ASSUMER NOS RESPONSABILITES
J’entends mon pays. Le commerce ne fonctionne plus, le BTP est au bord du gouffre, le chômage gonfle, l’insécurité s’installe, les échanges économiques s’effondrent, les financements disparaissent, la trésorerie des entreprises n’existe plus, le tourisme ne reprend plus, le dollar nous écrase, nos paysages s’enlaidissent, la saleté et les carcasses de voiture nous envahissent. Tous ceux qui nous parlent demandent : emplois, travail, formation, financement, application des lois. Notre population n’a plus d’espoir devant l’appauvrissement général.
Poussés dans leurs retranchements par la société civile qui manifeste son mécontentement et appelle des solutions d’urgence, les décideurs, incapables d’en proposer, répondent « ce n’est pas notre faute ». Comment des décideurs politiques peuvent-ils se laver les mains de toute responsabilité dans la grave crise financière, économique et sociale qui frappe Saint-Martin ?
Comment des décideurs politiques responsables peuvent-ils rejeter la faute sur la Commune, l’Etat, l’explosion démographique, le système social ou, même, le laxisme général ? C’est à se demander, à les lire ou les entendre, si quelqu’un a gouverné ici depuis 2007 !
Soyons clairs ! Attaquez la Commune et le maire relève d’une certaine lâcheté. Nos décideurs actuels semblent, comme par enchantement, découvrir, aujourd’hui, que l’accompagnement promis par l’Etat dans notre passage à l’article 74, n’a pas été souvent au rendez-vous. Mais qui était conseiller général ? Qui négociait à Paris ? Qui prétendait que tout cela serait réglé grâce à ses contacts en « haut lieu » ? Pas le maire ! Cette Commune aujourd’hui montrée du doigt n’a-t-elle pas laissé un bilan positif de l’ordre de 28 millions d’euros ?
Notre situation actuelle n’est pas née du hasard. Il revient, me semble t-il, en tout pays, aux hommes et aux femmes politiques qui gouvernent d’assumer leurs responsabilités. Ainsi, j’assume le fait d’avoir participé à la gouvernance sur la liste élue en 2007. C’est parce qu’à mon avis cette majorité tournait le dos à ses promesses et engagements, qu’avec d’autres collègues, nous avons décidé de créer l’Union pour la démocratie.
On a beau, maintenant, prétendre que la Collectivité n’est plus menée par le sénateur depuis son inéligibilité de 2008, tous les saint-martinois savent très bien où est la vérité. Si preuve il fallait, la tentative du président de nommer le sénateur comme son conseiller spécial en septembre 2010, tentative rejetée par le préfet comme contraire à la loi, parle par elle-même. Le fait que tous les rapports avec l’État en ce qui touche les problèmes financiers aient étés confiés à un seul homme est un autre aveu de pouvoir réel. Georges Gumbs, président du CESC, disait lors du dernier Conseil territorial, que le refus du Président de s’appuyer sur le pouvoir moral des membres de cet organisme auprès des autorités françaises, avait totalement fragilisé le poids de la Collectivité à Paris. Je partage cette opinion. Lorsque l’on peut bénéficier de l’appui de l’ensemble des forces vives, il est absurde de ne pas s’en servir. Non seulement ne s’en sont-ils pas servis, mais ils ont continué à nous dire qu’ils avaient les choses bien en main. Leur stratégie face à Paris à totalement échoué et cet échec plonge Saint-Martin dans l’inconnu. Que ces décideurs rejettent la responsabilité de leurs actes sur les autres ou publient un historique aménagé à son profit, rien ne changera la vérité !
Comment peut-on retenir dans le secret, pendant presque deux ans, un Rapport aussi vital pour notre présent et notre avenir que celui de l’Inspection générale des Finances de 2009? Ceux qui l’ont caché portent une grande responsabilité dans l’impasse financière dans laquelle nous nous trouvons. A la lumière de ce rapport nous aurions pu et forcer l’État à tenir parole et réformer le fonctionnement de la Collectivité. Quel intérêt y avait-il donc pour ne pas être transparent?
Oui la crise économique mondiale a frappé Saint-Martin, oui Saint-Martin a connu une explosion démographique, oui ces facteurs ont créé des problèmes auxquels il faut apporter des solutions, oui ces problèmes sont importants, oui apporter des solutions demande des efforts. Mais à quoi servent des décideurs qui ne sont pas capables de solutionner de tels problèmes ?
Tout cela nous ramène TOUJOURS à la responsabilité des décideurs.
DANIEL GIBBS