Sarkozy/Hollande : comment sauver la zone euro ?
(Easybourse.com) Sans surprise, parmi les sujets abordés, mercredi soir, lors du débat présidentiel opposant le président candidat Nicolas Sarkozy, et le candidat François Hollande, a figuré la résolution de la crise de la zone euro. Les deux hommes ne partagent pas le même point de vue quant au diagnostic de la crise et aux solutions à apporter à sa résolution.
Trois heures de discussions sous haute tension. Des pics, des répliques, des intonations qui ont fait de ce débat présidentiel aux dires de nombreux observateurs politiques l’un des meilleurs débats présidentiels sous la Vème République. Plusieurs volets ont été abordés : les finances publiques, le pouvoir d’achat, l’emploi, l’immigration… et la zone euro. Le positionnement de François Hollande et de Nicolas Sarkozy se veut drastiquement différent sur deux points majeurs : la renégociation du Pacte budgétaire d’une part, et la création des euro-obligations d’autre part. Easybourse a souhaité reprendre les différents propos échangés en les classant par thématique.
1/ Diagnostic de la crise
François Hollande : « Cela fait près de trois ans que la crise de la zone euro perdure. Du retard a été pris dans sa résolution. Initialement seule la Grèce avait été impactée. Puis la crise s’est diffusée dans d’autre pays par effet de ricochet ».
Nicolas Sarkozy : « Résoudre la crise de la zone n’est pas chose facile. Il ne suffit pas de venir et de demander aux responsables des autres pays de se mettre d’accord. Il y a 27 pays en Europe. La crise d’une violence inouie est mondiale. Nous avons évité la disparition de la Grèce et l’implosion de l’euro ».
2/ Les répercussions de la crise sur la France
François Hollande : « Nous l’avons payé très cher. La France elle même a été dégradée par l’une des trois grandes agences de notation ».
Nicolas Sarkozy : « La France n’a jamais emprunté aussi peu cher qu’elle ne le fait en ce moment. Elle prête à moins de 3%. L’Espagne qui a connu 7 ans de gouvernement socialiste, pas de réforme des retraites, une embauche supplémentaire de fonctionnaires emprunte au double ».
3/ La résurgence de la crise
Nicolas Sarkozy : « Grâce aux efforts que nous avons déployés, l’Europe s’en est sortie ».
François Hollande : « L’Europe ne s’en est pas sortie. Elle est confrontée à une possible résurgence de la crise du fait de l’austérité généralisée ».
4/ Le principe de la renégociation du Pacte
François Hollande : «Un Pacte budgétaire a été signé fin d’année dernière, et confirmé au mois de mars. Ce Pacte instaure une discipline budgétaire et des sanctions en cas de manquement à cette discipline. Je comprends qu’il convienne d’instaurer des règles pour remettre de l’ordre dans les pays de la zone et notamment dans le notre. Il y a nécessité de se remettre dans les clous pour réduire le déficit.
Cependant, il n’y a eu aucune dimension de croissance. Seule l’austérité généralisée a été instaurée. S’il n’y a pas de croissance, il n’y a pas de recettes supplémentaires et pas de possibilité de combler le déficit.
C’est pourquoi, je veux au lendemain des élections présidentielles, si je suis élu, porter un plan de renégociation de ce Pacte et demander l’intégration de ce volet croissance indispensable pour réduire le chômage et maitriser la dette.
Je constate depuis j’ai formulé ces propositions, que le président de la BCE, le président du Conseil européen, le président de la Commission européenne, le chef de gouvernement espagnol de droite, le chef de gouvernement italien, le chef de gouvernement néerlandais vont dans mon sens. Même du coté allemand, je sens les lignes bouger. Il y a un nouvel état d’esprit ».
Nicolas Sarkozy : « La croissance ne peut pas être échangée contre laréduction du déficit, de la dette, et donc des dépenses. C’est ainsi que l’on retrouve la maitrise de son destin. Si l’on veut être indépendant des marchés financiers et des banques, il vaut mieux ne pas avoir une somme colossale à rembourser.
La France a indiqué en 2011 que nous aurions un déficit de 5,7%. Nous sommes à 5,2%. L’Espagne a indiqué de son côté qu’elle terminerait l’année à 6%. Elle est à 8%. La sanction a été immédiate. Les marchés financiers et les banques considèrent qu’il est dangereux de prêter à l’Espagne et qu’il est possible de prêter à la France».
5/ Banque européenne d’investissement et fonds structurels
François Hollande : « J’ai proposé un programme en quatre points pour la relance de la croissance. Un de ces points consiste à augmenter le capital de la Banque européenne d’investissement pour financer l’innovation, la recherche, et d’autres projets poursuivis par les collectivités locales. Je veux aussi mobiliser les fonds structurels qui sont aujourd’hui inutilisés ».
Nicolas Sarkozy : « L’augmentation du capital de la BEI est déjà prévue dans le Traité. De même pour la mobilisation des fonds structurels ».
6/ Les euro obligations
François Hollande : « Je propose la création des euro obligations au niveau de l’Union européenne pour financer des projets utiles d’infrastructures, d’économie d’énergie, des projets industriels ».
Nicolas Sarkozy : « Vous trouvez que nous n’avons pas assez de dette en France pour faire monter la dette en Europe ? Qui garantira la dette des autres si ce n’est les deux pays les plus forts de l’Europe, la France et l’Allemagne. Il serait irresponsable de créer les euro obligations aujourd’hui ».
François Hollande : « Il ne s’agit pas de mutualiser la dette des autres mais de lever un grand emprunt servant à des travaux d’envergure ».
7/ La taxe sur les transactions financière
François Hollande : « Je veux créer une taxe sur les transactions financières au niveau européen d’un certain niveau pour avoir une ressource supplémentaire ».
Nicolas Sarkozy : « M Hollande invente le fil à couper le beurre. La taxe sur les transactions financières a été votée. Elle rapportera un milliard d’euros. Une fois que la majorité sera obtenue en Europe pour créer cette taxe, nous la ferons ».
François Hollande : « Vous n’avez fait que rétablir l’impôt de bourse supprimé au lendemain de votre élection ».
8/ Suspension de certaines négociations en cas de non satisfaction
François Hollande : « Vous êtes pour des compromis dans certaines circonstances et pour la politique de la chaise vide pour d’autres. Cela ne tient pas ».
Nicolas Sarkozy : « Lorsque le général De Gaulle a pratiqué la politique de la chaise vide pour la PAC, il a obtenu satisfaction ».
9/ La relation vis-à-vis de l’Allemagne
François Hollande : « La France a cédé face à Madame Merkel ».
Nicolas Sarkozy : « La France a su obtenir des choses contre la volonté de l’Allemagne, comme le gouvernement économique, le prêt par la BCE en violation de la lettre des traités. Dire que la France n’a rien obtenu de l’Allemagne est faux ».
10 / Le rôle de la BCE
François Hollande : « Nous sommes dans une situation invraisemblable dans laquelle la Banque centrale européenne prête sans limite aux banques à un taux préférentiel de 1%. Ces dernières peuvent alors, seules, décider de la manière dont sera employé cet argent et déterminer si oui ou non elles viendront en aide aux Etats membres en difficulté. Et lorsqu’elles décident de prêter à un pays comme l’Espagne, elles le font à un taux élevé, de 6%. Je refuse ».
Nicolas Sarkozy : « La BCE a plutôt bien travaillé avec les traités actuels, négociés par les socialistes».
Imen Hazgui – http://www.easybourse.com