« Tant que je serai ministre de l’Agriculture, a déclaré il y a quelques jours Bruno Le Maire, les farines animales ne seront pas réintroduites en France ». Pourtant, alors que l’alimentation du bétail connaît une inflation record du fait de la flambée des céréales, le sujet aurait peut-être mérité d’être observé de plus près. Depuis dix ans que les « farines animales » ont été complètement interdites dans l’alimentation du bétail en Europe, on a non seulement brûlé des tonnes de stocks mais aussi totalement réformé la filière des déchets animaux. Sont définitivement condamnés à la destruction les animaux morts de toute espèce et tous les déchets d’organes potentiellement cibles de la maladie à prions, comme la moelle épinière.
Transformées en farines dites « de viande et d’os », tracées au trieptane de glycérol, elles sont incinérées dans les cimenteries. Seules sont récupérées les chutes de découpes de viande sur des animaux sains, propres à la consommation humaine mais peu présentables. On sépare la graisse des protéines qui sont déshydratées et broyées. Ce sont ces « protéines animales sécurisées », comme les appellent aujourd’hui les industries de la viande. Ils pourraient être réintroduites un jour en Europe dans la nourriture des animaux non pas ruminants mais omnivores, à savoir les poissons de la famille des saumons, les volailles et les porcs.
On en est encore loin puisqu’il aura fallu mettre au point des tests ADN fiables qui s’assurent que les protéines de porcs ne sont pas données aux cochons et que celle de volailles ne sont pas données aux poules et poulets, comme l’a exigé le Parlement européen. En attendant, ces protéines animales se retrouvent dans les pâtées et croquettes pour chiens et chats. Quant aux graisses animales, la France les expédie en Allemagne ou en Belgique où les éleveurs ont, eux, le droit de les donner aux poules, aux cochons et même aux veaux, comme substitut du lait maternel. En France, c’est de l’huile de palme, que l’on incorpore à la tétée.