L’affaire DSK classée en quinze minutes
NEW YORK (Etats-Unis) — En quinze minutes, l’affaire a été pliée : après trois mois d’une incroyable saga judiciaire, un juge de Manhattan a ordonné mardi l’abandon de toutes les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn.
A 11h30, la tension est à son comble dans la petite salle, au 13e étage du tribunal du sud de Manhattan, où le juge doit statuer.
La salle est bondée, les journalistes très nombreux : certains sont arrivés avant 7h00, pour être sûrs de pouvoir entrer.
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn sont les premiers à arriver. Bref échange avec les procureurs.
Puis Kenneth Thompson fait son entrée le visage fermé: l’avocat de Nafissatou Diallo, la femme de chambre guinéenne qui accuse DSK de l’avoir contrainte à une fellation le 14 mai dans une suite du Sofitel, sait déjà qu’il a perdu.
Anne Sinclair, souriante, vêtue de sombre, précède ensuite son mari dans la salle d’audience. DSK regarde droit devant lui et s’assied rapidement le dos tourné à la salle.
De la rue, parviennent étouffés les cris d’une petite manifestation de féministes outrées par l’abandon des poursuites.
Les procureurs expliquent brièvement pourquoi ils demandent l’abandon des charges, reprenant les principaux points de leur argumentaire de 25 pages envoyé la veille au juge Michael Obus.
Mme Diallo, expliquent-ils, a tellement menti qu’il est impossible pour elle d’être un témoin crédible dans un procès. Et s’il y a bien eu une brève relation sexuelle entre la femme de chambre de 32 ans et celui qui était encore le patron du FMI, rien ne peut établir de façon indépendante qu’elle a été imposée à la femme de chambre venue faire le ménage dans la suite de DSK.
Anne Sinclair, assise au premier rang, écoute attentivement. Immobile.
Sur les bancs de droite, presque à son niveau, sont assis trois membres de l’Association “100 black men of America”, qui ont soutenu Nafissatou Diallo.
L’avocat de DSK Ben Brafman prend brièvement la parole. Il salue la “décision louable et courageuse” du procureur, et son “intégrité”.
Mais déjà l’audience touche à sa fin. Le juge explique, après avoir brièvement entendu les avocats de Dominique Strauss-Kahn, qu’il ne “voit pas pourquoi”, il refuserait de suivre la requête du procureur.
“L’affaire est classée”, annonce-t-il. Il y met une petite condition, attendre le résultat de l’appel interjeté par Kenneth Thompson, qui réclame la nomination d’un procureur spécial pour reprendre l’ensemble de l’affaire.
M. Thompson a fait appel mardi matin, après avoir perdu en première instance. La réponse ne se fera pas attendre. Le juge rejette en début d’après-midi l’appel de Thompson.
“C’est fini”, glisse Ben Brafman à l’oreille de DSK.
Anne Sinclair est rayonnante. Dominique Strauss-Kahn soulagé. Mais il n’arrive pas encore à sourire.
En sortant de la salle d’audience, il s’engouffre dans une voiture pour rentrer dans sa luxueuse résidence de TriBeca.
Il y fait sa première déclaration depuis qu’il a plaidé non coupable le 6 juin.
“C?est la fin d?une épreuve terrible et injuste. Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m?ont soutenu pendant cette période”.
“J’ai hâte de rentrer dans mon pays mais j?ai encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir et je m?exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France”, ajoute-t-il.
AFP