Justice: Colonna : “J’ai jamais tué personne”

Rédaction
Par Rédaction 20 Juin 2011 15:04

Justice: Colonna : “J’ai jamais tué personne”

Yvan Colonna a réaffirmé lundi matin son innocence dans l’assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac, avant que la cour d’assises spéciale de Paris, qui le juge une troisième fois, se retire pour délibérer.

Il a pris la parole une dernière fois ce matin, avant que la cour d’assises spéciale de Paris ne se retire pour délibérer. Yvan Colonna a de nouveau clamé son innocence lundi en déclarant qu’il “n’a jamais tué personne”. Le berger corse saura avant la fin de la journée s’il est condamné une troisième fois pour l’assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac, ou si ses juges l’acquittent au bénéfice du doute, comme l’a demandé la défense.  “J’ai envie de rentrer chez moi” “J’ai jamais tué personne, j’ai jamais pensé tuer quelqu’un, j’ai jamais imaginé participer au meurtre de quelqu’un”, a déclaré Yvan Colonna, 51 ans, vêtu d’un T-shirt blanc à manches longues et d’un pantalon sombre, dans une déclaration d’une dizaine de minutes pendant laquelle il a dit son “stress” et sa “peur”. “Je n’ai pas participé à l’attaque de la gendarmerie de Pietrosella, ni à l’assassinat du préfet Erignac”‘, a-t-il poursuivi. “Je vous demande tout simplement de me croire, parce que c’est la vérité. Je ne vais pas vous supplier, ça ne se fait pas”, a-t-il dit aux neuf magistrats professionnels qui composent la cour. “Je suis innocent”, a-t-il conclu. “Je suis fatigué, très fatigué de me battre depuis des années. J’ai envie de rentrer chez moi, de retrouver un peu de paix”. La cour d’assises spéciale de Paris s’est retirée pour délibérer à 10H41. Le verdict, attendu en fin d’après-midi ou dans la soirée, sera motivé, une première pour une cour spécialement composée pour les affaires de terrorisme. Le berger de Cargèse a été condamné deux fois à perpétuité pour l’assassinat du préfet, le 6 février 1998 à Ajaccio, et pour l’attaque en septembre 1997 de la gendarmerie de Pietrosella, où l’arme du crime avait été dérobée. Le verdict d’appel en 2009, alourdi d’une période de sûreté de 22 ans, a été annulé par la Cour de cassation pour vice de forme. Les “irrégularités” de l’enquête Pour la troisième fois, le ministère public, qui le considère comme le tireur, a requis la réclusion criminelle à perpétuité, dont 22 ans de sûreté. En l’absence d’éléments matériels, l’accusation repose principalement sur les mises en cause d’Yvan Colonna par plusieurs des six membres du commando condamnés en 2003 pour le crime, et par leurs épouses. Faites durant leurs gardes à vue en mai 1999 et réitérées devant un juge d’instruction, ces accusations n’ont été rétractées que des mois, voire des années plus tard. La cavale de quatre ans de Colonna est aussi considérée comme un élément à charge. Ses avocats ont plaidé l’acquittement, insistant sur les “irrégularités” de l’enquête et les “turpitudes” des policiers qui l’ont dirigée, et ont dénoncé une instruction menée uniquement “à charge”. Ils ont demandé à la cour de ne pas “sacraliser” la parole des accusateurs d’Yvan Colonna, auxquels la police aurait selon eux “soufflé” son nom car ils le soupçonnaient “depuis décembre 1998”. L’accusé a tenté de montrer une nouvelle image de lui-même, plus personnelle, sans rien renier de ses convictions nationalistes.

La fameuse lettre Alors qu’il avait jusqu’à présent nié toute connaissance du “groupe des anonymes” qui a revendiqué l’assassinat, il a admis que son ami Pierre Alessandri -l’un des six membres du commando condamnés en 2003- lui avait proposé d’en faire partie peu après l’attaque contre Pietrosella. Il a assuré avoir “décliné l’invitation” et n’avoir par la suite “jamais posé une question, jamais cherché à savoir”.

Auditionnés fin mai, certains membres du commando ont dit avoir eu de la “rancune” et “peut-être même de la haine” envers Colonna, en raison de ce refus et à cause d’une rumeur selon laquelle il aurait été un informateur du préfet Bernard Bonnet. Mais comme aux deux premiers procès, leurs silences et non-dits ont pesé. “Même leurs rétractations sont des accusations”, a regretté l’un des avocats d’Yvan Colonna, Me Pascal Garbarini. “Chaque fois, ils lui mettent le coup de pied de l’âne et l’enfoncent encore plus”. Ainsi, Pierre Alessandri a réaffirmé être le tireur mais ses explications, lors du transport de justice organisé le 6 juin à Ajaccio, ont été en contradiction avec toutes les constatations matérielles, notamment les expertises balistiques.

Le procès a aussi été marqué par la divulgation, le 27 mai, d’une lettre attribuée à Colonna, qui menaçait de “guerre” Pierre Alessandri s’il ne le disculpait pas de façon convaincante. Colonna a contesté l’avoir écrite.

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