Syrie: Ban Ki-moon hausse le ton, de plus en plus d’attaques contre l’armée
DAMAS (AFP) – Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a haussé le ton vis-à-vis du président syrien Bachar al-Assad, le sommant de “stopper (les) tueries” dans le pays, où les attaques se sont accrues contre l’armée régulière qui a perdu neuf de ses membres lundi.
“J’ai demandé instamment au président Assad de stopper ces tueries, qui sont inacceptables, avant qu’il ne soit trop tard”, a déclaré M. Ban à Berne ajoutant qu’il était “totalement inacceptable que 3.000 civils aient été tués en Syrie” depuis le début de la contestation populaire contre le régime, le 15 mars.
“La Syrie répond qu’il y a plus de morts dans les rangs des forces de sécurité que chez les civils, il n’empêche, ces tueries doivent cesser, et je lui demande avec insistance d’engager une action urgente en ce sens”, a-t-il martelé.
De son côté, la Ligue arabe a appelé dimanche, à l’issue d’une réunion ministérielle extraordinaire, à la tenue d’une “conférence de dialogue national” d’ici 15 jours au Caire entre le gouvernement syrien et l’opposition pour “réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien et le changement souhaité”, “mettre fin à la violence” et “éviter une intervention étrangère”.
Une commission ministérielle a été chargée des contacts avec Damas et vera remettre le plus rapidement possible à la Ligue un rapport détaillé sur la situation en Syrie et des propositions d’action, alors que le régime du président Assad réprime dans le sang les protestataires.
A Paris, le Quai d’Orsay s’est félicité de l’initiative de la Ligue arabe l’appelant à prendre “les décisions courageuses qui s’imposent pour accroître la pression sur les autorités syriennes en vue de mettre un terme à la répression sanglante et de favoriser la transition politique”. Il a d’autre part estimé “dénuées de la moindre crédibilité” les annonces samedi sur la formation d’un comité pour élaborer un projet de nouvelle Constitution “alors que le régime syrien continue quotidiennement à tuer, emprisonner et torturer”.
Sur le terrain, l’armée, qui mène les opérations de répression pour mater la révolte lancée le 15 mars contre le régime du président Bachar al-Assad, a perdu neuf de ses membres lundi.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), huit soldats et un officier ont été tués dans des affrontements et un attentat dans le centre et le nord-ouest de la Syrie “probablement par des déserteurs”.
“Des combats ont opposé aujourd’hui (lundi) l’armée et la sécurité à des hommes armés, qui pourraient être des déserteurs, au point de contrôle de Sawameah près de la ville de Qousseir, dans la région de Homs (centre), causant la mort de cinq soldats et des blessures à d’autres”, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne.
Dans la région d’Idleb (nord-ouest), “des éléments armés, vraisemblablement des déserteurs, ont fait exploser à distance une bombe au passage d’un véhicule de l’armée près de la localité de Ehsem, causant la mort d’un officier et de trois soldats alors que d’autres ont été blessés”, a indiqué le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane par téléphone à l’AFP.
“Des affrontements ont opposé l’armée à des hommes armés, probablement des déserteurs, faisant 17 blessés dans les rangs de l’armée dans la région d’Idleb”, avait auparavant rapporté l’OSDH.
D’autre part, dans la ville de Homs, deux civils ont été tués par des tirs de mitrailleuse lourde sur une maison du quartier de Bab Sbaa alors qu’un troisième civil est mort à Khalidiyé touché par les tirs des forces de sécurité qui perquisitionnaient dans le quartier”, a affirmé l’OSDH.
Dans la région de Hama (centre), les forces armées et de la Sécurité ont mené lundi une incursion dans le village de Kfarzita où ils ont perquisitionné et arrêté 9 personnes, a indiqué l’OSDH. Selon cette ONG, un civil originaire de Hama, arrêté il y a 17 jours, est mort lundi en prison.
Selon l’Observatoire, la répression a fait onze morts dimanche dont huit à Homs.
Plus de 3.000 civils ont été tués dans la répression de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad depuis la mi-mars en Syrie, selon l’ONU.
Les comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la mobilisation sur le terrain, ont affirmé par ailleurs que les forces de sécurité avaient “récemment intensifié leur campagne contre les médecins, les hôpitaux et les cliniques privées soupçonnés de soigner les personnes blessées dans les manifestations” sans en informer les services de sécurité.
Des circulaires édictées par les services de sécurité exigent la notification immédiate de l’arrivée d’un blessé par le médecin traitant, ce qui signifie son arrestation, indépendamment de la gravité de ses blessures, ont précisé les LCC.
Selon le Centre de documentation des violations des droits de l’Homme en Syrie, environ 250 médecins et pharmaciens ont été arrêtés depuis le début du mouvement de protestation le 15 mars, dont 25 au cours des dernières semaines.
AFP