La France refuse d’accueillir l’ex-femme de Marc Dutroux
Michèle Martin: la révolte sur Facebook dépasse les limites
Un groupe a été créé sur le réseau social Facebook lundi, vers 13 heures. Mais alors que près de 100.000 personnes l’avaient rejoint, le groupe a été supprimé. Les messages de haine et de violence ont pris le dessus sur les autres.
Dès l’annonce de la possibilité pour Michèle Martin d’obtenir sa libération, la mobilisation a pris place sur internet. Divers groupes Facebook ont été créés contre la libération de Michèle Martin mais aussi pour l’organisation d’une “marche Noire” ou “Marche blanche”. Par ailleurs, des pétitions circulent.
Ce mardi midi, le groupe “contre la libération de Michèle Martin”, réunissait près de 100.000 personnes. Ce genre d’initiatives n’étant pas contrôlée, des dérives au niveau des commentaires ont été constatées.
Les messages de haine et de violence ayant pris le dessus, le groupe a été supprimé.
Michelle Martin en 2002. Crédits photo : THIERRY ROGE/REUTERS
Le ministère de la Justice a déclaré mercredi qu’il n’avait «pas l’intention de dire oui» à l’accueil dans un couvent français de Michelle Martin, l’ex-épouse et complice du meurtrier et pédophile belge Marc Dutroux. «Je n’ai pas l’intention de dire oui». Michel Mercier s’est montré catégorique, mercredi, face à l’éventualité que l’ex-femme de Marc Dutroux vienne s’installer en France dans le cadre de sa libération conditionnelle. «Nous n’avons pas été saisis par la Belgique, si c’est le cas nous appliquerons la convention qui lie la Belgique à la France, on regardera les choses», a expliqué le ministre de la Justice, avant de préciser que, pour sa part, il était hors de question de donner une suite positive à cette procédure.La justice belge a levé mardi le dernier obstacle à la libération de Michelle Martin, qui doit toutefois encore attendre le feu vert officiel de Paris pour se rendre dans un couvent français qui a accepté de l’accueillir. Cette ancienne institutrice de 51 ans avait été condamnée en 2004 à 30 ans de prison pour sa participation aux crimes commis dans les années 1990 par son ex-époux, lui-même condamné à la perpétuité sans possibilité de libération anticipée.
Un juge français en charge du suivi
L’annonce d’un possible transfert de Michelle Martin vers la France a suscité de vives protestations, y compris en Belgique. Pourtant, cette procédure est belle et bien possible au regard de la Convention européenne pour la surveillance des personnes condamnées ou libérées sous condition, établie en 1964. Ce texte (disponible ici) prévoit en effet que les pays européens s’aident mutuellement pour le reclassement social des délinquants sortant de prison.
Dans le cas de Michelle Martin, cela impliquerait qu’un juge français prenne intégralement en charge le dossier belge. Ce serait donc lui – et non la justice belge – qui s’occuperait de veiller à ce que la condamnée respecte les conditions de sa libération conditionnelle. Celle-ci prévoit notamment l’interdiction de parler à la presse, d’habiter près des proches des victimes où encore d’entrer en contact avec eux.
Pour autant, la France n’est pas obligée d’accepter. L’article 7 de la Convention stipule en effet qu’un pays peut refuser s’il considère que la procédure peut «porter atteinte à sa souveraineté, à sa sécurité, aux principes fondamentaux de son ordre juridique ou à d’autres de ses intérêts essentiels». Le ministère de la Justice pourrait décider de mettre cette idée en avant pour rejeter la demande de Michelle Martin. Auquel cas, celle-ci devra rester en prison le temps de reformuler une nouvelle demande de libération conditionnelle. En effet, elle ne peut pas sortir sans un logement et une promesse d’emploi.
«C’est une psychopathe»
Arrêtée en même temps que Marc Dutroux, en août 1996, Michelle Martin a passé près de 15 ans en prison, en comptant la détention préventive. Elle a été reconnue coupable d’avoir séquestré plusieurs des jeunes victimes du pédophile et d’avoir laissé mourir de faim les deux plus jeunes d’entre elles, Julie Lejeune et Melissa Russo, âgées de 8 ans, emmurées vivantes dans un cachot aménagé par le couple dans sa maison de Marcinelle, près de Charleroi.
Pol Marchal, le père d’An, une des victimes des Dutroux, a exhorté mercredi sur Europe 1 les autorités françaises à refuser la demande de Michelle Martin. «Je demande à genoux de ne pas accepter la demande du monstre qui a été un monstre pour ma fille et pour cinq autres filles. C’est une psychopathe. J’espère que la France ne va pas accepter cela».
Sources: Le Figaro, Reuters, RTL