Jours de colère en Grèce contre l’austérité
Manifestations, guichets fermés, coupures d’électricité… : alors que les députés grecs examinent les nouvelles mesures d’austérité réclamées par les bailleurs de fonds internationaux comme préalable au versement de la prochaine tranche d’aide, le pays entier est en grève pour deux jours.
Pour le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, l’adoption par les députés grecs du nouveau plan d’austérité, préalable indispensable au versement de la prochaine tranche de l’aide internationale, est tout simplement “le seul moyen d’éviter un défaut de paiement immédiat” de la Grèce. Alors que les tractations se multiplient au niveau européen pour tenter de construire de complexes mécanos financiers, il a prévenu mardi matin : en l’état, “il n’y a pas de plan B“.
Un message en forme d’ultimatum que refuse pourtant une bonne partie de la Grèce. Elle a entamé mardi matin 48 heures d’une grève, doublée de manifestations, paralysant tout le pays, pour marquer le refus de la population de nouveaux sacrifices, après une sévère cure d’austérité qui s’est déjà traduite par la récession la plus dure pour le pays depuis 37 ans, avec un produit intérieur brut en recul de 4% l’an passé. Le chômage a atteint le niveau record de 16,2% en mars pour l’ensemble de la population active, et de 43% chez les jeunes.
Manifestations:
Conséquence de cette grève, la 4e de l’année, décrétée par les deux grands syndicats GSEE (salariés du privé) et Adedy (fonctionnaires), et touchant tous les secteurs, ce mardi, à part le métro, les transports en commun à Athènes ne fonctionnaient pas, et les rues restaient relativement vides, beaucoup de gens renonçant à venir travailler. Des banques sont également fermées et les hôpitaux vont fonctionner avec du personnel d’astreinte. Les journalistes ont annoncé des arrêts de travail de cinq heures mardi et mercredi en début d’après-midi, qui affecteront journaux radiotélévisés et sites internet d’information.
Dans les aéroports, de nombreux vols intérieurs des deux compagnies grecques, Aegean et Olympic Air, ont été annulés en raison de mots d’ordre de grève des contrôleurs aériens. Au Pirée, le port proche d’Athènes qui relie la plupart des îles grecques au continent, le principal syndicat de marins n’était pas en grève alors que démarre la saison touristique vitale pour l’économie du pays. Néanmoins, des militants du Pame (syndicat communiste) et d’un syndicat local de salariés du Pirée ont installé des piquets de grève devant les ferries pour bloquer les départs. A la mi-journée, une manifestation organisée par les syndicats a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Athènes.
Les critiques du gouverneur de la Banque de Grèce
Pour ne rien arranger, le gouvernement socialiste a reçu une critique à peine déguisée de la bouche du gouverneur de la Banque de Grèce George Provopoulos qui estime que le plan d’austérité – que le Premier ministre a appelé solennellement à voter lundi soir en faisant appel à l’esprit patriotique des députés – contenait trop de hausses d’impôts et pas assez de réduction de dépenses. “Continuer d’empiler plus d’impôts sur les épaules des contribuables a atteint ses limites“, a-t-il dit dans une interview.