france : Fillon cible des attaques de la gauche, deux ministres à sa rescousse
François Fillon a continué samedi à être la cible de la gauche pour ses propos contre la candidate écologiste Eva Joly, tandis qu’à droite, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez ont dénoncé “une tentative acrobatique” de l’opposition “pour se ressouder” et un “écran de fumée”.
Le Premier ministre avait enflammé vendredi la polémique en reprochant, depuis Abidjan, à la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts de ne pas avoir “une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française”.
Mme Joly venait de proposer de supprimer le défilé militaire du 14 juillet pour le remplacer par un défilé “citoyen”.
Alors qu’à gauche, sa suggestion avait peu enthousiasmé, hormis les Verts, dès lors les déclarations du Premier ministre ont mis tout le monde d’accord dans l’opposition.
Dans la nuit de vendredi à samedi, Martine Aubry, candidate à la primaire PS pour 2012 qui n’avait pas réagi dans un premier temps, a accusé M. Fillon de “bafouer les fondements et les valeurs de notre République” et de “rejoindre les thèses du Front national qui distinguent les Français selon leur origine”.
La polémique s’est poursuivie samedi sur le terrain de la binationalité –Mme Joly est franco-norvégienne– et de la distinction faite implicitement par le Premier ministre entre les Français de naissance et naturalisés.
L’ex-magistrate s’est défendue de nouveau en qualifiant d'”hypocrisie dangereuse” la démarche de M. Fillon qui prétend “défendre la République en agitant le démon des origines”.
Les propos du Premier ministre “puent la xénophobie”, s’est exclamé Manuel Valls, candidat à la primaire PS. “Moi, je suis naturalisé, je suis député et candidat à la présidentielle et nous n’aurions pas à nous exprimer sur n’importe quel sujet!”, a-t-il dit.
Et Mme Aubry de s’étonner samedi du silence de Nicolas Sarkozy: “Je ne comprends pas d’ailleurs que le président de la République n’ait pas réagi”.
Après le patron de l’UMP Jean-François Copé la veille, la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse est venue à la rescousse de M. Fillon, en jugeant qu’il s’agissait “d’une tentative acrobatique de la gauche pour se ressouder après les propos extrêmement malheureux d’Eva Joly en détournant ceux tenus par le Premier ministre”.
M. Fillon, a-t-elle dit à l’AFP, “n’a absolument pas mis en cause Mme Joly”, il “n’a fait que rappeler que le défilé du 14 juillet c’est l’âme de la France qui s’exprime”.
De même, Laurent Wauquiez (Enseignement supérieur) a dénoncé “l’écran de fumée” de la gauche “pour tenter de faire oublier (la) proposition scandaleuse qui discrédite leur principale alliée”. “Ce qu’a dit François Fillon, c’est que, contrairement à d’autres pays européens comme la Norvège (…), le défilé du 14 juillet est au coeur de notre tradition républicaine”, a-t-il ajouté.
Enervé, le Premier secrétaire du PS par intérim, Harlem Désir, a lancé une mise en garde au Premier ministre: “M. Fillon, ne sortez pas la culture française comme un revolver contre Eva Joly, contre vos adversaires!”.
François Hollande, candidat à la primaire PS, qui avait déjà réagi vendredi, a lancé: “sa nationalité serait trop fraîche pour qu’elle comprenne les valeurs de la France, ou l’histoire de France? Et ça, je ne peux pas l’accepter”.
A gauche, seule voix discordante, celle de Jean-Pierre Chevènement (MRC) sur Mme Joly: “La nature de la France lui échappe sans doute. Peut-être lui faut-il encore un peu d’accoutumance”.
L’ex-Premier ministre Dominique de Villepin s’est ému de ces “polémiques souvent sciemment entretenues” à droite et à gauche, quand “l’euro s’effondre” et “l’Etat se délite”.
Source AFP – De Sylvie MALIGORNE