D’origine martiquinaise, Frantz Fanon a été inhumé en terre algérienne en décembre 1961. Né en 1925 aux Antilles, il s’était engagé dans la lutte pour la liberté dès l’adolescence. « Pendant la deuxième guerre mondiale, les gouverneurs des Antilles sont pétainistes. Comme plus de 10 000 Antillais, Fanon va faire le voyage en canot jusqu’à Sainte-Lucie, l’île la plus proche sous domination britannique, pour faire dissidence et s’engager dans les forces libres du général De Gaulle. Il a alors 17 ans », raconte l’écrivain guadeloupéen Daniel Maximin. « Très tôt, Fanon se dit qu’il n’est pas sur terre pour être d’une race ou d’une couleur de peau. Il fait passer le message de ses aînés comme Aimé Césaire. Il est pétri de culture caraïbe, de littérature haïtienne et de culture française de résistance, comme le surréalisme.
Psychiatre moderne, homme de plume, il arrivera en Algérie en 1952, à l’hôpital de Blida. C’est en 1952 qu’il écrira “Peau noire, masques blancs” qui étudie et décortique le sentiment de supériorité des blancs et le complexe d’infériorités des noirs, fruits du colonialisme, d’un point de vue psychologique. Ce livre s’ouvre par une citation de Césaire “Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.”
Découvrant la misère des malades, il devient militant anticolonialiste et s’engage dans la lutte pour l’indépendance algérienne. Ce ” rassembleur “, qui avait ” une passion pour ce qui lie les hommes entre eux malgré leur différence “, marquera son temps d’une présence indélébile. Ces livres soulèvent des tollé, et l’homme dérange autant qu’il séduit. Emporté par une leucémie à 36 ans, il aura juste le temps de terminer ” Les Damnés de la terre “. Le livre, préfacé par Sartre, fut interdit en France dès sa sortie. Le texte, qui s’adresse aux colonisés, soulève polémiques, louanges, critiques.
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