Tout d’abord, nous opposons avec mon équipe les arguments fallacieux de démantèlement à celui du renforcement de la direction générale de la société. Il s’agit pour nous de deux sujets distincts. Faire un lien supposé entre la proposition de nommer un président directeur général à la tête de la Semsamar et un possible démantèlement est un argument infondé porté sur la scène médiatique pour créer la confusion.
Je rappelle que la Semsamar a été créée en 1985 à Saint-Martin, c’est une société qui fait partie de la vie des Saint-Martinois, de notre patrimoine, et qui fait la fierté du territoire. Avec fermeté, j’affirme qu’il n’est absolument pas question de démanteler l’actionnariat de cette structure pour le céder à un quelconque organisme. Que ceux qui avancent de tels arguments viennent le prouver !
Par contre, face aux enjeux de la reconstruction, face aux difficultés des administrateurs à imposer leurs idées au sein de la structure, il nous paraît pertinent – et les statuts actuels le permettent – de donner au Président du Conseil d’administration la possibilité d’intégrer la direction générale. Cette proposition vient appuyer la décision prise lors du dernier Conseil d’administration de nommer un cabinet d’experts dont le rôle sera d’assister et de conseiller les élus dans leurs missions.
La Semsamar doit jouer un rôle clé dans la reconstruction de Saint-Martin, et dans un objectif d’efficacité, il nous paraît essentiel que le futur PDG travaille aux côtés de la direction générale. La Semsamar a des activités multiples sur plusieurs territoires et une forte expérience à Saint-Martin, elle est un atout pour répondre aux attentes de notre population.
Ce retour aux sources vers une gouvernance saint-martinoise est une décision politique forte que nous assumons pleinement et qui est prise dans l’intérêt de nos concitoyens. La réorganisation de la gouvernance n’est pas une nouveauté, nous l’avions évoqué dans notre programme électoral dès 2016, Irma a juste accéléré le processus.
Parmi les attaques injustifiées, je note que le conseiller territorial d’opposition monsieur Louis Mussington parle de « deal avec l’Elysée » et se permet de m’accuser de mensonge. Je rappelle ici que l’Etat est un partenaire. Nous travaillons en étroite collaboration avec ses services en faveur de la reconstruction de Saint-Martin. Les multiples échanges dans le cadre des protocoles de reconstruction confirment les discussions et débats que nous avons parfois avec l’Etat sur tous les sujets, y compris celui de la Semsamar. La presse s’en est suffisamment fait l’écho pour me donner toute légitimité dans mon propos. Ce sont donc des relations franches et la COM fait régulièrement valoir son point de vue.
Monsieur Mussington a peut-être l’habitude de « faire des deals » avec ses amis politiques, mais jusqu’à preuve du contraire, cela n’a jamais été notre façon de faire. Quant au mensonge supposé, je ne vois pas de quoi il parle. Je n’ai jamais pris personne en traitre, ma méthode est justement la franchise et la transparence.
Nous avons pris acte de la motion votée par notre co-actionnaire, la Région Guadeloupe ; cependant nous la jugeons hors sujet. Je suis en effet surpris de constater qu’avant même que nous ayons présenté au Conseil territorial la délibération proposant la mise en place d’un Président Directeur Général au sein de la Semsamar, la Région puisse anticiper en évoquant l’éviction de la directrice générale. Je m’interroge sur l’opportunité de la Région de faire un tel raccourci en parlant d’un sujet qui n’est pas à l’ordre du jour de notre conseil de jeudi 13 décembre. Rappelons que cette décision relèverait de l’entière responsabilité du Conseil d’administration et de ses membres, non pas de la Collectivité.
Quant aux castings imaginaires et aux supputations fantaisistes de certains médias, ils sont balayés par ce qui guide notre action : une gouvernance réorganisée et la mise en œuvre de projets avec un fort ancrage local pour que Saint-Martin ne soit plus une simple boîte postale mais redevienne le centre des préoccupations tout en portant le même intérêt aux projets de développement sur les autres territoires, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Je suis sûr que nos partenaires peuvent comprendre cette attente forte des Saint-Martinois et plus encore depuis le passage d’Irma. Car c’est un fait, l’ingénierie de la Sem n’est plus aussi présente à Saint-Martin pour développer des projets : 4 chargés d’opération dans les années 2000, un seul aujourd’hui.
Les Saint-Martinois l’ont constaté et ils appellent depuis longtemps au changement. Pour la première fois, une majorité d’élus a le courage de proposer ce changement. En réalité, ce qui est dit dans cette délibération, c’est que nous souhaitons donner à un élu de Saint-Martin l’opportunité de remplir un rôle exécutif. Notre décision de faire évoluer la gouvernance de notre société d’économie mixte sera donc maintenue car elle va dans le bon sens.
Nous considérons d’ailleurs que l’avis de tous nos co-actionnaires est important, certains nous ont fait part de leurs inquiétudes. Quant aux financeurs, la gouvernance de la Semsamar doit pouvoir retrouver leur confiance. La réorganisation de la gouvernance se fera dans la concertation et la collégialité entre les membres du Conseil d’administration, en temps et en heure.
Pour l’heure, nous assumons nos responsabilités en proposant de poser les bases de cette nouvelle gouvernance dans l’intérêt de la Semsamar, de la Collectivité de Saint-Martin qui est actionnaire majoritaire et de ses co-actionnaires. ».
Daniel Gibbs
Président du Conseil territorial de Saint-Martin