Le président élu François Hollande fait cette semaine ses premiers pas dans “la cour des grands”, en enchaînant deux rencontres bilatérales avec ses homologues allemande Angela Merkel et américain Barack Obama et deux sommets du G8 et de l’Otan.
Novice en diplomatie, jamais ministre, François Hollande sera “l’homme” de toutes ces rencontres car il s’agit du “seul nouveau chef d’Etat” qui participera à ces cénacles et “ses déclarations seront observées à la loupe”, note un diplomate ayant requis l’anonymat.
Méconnu à l’étranger, le socialiste sera confronté au triple défi de convaincre de la justesse de ses positions, de son aptitude revendiquée aux compromis, et de nouer des relations personnelles avec les plus hauts dirigeants de la planète.
Flanqué d’un conseiller fin connaisseur de la Chine, mais dépourvu de toute expérience d’ambassadeur, Paul Jean-Ortiz, le président français débutera sa semaine internationale par une rencontre mardi à Berlin avec la chancelière allemande, dans la foulée de son investiture.
Croissance en Europe et gestion de la crise grecque domineront leurs entretiens après un affichage de positions assez antagonistes.
“La nécessité du couple franco-allemand s’imposera aux deux dirigeants et à toute l’Europe”, tempère-t-on à Paris. “L’entente franco-allemande est plus indispensable que jamais. Et plus on est nombreux (dans l’Union européenne), plus le moteur franco-allemand doit être puissant pour entraîner toute la machine”, estime cette source, se disant confiante pour l’avenir.
Vendredi, le Français est attendu à la Maison Blanche par le président américain. Cette invitation revêt un “certain symbolisme”, souligne-t-on à Washington, alors que Barack Obama aurait pu ne voir son homologue français qu’au dîner des dirigeants du G8 prévu le soir-même à sa résidence de Camp David, dans les environs de la capitale américaine.
La rencontre bilatérale devrait durer au moins une heure, selon une source américaine. Les deux hommes ont des points communs, dont une même volonté de voir l’Europe reprendre le chemin de la croissance économique.
Mais ils ont un contentieux urgent à régler, l’Afghanistan. François Hollande veut retirer les troupes combattantes françaises avant fin 2012 alors que Washington, maître-d’oeuvre d’une opération dans laquelle la France n’est qu’un maillon, a planifié un retrait d’ici à fin 2014.
Le conflit afghan est un enjeu crucial pour Barack Obama qui a sorti les Etats-Unis d’Irak et joue cette année sa réélection. “Les deux hommes sont condamnés à trouver le moyen de gérer une situation qui n’est pas facile, mais nul doute qu’ils y arriveront”, juge un spécialiste du dossier.
A Camp David, le sommet de huit des plus grandes puissances (dix participants au total avec les Européens Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso) doit débuter par un dîner consacré à la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et la Birmanie.
Dans le cadre bucolique de chalets dispersés dans les bois, voire au coin d’un feu de cheminée, François Hollande va y découvrir ses principaux partenaires d’un club très sélect.
L’occasion, selon un expert du sujet, d’affiner l’unité sur l’Iran et la Syrie entre Washington, Paris, Londres, Rome, Berlin, Tokyo et Ottawa.
Et de mettre en garde Moscou, représenté par Dmitri Medvedev après la défection de Vladimir Poutine pour cause de désaccord sur le bouclier antimissile, face à la menace d’une guerre civile en Syrie que n’enrayerait pas un G8 divisé.
Le samedi, autres rencontres inédites pour François Hollande, avec des dirigeants africains conviés à parler de sécurité alimentaire avec les grandes puissances, avant deux nouveaux jours de sommet, cette fois à Chicago et avec ses homologues des pays membres de l’Alliance atlantique.
AFP – Philippe RATER