Pour la première fois en 372 ans, des frontières physiques se sont matérialisées entre le nord et le sud à cause du virus Covid19.
Le contrôle aux frontières est survenu pour la première fois dans le cadre d’un accord entre le gouvernement de Sint Maarten et la représentation locale de l’Etat, au moment spécifique du confinement conjoint au mois d’avril 2020. Il a été ensuite repris par la France seule, au mois d’août lors de la reprise de l’épidémie et de l’ouverture de Sint-Maarten au tourisme américain.
La décision de l’Etat de poursuivre ces restrictions de circulation tout au long du mois de septembre, sur recommandations de l’Agence Régionale de Santé, entraîne une forte incompréhension du peuple saint-martinois, incompréhension que je partage pleinement.
En effet, depuis 1 mois et demi, les indicateurs démontrent que les contrôles aux frontières n’ont pas permis d’enrayer la circulation du virus.
L’argument de départ, compris par beaucoup, consistant à vouloir établir un barrage de protection de la partie française contre le Covid-19 ne tient plus aujourd’hui.
Bien au contraire, ces contrôles ont causé des difficultés majeures à nos entreprises et accentué un malaise social qu’il faut prendre en considération sous tous ses aspects.
Après de multiples appels et mises en garde auprès de la préfecture, de l’ARS et des ministères, la requête de Saint-Martin n’a pas abouti.
J’ai décidé de continuer sans relâche à porter la voix de Saint-Martin et à soutenir la position des Saint-Martinois en conjurant l’Etat de rétablir la libre circulation des biens et des personnes entre les deux parties de l’île. Il en va de la survie de Saint-Martin.
La décision de maintenir ces contrôles au lieu de privilégier la coopération entre les Etats et une gestion sanitaire à l’échelle de l’île, est une erreur. Elle ne respecte pas les valeurs intrinsèques de Saint-Martin et le mode de vie des Saint-Martinois. Elle ne reconnait pas non plus l’aptitude des Saint-Martinois à prendre la mesure de cette pandémie et à observer un comportement adapté et les gestes barrières recommandés dans l’espace public.
La manifestation annoncée demain aurait pu, une fois encore, être évitée. Si notre appel avait été pris en considération, notre île ne serait pas à nouveau en proie à des tensions inutiles. J’espère seulement que ce ne sera pas un « PPRN bis repetita »
La situation sanitaire reste préoccupante et doit appeler toute notre responsabilité. Cette responsabilité doit s’instaurer entre les deux parties de l’île et leurs Etats respectifs par le biais d’un véritable plan de coopération sanitaire. Cette coopération est possible si chacun y met du sien ! La survie économique en dépend. La cohésion sociale aussi.
En tant qu’élus, le retour à une situation sanitaire favorable sur l’ensemble de l’île, tout comme le maintien de la paix sociale, demeurent notre priorité absolue.
Nous mettrons donc tout en œuvre pour favoriser ce plan d’action sanitaire conjoint à la dimension du territoire tout entier.
J’ai demandé à l’Etat qu’une intervention diplomatique soit diligentée pour accompagner cette coopération sanitaire entre nos agences de santé.
J’ai échangé, ce jour, avec le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu, il a écouté ma demande. J’attends en retour sa position et ses propositions.
Dans un même élan, je rencontrerai la Première ministre de Sint Maarten, jeudi 17 septembre, pour lui proposer la même démarche.
Je suis convaincu que c’est dans le dialogue et la concertation que nous trouverons conjointement une issue favorable à cette nouvelle épreuve ».
Daniel Gibbs
Président