“Immortels” car une grande partie des œuvres présentées sont des portraits d’hommes et de femmes qui ont marqué leur temps. On y trouve des artistes contemporains comme passés mais chacun d’entre eux a marqué l’humanité à travers son histoire et son état d’esprit. Ce devoir de mémoire est une vision personnelle et sensible du travail de ces artistes. Kongo interprète avec un grand respect l’intensité de ces personnalités tout en respectant sa propre identité graphique. Il cherche ici à faire perdurer cette image noble de la peinture et rendre hommage à ces créateurs de génie. C’est pour lui un geste de gratitude “Rendre hommage est une reconnaissance envers notre passé, notre histoire” Kongo.
En s’appropriant des techniques et des sujets classiques Cyril Kongo vient s’inscrire dans une lignée d’artistes tel que Andy Warhol avec sa fameuse série de portraits. Il vient renforcer son œuvre en conjuguant ses références urbaines, contemporaines et traditionnelles. Dans la sélection, nous trouvons aussi quelques œuvres de la série “feux” à travers laquelle l’artiste fait référence à l’origine de l’humanité. Car en effet, pour lui, le graffiti est la première forme d’expression picturale à l’instar des grottes de Lascaux, mais le feu est la première force naturelle qui nous a permis de maîtriser notre environnement. Ici l’artiste s’approprie la technique de l’émaillage et vient retranscrire son vocabulaire graphique. Il joue avec le procédé et tente à son tour de maîtriser cette force.
Après avoir passé plus de trente ans à peindre dans la rue et à œuvrer pour que le graffiti soit perçu autrement, l’artiste est aujourd’hui considéré comme un visionnaire qui a su casser les codes et les reconstruire à travers son regard contemporain et avant-gardiste. Ses influences multiculturelles, son niveau d’exigence et sa capacité à créer des liens entre des mondes aux antipodes, ont forgé sa carrière et son style.
Cyril Kongo a su faire de son nom un synonyme d’excellence, d’abondance et de virtuosité. Ce visionnaire venu d’un milieu marginalisé et longtemps mis à l’écart des institutions est aujourd’hui un artiste reconnu à l’international. Son univers singulier et son identité affirmé lui ont donné l’opportunité de s’associer aux noms les plus prestigieux de la mode (Chanel, Hermès ou Richard Mille…) de l’art et de l’artisanat d’art (La Cornue, Atelier Victor, Daum…).
L’artiste nous livre ses réflexions les plus intimes à travers sa peinture. Dans chacune de ses œuvres nous observons des messages codés de bénédictions, d’abondance de paix et de lumière à travers l’utilisation de chiffres ou d’alphabet. La peinture est à l’image de l’homme : généreuse, colorée, vivante et en constante expansion.
Kongo ne cesse de se réinventer de part ses voyages et ses recherches sur ses propres limites. Son art évolue de part ses rencontres. C’est ainsi que lorsqu’il a croisé le chemin de la prestigieuse maison Hermès, l’artiste a su rendre cette union inédite en revisitant le classique carré de soie pour la collection automne-hiver 2011-2012. À partir de ce projet l’artiste a vu naître en lui une véritable passion pour les savoir-faire ancestraux. La quête de la ligne parfaite et de la technique idéale lui rappellent bien évidemment son rapport au graffiti. L’idée de partir à la découverte de mondes inconnus et d’alliances inusitées le motive et l’inspire. Dans cette dynamique, il travaille avec la cristallerie Daum avec qui il confectionne les bombes de cristal colorées, cette sculpture est à la fois le témoin de deux mondes aux antipodes et un hymne au voyage et à la culture urbaine dont est originaire le peintre. Il découvre aussi le monde de la maroquinerie en collaborant avec la maison Pinel et Pinel sur une malle unique au monde mais aussi en travaillent avec Les Atelier Victor sur une œuvre de cuir d’une envergure de 200x200cm ayant demandé 5 000 heures de travail. Toujours à la recherche de l’inattendu Kongo et le célèbre horloger Richard Mille partage la vision d’une œuvre encore jamais réalisée, une montre haute complication peinte de l’intérieur. Ce bijou de technologie marque l’histoire de la haute horlogerie tel l’exploit accompli est grandiose. Par la suite pour les 110 ans de la célèbre maison La Cornue Kongo vient réinterpréter les métiers du feu et inscrire son identité picturale sur des pianos de cuisine. Chaque piano est un modèle unique signé par l’artiste, sur lequel il est intervenu directement sur l’émail.
Tout en faisant évoluer sa peinture, sa vision et ses convictions l’artiste a su prendre une ampleur considérable puis fut approché par Karl Lagerfeld lui-même dans le but de collaborer sur la collection Chanel Métiers d’Art Paris-New York 2018/19. Cette prestigieuse collection met en avant les techniques les plus spécifiques mais également élaborées et exécutées avec grande exigence par les petites mains de la maison Chanel.
Figure majeure du graffiti international, Kongo, ne cherche pas à sortir le graffiti de la rue, d’en modifier l’aspect éphémère ou les connotations qu’il véhicule, mais bien de le présenter autrement, comme un objet précieux. Il utilise son vocabulaire pictural de manière à dépasser les limites de la technique et à lier les différentes disciplines. Cette exigence passe par une finition irréprochable dans l’exécution des œuvres, alliée au choix des matériaux et des partenaires, dans le but de toujours aboutir à un travail de précision, aussi puissant visuellement que sémantiquement.