Grèce : l’Europe retient son souffle
L’examen du plan d’austérité grec au Parlement, qui conditionne le versement d’un plan d’aide de la part du FMI et de l’UE, a débuté lundi, pour un vote prévu mercredi. Les syndicats grecs ont lancé un appel à une grève de 48 heures mardi et mercredi.
La Grèce, et l’Europe avec elle, vit trois jours décisifs. L’examen du plan d’austérité au Parlement, débattu pour l’essentiel mardi, a en effet débuté lundi après-midi, pour un vote prévu mercredi. Il sera en tout état de cause suivi jeudi d’un vote sur la loi d’application contenant les mesures spécifiques permettant sa mise en oeuvre. Mais son approbation est loin d’être acquise. Outre l’opposition, le gouvernement se heurte à des réticences au sein de ses propres rangs. Au moins trois députés du Pasok – parti socialiste – ont déjà manifesté leur opposition, voire leur franche hostilité, aux coupes claires dans les dépenses, à la hausse de la fiscalité et aux privatisations envisagées. Le gouvernement ne dispose donc plus que d’une majorité de 152 députés sur 300, soit une très courte majorité. Le vote dira alors si ses appels à l’unité nationale répétés auront suffi pour éviter de nouvelles défections. pictoLa dette des pays riches va-t-elle mener à une “catastrophe” ? pictoLa Grèce confirme un accord avec UE et FMI sur l’austérité pictoLe gouvernement grec pris en étau ? pictoGrèce : une aide sous condition Plus d’infos Pour protester contre les mesures d’austérité, rejetées, selon les sondages, par les trois quarts de la population, les syndicats ont lancé un appel à une grève de 48 heures à partir mardi et mercredi. De nombreuses entreprises, dont la compagnie d’électricité PPC promise à une privatisation partielle, connaissent déjà des arrêts de travail. Des manifestants ont déployé lundi une vaste banderole devant l’Acropole, sur laquelle on pouvait lire en anglais : “Le peuple a le pouvoir, il ne se soumettra jamais”. Condition sine qua none pour l’UE et le FMI Pour le gouvernement, les enjeux du vote sont de taille. En effet, l’Union européenne et le Fonds monétaire international ont prévenu qu’ils ne verseraient pas la cinquième tranche, d’un montant de 12 milliards d’euros, du plan d’aide (d’un montant total de 110 milliards d’euros) élaboré en 2010 pour sauver la Grèce de la faillite si cette dernière ne renforçait pas sa politique d’austérité par des mesures fortement impopulaires d’ici le 3 juillet. Le second plan d’aide, estimé lui aussi à environ 110 milliards d’euros, est également dépendant de ce vote. L’opposition conservatrice a d’ores et déjà rejeté les appels à l’unité nationale lancés par les dirigeants de l’Union européenne. “Je crois que (le plan d’austérité) sera adopté. Il y a des inquiétudes, il y a de l’angoisse, mais par-dessus tout, il y a une vision partagée au sein du groupe parlementaire du Pasok qu’il faut assumer une responsabilité commune”, a rassuré le ministre de la Défense, Panos Beglitis, à la chaîne de télévision Skai TV. Tout en agitant le chiffon rouge de la faillite : “Un rejet du plan plongerait immédiatement le pays dans de grandes difficultés, dans la banqueroute et le défaut de paiement”, a-t-il ajouté. Des élections législatives anticipées, inévitables en cas de rejet du plan, seraient une catastrophe pour la Grèce, a-t-il prédit. “Plan B” de la zone Euro ? Ce week-end, plusieurs figures européennes ont exprimé leurs inquiétudes face à une possible déstabilisation de la zone euro et une contagion au système financier si le plan d’austérité était rejeté, et, de fait, le sauvetage de la Grèce annulé. “Nous devrions nous assurer rapidement que le risque d’une contagion du système financier et de tous les pays de la zone euro serait maîtrisée”, s’est inquiété le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble dans le journal dominical allemand Bild am Sonntag. Plus pessimiste encore, le milliardaire et investisseur George Soros a jugé dimanche probablement inévitable qu’un pays finisse par sortir de la zone euro, et a appelé les décideurs européens à établir un “plan B” susceptible de sauver l’UE d’un effondrement économique. Pour tenter de favoriser une sortie de crise, la zone euro plancherait sur un plan de secours, qui pourrait intervenir dès juillet. Ce plan est distinct d’une proposition française visant à organiser une contribution du secteur privé à un second programme de soutien à la Grèce. “Il y a une réflexion en cours sur un plan de contingence depuis un certain temps, plusieurs semaines”, a expliqué l’une des sources. “Dans ce type de situation, il n’est pas permis de ne pas réfléchir à ce qui peut arriver et à ce qu’il faut faire”, a ajouté la source. Deux autres sources ont confirmé que les discussions sur un “plan B” s’étaient accélérées au cours des derniers jours, en dépit des déclarations publiques de la Commission européenne rejetant cette perspective.