Dominique Strauss-Kahn libéré sur parole
Le New York Times avait fait savoir en matinée que les accusations contre Dominique Strauss-Kahn étaient sur le point de s’effondrer. Un mois et demi après l’arrestation de DSK pour tentative de viol présumée d’une femme de chambre, l’affaire “est sur le point de s’effondrer, les enquêteurs ayant découvert des lacunes majeures dans la crédibilité” de l’accusatrice, rapporte le New York Times.
Ce coup de théâtre pourrait se confirmer à 17h30 (heure suisse) lorsque DSK comparaîtra devant le tribunal pénal de Manhattan pour une audience annoncée jeudi soir à la surprise générale. Le prochain rendez-vous judiciaire n’était en effet pas attendu à l’origine avant le 18 juillet.
Conditions allégées
Selon le très sérieux quotidien américain, “le juge Michael Obus devrait étudier la possibilité d’alléger les conditions exceptionnelles de la mise en liberté surveillée qu’il a imposées à Dominique Strauss-Kahn dans les jours qui ont suivi son inculpation”. L’ancien favori de la présidentielle française, qui a plaidé non-coupable le 6 juin, “pourrait être relâché” et “libéré de son assignation à résidence, car il est peu probable que des accusations graves se concrétisent contre lui”, écrit le NYT.
Dominique Strauss-Kahn, qui vient d’être remplacé par Christine Lagarde à la tête du FMI, “aurait le droit de voyager à l’intérieur des Etats-Unis”, le juge conservant toutefois son passeport.
Selon le journal, qui cite deux enquêteurs, il ne fait pas de doute qu’une relation sexuelle a bien eu lieu entre l’ancien directeur général du Fonds monétaire international et la femme de chambre guinéenne de l’hôtel Sofitel à Manhattan. Mais “les procureurs ne croient pas grand-chose de ce que l’accusatrice leur a dit à propos des faits ni à propos d’elle-même”.
Les avocats de la défense et le bureau du procureur n’étaient pas joignables vendredi pour confirmer ces informations.
Mensonges à plusieurs reprises
Toujours d’après le NYT, les enquêteurs ont la conviction que la femme de chambre âgée de 32 ans leur a menti “à plusieurs reprises” depuis le début de l’affaire le 14 mai. Ils la soupçonnent d’être impliquée dans des activités criminelles telles que trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent sale. Plusieurs individus ont déposé, au cours des deux dernières années, de l’argent liquide, pour un total de 100’000 dollars, sur son compte en banque.
Elle aurait aussi menti à propos de sa demande d’asile aux Etats-Unis, où elle vit depuis 2002. Lors d’une conversation téléphonique avec un détenu, “elle a discuté de l’intérêt de poursuivre les accusations” contre Dominique Strauss-Kahn, ajoute le quotidien. Rien ne permet cependant d’affirmer que l’ancien ministre aurait été victime d’une machination ourdie par des rivaux politiques, selon les enquêteurs cités par le New York Times.
Calme devant la résidence surveillée
Dès le début de l’affaire, les avocats de Dominique Strauss-Kahn avaient laissé entendre qu’ils tenteraient de décrédibiliser le témoignage de la jeune Guinéenne. Mais les informations sur ses relations troubles ont été découvertes par l’accusation, écrit le NYT. Le procureur et la défense ont discuté jeudi d’un éventuel abandon des poursuites criminelles et de leur remplacement par un simple délit, mais les avocats de Dominique Strauss-Kahn devraient rejeter une telle éventualité, ajoute le journal.
En attendant, tout était calme devant la résidence où Dominique Strauss-Kahn vit sous haute surveillance dans le sud de Manhattan, pour une somme astronomique évaluée à 250’000 dollars par mois.
Sans que l’on sache si cela est ou non en rapport avec l’affaire DSK, le NYT a par ailleurs annoncé que la responsable du service de répression des crimes sexuels à Manhattan avait démissionné mercredi après avoir occupé ces fonctions pendant 10 ans. Mais Lisa Friel ne semble pas avoir joué un rôle de premier plan dans l’affaire, selon le quotidien.