Italie: une foule en liesse fête le départ de Berlusconi
ROME (AFP) – Cris de joie, concerts de klaxons mais aussi insultes ont accueilli samedi soir l’annonce de la démission de Silvio Berlusconi, qui a dû, humiliation suprême, quitter par une porte dérobée le palais présidentiel assiégé par une foule en liesse.
“Primavera, primavera” (Printemps, printemps), chantaient certains manifestants, en allusion aux printemps arabes qui ont abouti à la chute de plusieurs régimes dictatoriaux. Berlusconi, entré en politique en 1994, a dirigé la droite pendant 17 ans et présidé aux destinées de l’Italie durant dix ans.
“Mafieux!”, “Bâtard”, “Va te faire f…!”: les insultes ont plu sur le Cavaliere lors de son arrivée en voiture sous escorte au palais présidentiel du Quirinal, où il a remis sa démission au président Giorgio Napolitano.
“Nous sommes tous très contents, on n’en pouvait plus de ce personnage qui a toujours agi pour ses intérêts personnels. L’Italie se dirige vers un avenir meilleur”, s’est réjoui Tommaso Romito, un employé de 50 ans, le visage à moitié emmitouflé dans une écharpe blanche pour se protéger du froid.
Une fois la démission annoncée, les rues du centre de la capitale italienne, envahies par la foule, se sont retrouvées complètement embouteillées de voitures klaxonnant à tout va, mais l’atmosphère restait toutefois bon enfant.
Une ambiance qui selon un manifestant n’était pas sans rappeler les manifestations de joie ayant marqué la dernière victoire de l’équipe italienne des Azzurri à la Coupe du monde de football: danses dans les rues (la locomotive en tête), embrassades…
A Milan aussi, des opposants à Berlusconi réunis sur la place du Duomo, devant la cathédrale, ont applaudi la nouvelle et débouché des bouteilles de champagne en entonnant l’hymne italien. Tout comme à Rome, la foule était parsemée de drapeaux italiens, le fameux “tricolore” (vert-blanc-rouge).
Pour cette chronique d’une démission annoncée, les manifestants avaient commencé à se masser dès le milieu d’après-midi dans le centre de la capitale italienne autour des sièges du pouvoir pour suivre pas à pas les ultimes étapes du président du Conseil sortant.
Pendant son dernier conseil des ministres au Palais Chigi, siège du gouvernement, des manifestants massés sous les ojectifs des caméras ont lancé des slogans peu amènes: “Démission! Démission!”, “Rentre chez toi!”, “Bouffon! Bouffon!”.
“Aujourd’hui, nous sommes ici parce que nous sommes très très heureux que Berlusconi, finalement, rentre chez lui ! Qu’il retourne à la maison!”, déclarait une manifestante au milieu d’un concert de sifflets. “Ciao, et surtout, ne reviens pas!” lançait un autre.
Parmi les manifestants figurait aussi le leader du Peuple violet, mouvement d’opposition à Berlusconi né sur les réseaux sociaux, Gianfranco Mascia: “Finalement, c’est un peu comme notre bunga-bunga à nous !”, ironise-t-il, en allusion aux soirées torrides organisées dans les villas luxueuses de M. Berlusconi, qui lui ont valu un procès pour prostitution de mineure.
Piètre consolation, avant de se rendre au Quirinal, M. Berlusconi avait été accueilli par les maigres applaudissements de ses fans inconditionnels en arrivant à sa résidence privée, le Palais Grazioli.
Il “est unique, inoubliable. Il n’y a personne à la hauteur”, se lamentait Massimo della Seta, un ouvrier de 25 ans. “On se sent orphelins”, renchérissait Maria Teresa Borghelli, 54 ans.
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