1er MAI : Jean-Paul II est bienheureux

F.L
Par F.L 1 Mai 2011 08:33

1er MAI : Jean-Paul II est bienheureux

Le pape Benoît XVI a proclamé bienheureux son prédécesseur Jean-Paul II en début de cérémonie dimanche premier mai place Saint Pierre. Suivez en direct avec nos envoyés spéciaux la cérémonie à Rome. A voir aussi en vidéo.

Le portrait du bienheureux Jean-Paul II a été dévoilé sur la place Saint-Pierre.
11 heures 21
Benoît XVI : «  Jean-Paul II a inversé avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible »

Au moment où a été dévoilé, à la loggia de Saint-Pierre, le visage du nouveau bienheureux, la foule a applaudi longuement, semblant ne pas vouloir s arrêter. De nombreux pèlerins ont pleuré, d’autres ont repris le refrain que les foules ont martelé pendant presque 27 ans : « Giovanni Paolo ! » Au sein de  cette foule, l’atmosphère est particulièrement recueillie. À la ferveur se mêle aussi la fatigue d une nuit de veille inconfortable sur les pavés de la Via della Conciliazione…En même temps que des images de la béatification, les bénévoles distribuent des bouteilles d’eau : la pluie annoncée a fait place un grand soleil et une chaleur de plomb.
L’homélie de Benoît XVI restera comme un grand texte de son pontificat. Il se situe pleinement, non seulement dans la continuité de son prédécesseur, mais aussi à la suite de Vatican II.
Deux points forts dans cette homélie : « A travers le long chemin de préparation au Grand Jubilé, il a donné au christianisme une orientation renouvelée vers l’avenir, l’avenir de Dieu, transcendant quant à l’histoire, mais qui, quoi qu’il en soit, a une influence sur l’histoire. Cette charge d’espérance qui avait été cédée en quelque sorte au marxisme
et à l’idéologie du progrès, il l’a légitimement revendiquée pour le christianisme, en lui restituant la physionomie authentique de l’espérance, à vivre dans l’histoire avec un esprit d’« avent », dans une existence personnelle et communautaire orientée vers le Christ, plénitude de l’homme et accomplissement de ses attentes de justice et de paix. »

Peu avant, Benoît XVI avait insisté, citant les mots mêmes de son prédécesseur pour les reprendre à son compte : « Je désire encore une fois exprimer ma gratitude à l’Esprit Saint pour le grand don du Concile Vatican II, envers lequel je me sens débiteur avec l’Église tout entière et surtout avec l’épiscopat tout entier –. Je suis convaincu qu’il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile du XXème siècle nous a offertes. En tant qu’évêque qui a participé à l’événement conciliaire du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et qui seront appelés à le réaliser à l’avenir. Pour ma part, je rends grâce au Pasteur éternel qui m’a permis de servir cette très grande cause au cours de toutes les années de mon pontificat ».
Finalement, Benoît XVI reprend explicitement à son compte l’héritage : « Ce que le Pape nouvellement élu demandait à tous, il l’a fait lui-même le premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible. Par son témoignage de foi, d’amour et de courage apostolique, accompagné d’une grande charge humaine, ce fils exemplaire de la nation polonaise a aidé les
chrétiens du monde entier à ne pas avoir peur de se dire chrétiens, d’appartenir à l’Église, de parler de l’Évangile. En un mot : il nous a aidés à ne pas avoir peur de la vérité, car la vérité est garantie de liberté. »

10 heures 21

Début du rite de béatification. Le cardinal Agostino Vallini, vicaire général du pape pour diocèse de Rome, avec  à ses côtés Mgr Slawomir Oder, postulateur de la cause, demande formellement à Benoît XVI de procéder à la béatification. Il retrace d’abord la biographie de Karol Wojtyla et dépeint ses vertus chrétiennes. Il évoque sa totale confiance en la Vierge Marie.

Les années de l’occupation nazie de la Pologne sont mises en lumière, ainsi que les années de formation romaine du futur bienheureux. Des applaudissements ponctuent cette biographie. « Il a toujours affirmé la primauté du Christ en tant que fondement d’un nouvel humanisme et source de droit inaliénable pour la personne humaine», insiste le cardinal Vallini.

« Son magistère lumineux a proclamé toujours et partout que le Christ est l’unique sauveur du monde. Il a aimé d’un amour particulier les jeunes » : ceux-là, désormais quadra- ou quinquagénaires, applaudissent alors.

Alors, chaussant ses lunettes, le pape prononce en latin la formule de béatification. La foule exulte alors dans un gigantesque Amen. Les applaudissements durent plusieurs minutes. Le portrait de Jean-Paul II est déroulé à la loggia centrale de la basilique. C’est une photo, où il apparaît souriant et amical.  Un reliquaire contenant une ampoule du sang du Bienheureux est alors amené devant Benoît XVI par Sœur Marie Simon Pierre, accompagnée par Sœur Tobiana, une religieuse polonaise qui a servi Jean-Paul II.

D’une démarche souple, résultat de sa guérison inexpliquée de la maladie de Parkinson, Sœur Marie-Simon Pierre présente la relique à la foule, en liesse. Moment troublant, fortement incarné, retransmis par des centaines de télévision dans le monde pour plus d’un milliard de téléspectateurs.

10 h 02

Avec son exactitude habituelle, Benoît XVI pénètre sur la place Saint-Pierre. Il arbore un large sourire, embrasse des bébés. Patiemment, dans sa papamobile, il attend au pied des marches que s’écoule le flot de cardinaux qui montent à l’autel central. Il porte des vêtements liturgiques qui ont été utilisés par son prédécesseur.

9 h 30

Le soulagement est général : il fera beau. Personne ne le sait encore vraiment, mais on peut dire qu’au moins plus d’un demi-million de personnes sont présentes en ce moment à Rome. Non seulement place Saint-Pierre et via della Conciliazione, mais aussi au Circo Massimo et devant les écrans géants répartis à travers la ville.
Les 87 délégations officielles arrivent. Parmi les seize présidents, les six chefs de gouvernement, Silvio Berlusconi, très à l’aise, assis à côté de Mgr Dominique Mamberti, le prélat français “ministre des affaires étrangères” du pape. Robert Mugabe, le chef d’Etat du Zimbabwe, mis au ban de la communauté internationale, est là. « Le Saint-Siège entretient avec ce pays des relations diplomatiques », rétorquent, laconiques, les responsables. Dans l’entourage du premier ministre français, François Fillon, on se veut serein face à la polémique sur sa présence ici : « Ces polémiques sont ridicules. La laïcité qu’on nous oppose est d’arrière-garde. François Fillon a toujours entretenu des relations suivies et cordiales avec toutes les religions. À Rome, la France vient honorer la présence de Jean-Paul II dans l’histoire du monde, qui dépasse largement les limites de la chrétienté. » Parmi les délégations étrangères, l’État d’Israël est représenté par Yossi Pered, ministre délégué auprès du premier ministre.  Il a été sauvé de la Shoah, qui n’a épargné aucun membre de sa famille, par une famille catholique belge qui l’a recueilli à l’âge de six mois, jusqu’à ses huit ans. Il dit être venu à Rome « pour témoigner du respect du gouvernement d’Israël pour l’homme  qui a changé les relations entre juifs et chrétiens. »

FREDERIC MOUNIER et CELINE HOYEAU  – Source LACROIX

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