NEW YORK : DSK “nie tous les faits”
Dominique Strauss-Kahn nie tous les faits qui lui sont reprochés, a déclaré dimanche son avocat à Washington
Le directeur général du FMI, détenu dans un commissariat de New York, a été inculpé dimanche d’agression sexuelle.
Une femme de ménage de l’hôtel où il était descendu à New York s’est plainte d’avoir été agressée par DSK alors qu’il sortait nu de de sa douche. Selon son avocat, il va plaider “non coupable”.
KahenIl devrait être présenté à un juge dans la journée. Il se trouve actuellement en détention dans un commissariat de New York.
Dominique Strauss-Kahn a été débarqué d’un vol Air France à destination de Paris dix minutes avant le départ. Il n’a pas été “menotté” lors de son arrestation, a précisé un porte-parole de l’autorité aéroportuaire new-yorkaise (source New York Times).
Il avait prévu une visite dimanche à Berlin et devait être reçu par la chancelière Angela Merkel. Il devait participer lundi à une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, puis prononcer un discours mercredi au 12e Forum économique de Bruxelles, un évènement organisé par la Commission de Bruxelles.
Le candidat socialiste préféré des sondages pour la présidentielle française “va être inculpé d’agression sexuelle, de séquestration de personne et de tentative de viol”, a affirmé samedi soir à la presse un responsable de la police de New York. L’inculpation devrait intervenir dans la nuit de samedi à dimanche (en tenant compte du décalage horaire), ou dans la journée de dimanche.
Vers 7h30, personne n’étaity joignable dans l’immédiat dans l’entourage de DSK en France. L’affaire devrait avoir des conséquences importantes pour les primaires au parti socialiste, et au-delà pour la course présidentielle.
Le récit des faits, selon la police
Une plainte le visant a été déposée samedi par une femme de chambre de 32 ans travaillant à l’hôtel Sofitel situé sur le 44e Rue Ouest, dans le coeur de Manhattan, a annoncé le porte-parole de la police new-yorkaise.
Selon le récit des faits fourni par le porte-parole, DSK serait sorti nu de la salle de bains de sa suite. Il aurait rejoint la femme de ménage dans la salle de séjour et l’aurait forcée à gagner la chambre où il aurait tenté de la violer.
La jeune femme a raconté s’être débattue, mais Dominique Strauss-Kahn l’aurait alors entraînée vers la salle de bains et aurait tenté de l’agresser sexuellement. Il aurait également tenté d’empêcher sa fuite en fermant à clef la porte de la chambre. La femme de chambre est parvenue à se dégager et à donner l’alerte. Elle a été conduite par le service des urgences médicales à l’hôpital Roosevelt où elle a été soignée pour des blessures superficielles, a poursuivi le porte-parole.
Selon plusieurs sources policières, DSK aurait quitté précipitamment l’hôtel Sofitel où il était descendu, en abandonnant son téléphone portable et ses effets personnels.
En 2008, l’ex-ministre de l’Économie socialiste, nommé le 1er novembre 2007 directeur général du Fonds monétaire international, avait été accusé d’avoir eu une liaison avec l’une de ses subordonnées, Piroska Nagy, cadre d’origine hongroise employée au département Afrique du FMI.Une enquête interne avait conclu que cette dernière n’avait bénéficié d’aucun traitement de faveur, et qu’il n’y avait pas eu “de harcèlement, ni de favoritisme ni aucun autre abus de pouvoir”. Elle lui avait aussi reproché une “grave erreur de jugement”. DSK avait dû présenter des excuses en reconnaissant cette “erreur de jugement”. L’affaire avait fait la une de la presse mondiale.
Sur son blog, l’épouse de Dominique Strauss-Kahn, la journaliste Anne Sinclair, avait écrit avoir “tourné la page” sur une “aventure d’un soir” et conclu: “nous nous aimons comme au premier jour”.
Accusations contre DSK : un précédent troublant
Dominique Strauss-Kahn aurait déjà tenté d’agresser sexuellement une femme. Dans «93, Faubourg Saint-Honoré» sur Paris Première, une émission aujourd’hui disparue, l’animateur Thierry Ardisson conviait des personnalités Banon, journaliste et romancière, raconte comment un homme politique français a tenté de la violer. La scène s’est déroulée avant 2002. L’émission a été diffusée en 2007, les 5 puis 20 février, elle a tourné sur la toile en 2008… au moment de l’affaire Piroska Nagy. La jeune femme donnait le nom de son agresseur, nom qui avait été couvert d’un long «bip» par la production.
Voix tonique et décidée, visage d’ange, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 31 ans, raconte avoir contacté DSK pour son premier livre, un essai qu’elle préparait sur les erreurs. «Ça s’est très mal passé. Le chimpanzé en rut», résume-t-elle au début de la séquence. L’entretien est décevant. «Si je pense que j’ai autre chose à vous dire, je vous rappelle. Il m’a rappelée», raconte l’écrivaine. Son interlocuteur lui donne une adresse qu’elle ne connait pas, alors qu’elle «connaît un peu sa vie». La maman de Tristane Banon, Anne Mansouret, est en effet une élue socialiste du département de l’Eure et de la région Haute-Normandie.
«Il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’enlever mon jean»
Tristane Banon raconte pénétrer dans «un appartement vide, avec un magnétoscope, une télé, un lit au fond, des poutres apparentes, très beau, il a bon goût». Puis elle relate que pour son interview, enregistrée sur un magnétophone, il «a voulu que je lui tienne la main pour répondre, puis le bras… On a fini par se battre, on s’est battu au sol, j’ai donné des coups de pied, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’enlever mon jean. (…) Quand on se battait, j’ai dit le mot «viol» pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur».
Autour de la table, Ardisson se délecte, le comédien Roger Hanin est catastrophé. Sont également présent à ce dîner : Jacques Séguéla, Thierry Saussez, Jean-Michel Aphatie et Claude Askolovitch, soit deux publicitaires et deux journalistes, tous travaillant avec des politiques. Tristane Banon affirme encore avoir constitué un dossier pour porter plainte pour agression sexuelle, et avoir sollicité un avocat «très connu qui avait une pile de dossiers sur lui». Mais elle n’est pas allée plus loin : «Je n’ai pas osé, je ne voulais pas être jusqu’à la fin de mes jours la fille qui avait eu un problème avec un homme politique».
Source France2 / Leparisien.fr