KABOUL (Reuters) – François Hollande a réaffirmé vendredi lors d’une brève visite surprise en Afghanistan sa volonté de retirer cette année les troupes combattantes françaises stationnées dans le pays.
Le retrait des quelque 3.400 soldats français encore en Afghanistan “sera ordonné et coordonné (…) en bonne intelligence avec nos alliés”, a déclaré le nouveau président français sur la base de Nijrab, dans la vallée de la Kapisa, où il s’est adressé à des soldats français.
Ce retrait commencera par celui des troupes combattantes, qui sera achevé avant la fin de l’année et concernera 2.000 personnes, a précisé ensuite le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse commune avec son homologue afghan, Hamid Karzaï, à Kaboul.
“Fin 2012, il n’y aura plus de troupes combattantes”, a-t-il dit. “Nous rapatrierons 2.000 personnes.”
Des militaires français resteront sur place pendant quelques mois en 2013 pour gérer le rapatriement du matériel, a ajouté François Hollande, qui avait déjà rencontré Hamid Karzaï au sommet de l’Otan de Chicago le week-end dernier.
La France restera ensuite en Afghanistan pour développer une coopération économique et culturelle et aider les Afghans, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et du logement, a dit François Hollande.
“Nous voulons que la France reste en Afghanistan mais différemment du passé”, a-t-il dit.
Sur la base de Nijrab, François Hollande a insisté sur le fait que la présence militaire française avait été utile.
“Le temps de la souveraineté afghane est venu”, a-t-il dit. La menace terroriste qui visait notre territoire, sans avoir totalement disparu, a été en partie jugulée”.
“Merci de ce que vous avez accompli pour la France, de ce que vous faites pour l’Afghanistan”, a dit le président aux soldats français, engagés au sein de la force internationale de l’Otan.
HOMMAGE AUX SOLDATS TUÉS
Pour son premier déplacement en Afghanistan depuis son élection le 6 mai, François Hollande était accompagné du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et du chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud.
Cette visite avait été préparée lors d’un Conseil de défense restreint qui s’est tenu mercredi à l’Elysée.
Arrivé à Kaboul en début de matinée, le chef de l’Etat s’est d’abord rendu en hélicoptère à Nijrab. Devant les militaires de la base, il a rendu hommage aux 83 soldats français tombés en Afghanistan, où la France est présente depuis 2001.
François Hollande a officialisé le retrait français lors du sommet de l’Otan de Chicago auprès des alliés de la France, qui vont également quitter l’Afghanistan mais dont le retrait sera étalé jusqu’en 2014.
La France restera présente au-delà de 2012, non seulement pour aider au rapatriement du matériel mais aussi dans le cadre de missions de formation de l’armée afghane, tel que prévu dans le traité d’amitié et de coopération signé en janvier avec les autorités afghanes. Ce texte devrait être ratifié à l’automne par l’Assemblée nationale française.
La droite française a critiqué le retrait anticipé des troupes françaises, jugeant “intenable” le calendrier prévu par l’Elysée.
François Hollande “s’est avancé sur un calendrier qui n’était pas tenable et il s’en rend compte aujourd’hui”, a déclaré sur Canal+ l’ancienne ministre Rama Yade, faisant écho à d’autres responsables comme l’ancien ministre de la Défense Gérard Longuet.
Ce voyage en Afghanistan poursuit une séquence internationale riche pour le nouveau président de la République qui s’est rendu à Berlin dès le jour de son intronisation, le 15 mai, puis quatre jours aux Etats-Unis pour des sommets du G8 et de l’Otan, et enfin à Bruxelles mercredi pour un Conseil européen informel.
Rob Taylor avec pool à Kaboul et Elizabeth Pineau à Paris, édité par Patrick Vignal – Reuters