CARAIBES: Les coraux des Caraïbes ravagés par un pathogène humain
Pour la première fois, une étude met au jour un lien entre l’épidémie de variole blanche qui touche le corail corne d’élan dans les récifs des Caraïbes, et un pathogène humain. La maladie pourrait provenir des égouts de Floride, ou des bateaux de touristes qui sillonnent les récifs.
Depuis 2006, le corail corne d’élan, Acropora palmata de son nom latin, est protégée par la loi américaine sur les espèces menacées d’extinction. Cette espèce de corail est notamment affectée par la maladie de la variole blanche, dont l’origine précise n’avait jusqu’alors pas été déterminée. Mais une récente étude, publiée dans la revue en ligne PLoS ONE, a élucidé le mystère : cette maladie est d’origine humaine.
Des chercheurs américains ont en effet établi un lien entre l’épidémie et des excréments humains. “Quand nous avons identifié le pathogène Serratia marcescens comme la cause de la variole blanche nous pouvions seulement spéculer sur le fait que les excréments humains en étaient la source puisque cette bactérie se trouve aussi dans les excréments d’animaux”, souligne Kathryn Sutherland, professeur adjointe de biologie au Rollins College, en Floride. La bactérie Serratia marscencens est fréquemment présente dans les intestins des hommes, et engendre certaines infections nosocomiales pulmonaires, urinaires ou cutanées.
Les chercheurs ont alors analysé des échantillons issus de l’usine de traitement des eaux usées de Key West, en Floride, et les ont comparés à des excréments de plusieurs animaux présents dans la région, comme des cerfs et des goélands. Et le pathogène Serratia marcescens a bien été identifié dans ces excréments. Mais grâce à des analyses génétiques, Kathryn Sutherland et son équipe ont découvert que seule la souche provenant des excréments humains correspondait à celle qui a engendré l’épidémie de variole blanche.
Une preuve irréfutable de l’origine humaine
Afin de le prouver, les chercheurs ont inoculé le pathogène à des fragments de corail corne d’élan. “La souche de cette bactérie a provoqué la maladie dans cet échantillon du corail en cinq jours de telle sorte que nous avons désormais la preuve irréfutable que les humains sont une source du pathogène responsable de cette maladie dévastatrice pour les coraux“, explique Kathryn Sutherland.