Les regrets d’Hermann Fuster, l’agresseur de Nicolas Sarkozy

Rédaction
Par Rédaction 12 Juil 2011 06:59

Les regrets d’Hermann Fuster, l’agresseur de Nicolas Sarkozy

Hermann Fuster épinglé

«C’était plutôt un coup de gueule qu’un poing dans la gueule, les gens qui me connaissent savent que je ne suis pas violent» : Hermann Fuster, qui a brutalement agrippé par la veste Nicolas Sarkozy le 30 juin, a été condamné à six mois de prison avec sursis, quittant libre le tribunal d’Agen.

Fonctionnaire depuis six ans au conservatoire d’Agen (Lot-et-Garonne), Hermann Fuster est devenu en quelques secondes « l’agresseur » de Nicolas Sarkozy. Il a accepté de s’exprimer « pour la première et dernière fois » sur cet épisode qu’il « regrette sincèrement », souhaitant désormais tourner la page.

 Quelle était votre intention en vous rendant à ce déplacement?
HERMANN FUSTER.
Je n’avais aucune idée précise en tête. Quand j’ai su que Sarkozy venait dans la région, je me suis dit qu’il y aurait des gens qui manifesteraient en marge du déplacement, comme on le voit souvent. Mon seul objectif était de me mêler à un tel rassemblement. Mais, quand je suis arrivé, il n’y avait aucune manifestation de ce type. Du coup, j’ai décidé que j’allais lui exprimer mon mécontentement en face. J’avais juste envie de lui dire que je n’aimais pas sa politique. Il n’a jamais été question de l’agresser.Comment avez-vous réussi à contourner le dispositif de sécurité?
J’ai essayé de passer une première fois par une entrée du village gardée par des gendarmes, qui m’ont refoulé. J’ai trouvé une autre entrée plus loin et, cette fois, c’est le service de sécurité de l’Elysée qui m’a repéré. Ils m’ont dit : « T’as pas de carte UMP, tu rentres pas. » Je m’apprêtais à retourner chez moi quand j’ai aperçu un chemin de terre privé assez large qui semblait mener au centre-ville et qui, à ma grande surprise, n’était pas gardé. Au bout, j’ai distingué une foule qui se pressait derrière des barrières. Je me suis approché, et je suis resté là à attendre le président.Personne ne vous a posé de questions?
Non, mais je sentais bien que les services de sécurité me surveillaient du coin de l’œil. Avec mon look rock et mes cheveux longs, je n’avais pas vraiment la tête d’un militant UMP local. Dans les minutes qui ont précédé l’arrivée de Sarkozy, quatre gardes se sont discrètement postés derrière moi, prêts à intervenir.

Que s’est-il passé quand Sarkozy est arrivé?
Je me suis dit qu’il fallait que j’attire son attention d’une manière ou d’une autre. A ce moment précis, j’étais encore assez en retrait. Il fallait que je réussisse à me frayer un chemin jusqu’aux barrières de sécurité. J’ai demandé à un homme qui se tenait devant moi de me laisser le passage, en lui disant sur le ton de la plaisanterie : « Excusez-moi, je voudrais juste lui mettre mon poing dans la gueule. » Il a compris que c’était une blague et m’a laissé passer. Lorsque Sarkozy est arrivé à ma hauteur, j’étais aux premières loges.

C’est à ce moment-là que vous l’avez agrippé…
Ce n’était pas mon intention. J’ai d’abord tenté de lui serrer la main pour engager la conversation. Il est passé devant moi sans la serrer. Du coup, j’ai voulu lui taper sur l’épaule, toujours avec cette idée d’attirer son attention. Mais, au moment où ma main a touché son costume, les gardes postés derrière moi m’ont attrapé et projeté en arrière. Comme toute personne qui bascule en arrière, j’ai tenté de m’accrocher à quelque chose pour éviter de tomber. J’ai donc saisi l’épaulette de Sarkozy en l’entraînant dans ma chute. Ce qui apparaît comme une agression était en fait un réflexe humain.

Comment les gardes vous ont-ils traité?
Très correctement. Ils m’ont immobilisé et passé les menottes sans rien me dire. Ils étaient assez fermes dans leur façon de faire, mais pas violents. Après tout, ils ne faisaient que leur travail.

Que s’est-il passé ensuite?
J’ai été conduit à la gendarmerie. Ce sont les gendarmes qui m’ont dit que la scène avait été filmée et passait en boucle dans les médias. J’étais estomaqué : tout ça prenait des proportions dingues. Je me suis dit que j’avais fait une grosse connerie. Le lendemain, j’ai comparu devant le tribunal. Ce n’était pas un moment facile car je suis quelqu’un de réservé, mais la présence de tous ces gens, amis et anonymes, venus me soutenir m’a donné la force de m’expliquer. Quand j’ai entendu le délibéré, j’étais soulagé de ne pas aller en prison.

Regrettez-vous ce geste?
Oui, parce que je n’avais aucune intention d’être brutal. Je ne visais pas l’homme, mais sa politique. Ma colère est celle de beaucoup de citoyens lambda. Nicolas Sarkozy avait promis qu’on gagnerait plus d’argent en travaillant plus, qu’il n’y aurait plus de SDF dans les rues, que le chômage baisserait… Et ces guerres financées à coups de milliards alors que tant de gens sont dans le besoin. Ça me met en colère.

Qu’allez vous faire maintenant?
Je suis en attente de mon conseil de discipline. J’adore mon travail au conservatoire, le contact avec les élèves, les professeurs. Je n’ai jamais compté les heures. Sur le plan personnel, cette histoire a eu un impact positif : j’ai arrêté de fumer du cannabis et je sors davantage avec des amis au lieu de rester seul chez moi. Je ne donnerai pas suite à d’éventuelles sollicitations politiques ou médiatiques. Je n’ai aucune envie de devenir un porte-drapeau de l’antisarkozysme. Je veux juste reprendre une vie normale.

Si vous pouviez vous adresser à Sarkozy, que lui diriez-vous?
Je lui présenterai mes excuses. Je ne suis pas quelqu’un de violent et je n’avais pas l’intention de l’agresser. Mais je lui dirais aussi d’écouter les gens qui l’ont élu. Je n’ai pas voté pour lui, mais je pense à tous ces ouvriers qui ont cru en ses promesses et qui sont aujourd’hui déçus.

 
Sxminfo: Bon ça va il n’a pas pris un gros pruneau à Agen!
 
 
Source: LE PARISIEN
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Par Rédaction 12 Juil 2011 06:59

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