interrogations se posent sur un bilan post reconstruction une année après, au vu de l’état des réparations visibles et des enveloppes financières allouées d’origine interne ou externe (l’Etat se retrouvant en première ligne).
On peut tenter de cerner trois facteurs (entre autres) ou paramètres qui participent d’une dynamique (ou d’une inertie/de freins) dans un chantier sans doute très complexe qui mélange donneurs d’ordre, capacités locales et ressources, on parle ici de commande publique. Cet exercice est exploratoire (tentative) pour éviter peut-être des incompréhensions qui peuvent donner lieu à des dérapages …
1/ La capacité de Maîtrise d’ouvrage/MOA (qui est de concevoir et mettre en œuvre un projet jusqu’à son achèvement dans les règles professionnelles d’usage), le MOA est la COM sans conteste qui a une fonction de pilotage sur tous les aspects institutionnels (dans ses compétences), de programmation, d’organisation, de réalisation, de mobilisation de moyens financiers et autres, de coordination, etc … (enfin tout ce qui concourt à obtenir des résultats pour la Collectivité)
D’emblée, existe-t-il des faiblesses dans cette capacité, on l’entend, je ne sais pas, il faut demander au DGS, il faut savoir aussi que toutes les Collectivités territoriales (de France et de Navarre) délèguent cette MOA à des Sociétés d’économie mixte (SEM), en fonction du volume et de la nature des travaux, ici, c’est la SEMSAMAR (une seule SEM), je n’ai pas beaucoup entendu parlé de la SEMSAMAR sauf sur ses investissements immobiliers locatifs, on peut donc penser que la COM exerce cette fonction, maintenant comment ? Une Unité ad hoc mise en place qui centralise les marchés de travaux ? Ou procède-t-elle par commandes directes et en gré à gré pour des raisons d’urgence d’exécution ? A cet égard, il faut rappeler que l’Etat avait proposé, de manière répétée, de fournir gracieusement un appui à la Maîtrise d’ouvrage, cette facilité a-t-elle été utilisée ? Je ne sais pas
Dans ce contexte par ailleurs, je ne comprends pas que l’on n’ait pas fait appel à l’Agence française de Développement (AfD) à laquelle l’Etat aurait pu déléguer une ligne de crédit, l’AfD jouant le rôle de partenaire de la MOA et de bailleur de fonds …
2/ Deuxième facteur, les procédures de mobilisation des ressources financières, des ouvertures de crédit avec, bien entendu, des règles et des modalités à respecter en termes de justificatifs de dépenses, de circuit d’approbation, de mandatement, de justification de contrepartie éventuelle au financement, etc … Ces règles sont-elles une contrainte et même un obstacle aux décaissements rapides ? Personnellement, je ne peux pas le croire, nos voisins mobilisent une ressource globale de la Banque mondiale, ont-ils des difficultés ?
De plus, il faut savoir que les bailleurs (sur dons ou sur prêts) mettent en place des « Caisses d’avance » logées dans une banque de la place et renouvelables sur présentation des pièces de dépenses, là encore une facilitation des règlements aux fournisseurs et entreprises. Je n’ai pas non plus de réponse ou l’utilisation de la ressource interne est-elle plus pratique pour des raisons que j’ignore.
3/ L’offre de travaux des entreprises : Il s’agit, je pense, d’un vrai problème, on s’attendait à des déferlements de polonais, de portugais, de chinois, d’indiens, … je n’en ai pas croisé beaucoup et pourtant, beaucoup d’entreprises extérieures semblent s’être immatriculées fiscalement en début d’année, certes ces entreprises exécutent des gros marchés qui nécessitent des études préalables, des autorisations de l’Urbanisme dans un vaste flou administratif et réglementaire au-delà de la simple DPI. Depuis le temps qu’il existe des Catastrophes naturelles sur ce territoire, la formation, professionnelle notamment, a-t-elle été ciblée sur les besoins et les compétences dans ce domaine ?
Bon, on va faire court pour que cela reste lisible (je ne suis pas dans la Presse écrite et son lyrisme anecdotique …), on est loin du tour de toutes les questions (notamment les Green Cards qui vont travailler en partie hollandaise chaque matin dans la reconstruction) mais si cela pouvait peut-être, sans prétention, (re)structurer quelques esprits qui passent leur temps à critiquer tout ce qui se passe, certains de manière légitime sans doute mais beaucoup d’autres de manière beaucoup plus systémique et négatif, sans chercher à comprendre, j’en serais heureux
Et si l’on se disait que l’on n’était pas « foutu » sans avenir, sans vision et qu’il fallait bien deux années pour surmonter cette catastrophe (un mal pour un bien comme on dit dans le langage vernaculaire) et limiter la surchauffe des esprits dans certaines convictions hâtives ?
Jean-Louis Rousselot – Résident permanent