Le président élu François Hollande a déclaré vendredi avoir « anticipé » une « dégradation » des finances publiques et son entourage a confirmé l’objectif de réduction du déficit public de la France à 3% du PIB en 2013 malgré un dérapage prévu par la Commission européenne.
« J’ai demandé une évaluation par la Cour des comptes de la réalité budgétaire de notre pays, je savais depuis déjà plusieurs semaines qu’il y avait une dégradation plus grande que le gouvernement sortant ne le disait de nos comptes publics », a affirmé à Tulle (Corrèze) le nouveau chef de l’Etat, qui prendra ses fonctions mardi. « Nous avions déjà anticipé », a-t-il ajouté.
La Commission européenne a annoncé vendredi prévoir une croissance de 0,5% pour cette année en France, comme François Hollande dans son projet, mais de seulement 1,3% l’an prochain, en-deçà des 1,7% escomptés par le nouveau président.
Bruxelles s’attend, « à politique économique constante », c’est-à-dire sans tenir compte des décisions du futur gouvernement, à un déficit public de 4,2% du produit intérieur brut (PIB) pour 2013 en France, alors que François Hollande s’est engagé à le ramener de 4,5% cette année à 3% l’an prochain.
« Ca méritera d’être regardé, analysé, et j’attends le rapport de la Cour des comptes pour prendre les décisions qui s’imposent », a expliqué le président élu.
Interrogé par l’AFP, le responsable du projet présidentiel de l’ex-candidat socialiste, Michel Sapin, a confirmé l’objectif de réduction du déficit à 3% du PIB l’an prochain, assurant que le futur gouvernement prendrait « les mesures qu’il faut ».
Selon lui, les prévisions de Bruxelles « sont le reflet de la politique menée jusqu’à présent par le président Nicolas Sarkozy et son gouvernement ».
« Si la politique menée jusqu’ici avait continué, elle aurait abouti à une croissance plus faible que prévu par l’équipe sortante, à une augmentation des dépenses plus élevées qu’affiché par elle et à des recettes moins importantes », a-t-il estimé.
« L’héritage est lourd, c’est ce que nous dit la Commission européenne », a ajouté Michel Sapin, dont le nom circule pour le portefeuille de l’Economie et des Finances, évoquant « la lourde responsabilité des politiques économiques, fiscales et budgétaires des équipes précédentes ».
« Ceci valide le projet de François Hollande, qui consiste à changer de politique pour maîtriser les dépenses, augmenter les recettes de manière juste et efficace et, surtout, changer de politique économique au niveau national et européen pour stimuler la croissance », a insisté ce proche du président élu.
Il a assuré qu’une croissance de 1,7% en 2013 pouvait « être atteinte dès lors que les politiques adaptées seront adoptées ». « L’ensemble des perspectives que François Hollande avait décrites durant sa campagne restent aujourd’hui valables », a-t-il ajouté.
Le président élu table sur une croissance qui accélèrerait à 2% en 2014, puis 2% à 2,5% par an jusqu’à la fin du quinquennat en 2017. L’objectif est de revenir à l’équilibre budgétaire en 2017.
Dès 2013, il a prévu d’augmenter les impôts, notamment sur les ménages aisés et les grandes entreprises, et de contenir la progression des dépenses publiques à 1% en volume. Si son programme fiscal est connu, il n’a pas détaillé les mesures précises pour maîtriser la dépense.
Le futur gouvernement devrait détailler ses intentions dans un « programme de stabilité » actualisé adressé à Bruxelles puis présenter, dès l’été, une loi de programmation des finances publiques.
AFP