Football – Coupe du Monde Féminine

Le Japon a remporté son premier Mondial féminin en 2011. Les Asiatiques ne partaient pas favorites mais ont su déjouer les pronostics en reversant les plus grandes nations. Avec un jeu plébiscité et une belle force de caractère, elles ont su passer outre la catastrophe de mars dernier.

Quatrième aux Jeux Olympiques 2008, quatrième au classement FIFA avant de se rendre en Allemagne, le Japon a continué son ascension jusqu’à atteindre les sommets. Les Nippones avaient déjà pris part aux cinq premières Coupes du monde, mais n’avaient jamais fait mieux qu’un quart de finale, en 1995. En 2011, elles ont sauté plusieurs étapes en battant les Etats-Unis en finale (2-2, 3 tab 1). A chaque match couperet, le Japon a créé la surprise en accrochant notamment à son tableau de chasse les doubles championnes du monde et les doubles championnes olympiques en titre. Avant la finale, jamais les Japonaises n’avaient battu les USA en 25 confrontations, avec seulement trois nuls obtenus.

Mais les Nippones ont montré du caractère. Contre la Suède, les Nadeshiko avaient su retourner la situation après avoir encaissé le premier but. Cette fois, elles sont revenues au score deux fois, aux moments où la situation paraissait plus que compromise. L’efficacité japonaise dans la compétition s’est illustrée avec un but tous les 2,75 tirs cadrés, le meilleur ratio des équipes issues des poules. Le Japon termine deuxième meilleure attaque, avec deux buts en moyenne par match. Ce réalisme a fui la France lors de ces dernières rencontres, et les Etats-Unis ce dimanche alors qu’il avait fait leur force jusque-là.

Sawa en chef d’orchestre

Le symbole de ce sacre japonais, le premier d’une nation asiatique, est Homare Sawa. Après 18 ans en équipe nationale et pour sa cinquième Coupe du monde, c’est elle qui a arraché la prolongation à la 117e minute. Son cinquième but en six matchs lui permet en même temps de remporter le titre de meilleure buteuse de la compétition, et celui de meilleure joueuse. Mais le Japon est également un collectif performant. Son jeu a été décrit par les observateurs comme s’approchant de celui du Barça. “Le Japon est à l’aise avec le ballon, elles ont gardé leur style, leur technique. C’est bon pour le développement du football féminin”, a déclaré juste après le match Pia Sundhage, sélectionneuse des Etats-Unis.

Les Japonaises ont aussi eu la capacité de faire déjouer leurs adversaires. Les grandes favorites allemandes, à domicile, ont paru impuissantes durant 120 minutes. La même impression s’est dégagée en demi-finale, contre la Suède. Si Schelin a posé beaucoup de problèmes à la défense française en petite finale, elle a été complètement muselée. Un seul tir suédois a été effectué lors des 84 premières minutes, avec aucune occasion franche à part le but inscrit. Cela a toutefois moins été le cas lors de cette finale, surtout en première période. “Il y a eu des choses décevantes”, a concédé le sélectionneur japonais. Mais une grosse discipline défensive, avec notamment un repli éclair, a tout de même pesé.

La victoire de tout un pays

Quatre mois après le drame qui a frappé le nord du Japon, des évènements pesants dans les têtes des Nippones, ce succès est d’autant plus retentissant. “Avant le match, nous avons vu à la télévision des reportages à propos de ce qui se passe au Japon. Nous voulons remercier les gens au Japon pour leur soutien. Compte tenu de la situation chez nous, ça a été un grand tournoi pour notre pays”, a déclaré Norio Sasaki. Deux joueuses parmi les 21 ont même dû changer de club, étant dans l’impossibilité de s’entraîner avec leur ancienne équipe. Les Japonaises sont également très attachées à leur pays, 17 sur 21 évoluant d’ailleurs sur l’archipel. Utsugi joue en France, à Montpellier, et une autre aux Etats-Unis. Deux autres étaient en quelque sorte à domicile en Allemagne, dans une nation emblématique du football féminin restera comme le théâtre du premier sacre japonais. Peut-être pas le dernier.

Source Eurosport – Nicolas SBARRA